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Tour du Prince Noir - Comme l’œil de Sauron dans l’œuvre de Tolkien, le phare s’est écroulé

Erigée pendant la seconde moitié du XIVe siècle, la Tour du Prince Noir était un phare qui, à l’image de l’œil de Sauron en haut de Barad-dûr ("Tour Sombre" en sindarin), éclairait la nuit d’un feu continu.

Le phare, de forme octogonale et atteignant 16 mètres au-dessus du plateau de Cordouan, fut édifié par le Prince Noir, Édouard de Woodstock, fils du roi Edouard III d’Angleterre et de la reine Philippa de Hainaut, en pleine Guerre de Cent Ans. Il a précédé le Phare de Coudouan que l'on connaît actuellement

La Tour du Prince Noir peu avant sa destruction, représentée dans le fond d'un tableau de Claude Chastillon dépeignant le Phare de Cordouan, en 1611

La Tour du Prince Noir peu avant sa destruction, représentée dans le fond d'un tableau de Claude Chastillon dépeignant le Phare de Cordouan, en 1611

Si les actes du Prince Noir ne furent pas aussi meurtriers que ceux de Sauron, dans l’univers de l’écrivain britannique J.R.R. Tolkien. On reconnut tout de même au prince un certain penchant pour la violence, notamment après la bataille de Crécy où il faillit perdre la vie contre un chevalier français, et décida de se venger en ordonnant l’exécution de tous les soldats français blessés et incapables de payer rançon.

N’ayant pas respecté l’esprit de chevalerie, et grandement déçu son père le roi, il aurait dès lors, décidé de porter une armure noire, responsable de son surnom.

Mais si la vie du Prince Noir le placerait aisément comme un antagoniste dans l’univers de Tolkien, notamment pour ses chevauchées agrémentées de pillages chez ses voisins mais également dans ses propres terres. Il reste tout de même loin derrière l’abominable Sauron, dont l’œil terrifiant surveille sans cesse le Mordor, à l’image du feu d’un phare.

Edouard de Woodstock, dit le Prince Noir.

Edouard de Woodstock, dit le Prince Noir.

La Tour du Prince Noir fut construite pendant la deuxième moitié du XIVe siècle, dans l’Estuaire de la Gironde en Guyenne, dans l’actuelle Nouvelle-Aquitaine. Le territoire, alors occupé par les Anglais, est en proie à de nombreux conflits entre le Royaume de France et celui d’Angleterre, puisque les Capétiens et les Valois (Rois de France), s’opposent aux Plantagenêt (Rois d’Angleterre), dans la Guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453.

Après la fin du conflit, lorsque la Guyenne est définitivement laissée au Royaume de France, le phare passe en territoire français. Mais sa gestion ne change pas vraiment. Il est occupé par des ermites, chargés de maintenir le feu, et résidant dans les dépendances de la chapelle attenante au phare, dédiée à Notre-Dame de Cordouan.

Le feu est maintenu pendant tout le XVe siècle. Mais l’état dégradé de la Tour dès le milieu du XVIe siècle pousse les ermites à arrêter d’entretenir le feu, car ils se refusent à y monter. Les nombreux naufrages qui s’en suivent, poussent Jacques II Goyon, maréchal de Matignon et gouverneur de Guyenne, à en faire part au roi Henri III de France

Le 2 mars 1584, le Phare de Cordouan, qualifié d’œuvre royale, est commandé à l’ingénieur-architecte Louis de Foix afin de remplacer la Tour du Prince Noir. Et à la fin des travaux, vingt-sept ans plus tard, les restes de la Tour sont emportés par la mer, après que dispositifs édifiés pour protéger chantier et ouvriers aient été retirés.

Ce n’est donc pas la destruction de l’Anneau de Pouvoir, qui est responsable de l’effondrement de la Tour du Prince Noir, mais bel et bien le temps. Et si Barad-dûr est emporté par les flammes de la Montagne du Destin, le terrible Volcan du Mordor, dans l’œuvre de Tolkien, c’est bien la mer, qui emporta ce qui restait de la Tour du Prince Noir dans l’estuaire de Gironde, en 1611, en réalité.

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