Le phare de Cordouan est un édifice maritime de la fin du XVIe siècle, commandé par le maréchal de Matignon, à l’architecte Louis de Foix. Surnommé le « Versailles de la Mer », le « Roi des Phares » ou encore le « Phare des Rois », il est le premier phare classé au titre des monuments historiques par la liste de 1862, et le plus ancien phare de France encore en activité.

Situé à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, il remplace la tour du Prince Noir, construite deux siècles plus tôt et qui, dégradée par le temps, avait cessé de remplir sa fonction première : guider les navires la nuit.

Ainsi, après d’innombrables accidents, Jacques II Goyon, maréchal de Matignon et gouverneur de Guyenne, décide de passer commande du phare de Cordouan à l’ingénieur et architecte Louis de Foix, le 2 mars 1584.

Il faudra attendre 27 ans après la signature du contrat, pour que le phare soit enfin terminé et opérationnel. Louis de Foix ne verra d’ailleurs jamais son œuvre complète, puisqu’il meurt en 1602, neuf ans avant la fin des travaux, alors qu’il y avait consacré toute sa fortune et dix-huit ans de sa vie.

Une légende du XVIIIe siècle affirme qu’il aurait été inhumé dans un endroit secret du phare.

Qualifié d’œuvre royale, le phare de Cordouan est une œuvre d’art aussi pratique qu’esthétique. A sa mise en service en 1611, le piédestal du feu du phare est en bronze, et le dôme ornementé du phare est paré de huit vitraux.

Le premier étage, dit « appartement du Roi », est aménagé par Colbert en 1664 et comprend une cheminée fonctionnelle pavée de marbre noir de Belgique et de marbre gris de Sainte-Anne, ornée sur les pilastres de monogrammes du Roi Soleil et de son épouse la reine Marie-Thérèse d’Autriche.
Le deuxième étage abrite la chapelle, richement décorée et pavée de marbre comme l’appartement du Roi, elle fait du phare de Cordouan le seul au monde à disposer d’une chapelle consacrée.

En 1719, toute la partie haute du phare est démolie et reconstruite sur la base de nouveaux plans imaginés par le chevalier de Bitry, alors en charge des fortifications de Bordeaux. 

Puis à la fin du XVIIIe siècle, l'ingénieur Joseph Teulère décide de rehausser le phare de 30 mètres, sa hauteur étant devenue insuffisante pour guider les navires. Le phare, alors en très mauvais état, perd toute sa partie haute, ne conservant de son design original, que son rez-de-chaussée et ses deux premiers étages. Le reste de la tour est élevé au style Louis XVI, beaucoup plus sobre. Après ces rénovations, le phare est doté du premier feu tournant à réverbères paraboliques, mis au point par Teulère et qui termine de donner au bâtiment l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.

Enfin, le phare a été électrifié trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis automatisé en 2006.

Entré en 2021 au patrimoine mondial de l’UNESCO, le phare de Cordouan est aujourd’hui un édifice témoin de presque cinq siècles d’Histoire, gravés dans l’ensemble du phare et qui reflètent admirablement les époques par lesquelles il est passé, et toutes les personnes qui ont travaillé à sa construction et à ses rénovations.