25 Juin 2024
On a beau être sûr de sa ligne de mouillage, quand il s'agit de passer la nuit sur un navire habitable pesant plusieurs tonnes, voire plusieurs dizaines de tonnes, la tenue du mouillage est un sujet sérieux.
On est parfois seul au mouillage, avec une vaste étendue d'eau et suffisemment de fond sableux, dans toutes les directions, une situation qui permet de mouiller très long. Dans ces conditions, et par beau temps et météo établie, c'est la chaîne qui va travailler et non pas l'ancre et sa tenue proprement dite ne joue pas grand rôle.
En revanche, quand souffle le vent, le bateau va faire tete sur son ancre, il va tirer sur sa chaîne au point de la tendre parfois et c'est alors que l'ancre entre réellement en jeu.
Mais même quand on mouille sur du sable, on n'est pas à l'abri d'un caillou isolé ou d'un herbier. L'eau est parfois claire et permet de les distinguer de l'avant mais il arrive aussi qu'elle soit turbide et on ne voit plus sur quoi on a mouillé ni, à fortiori, si le mouillage a tenu.
Sur des cailloux, l'ancre va au mieux riper et au pire se coincer. Cette situation n'est pas à prendre à la légère, car elle peut signifier, sur les gros navires de plaisance, un abandon, pur et simple, de la ligne de mouillage en pleine phase d'appareillage. Allez donc hisser à la main, depuis l'annexe, une ancre de 50 kg sur de la chaîne de 12 mm, impossible !
Mais même sur un fond sableux de bonne tenue, l'ancre peut ne pas s'être enfouie. Si le mouillage a eu lieu accidentellement en tas et si lors du dégagement du dernier bras de chaîne le bateau a tiré dans un mauvais axe, l'ancre peut ne pas s'être enfouie, même sur un sol de bonne tenue.
Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres, psychologiques, celles-ci, il est bon d'aller vérifier visuellement l'état de son ancre au fond. Plonger sur son ancre, c'est la garantie, pour le skipper, de bien dormir !
Comment, même si le mouillage a été parfaitement exécuté comme ici, se fier à son mouillage sans avoir vu son acre enfouie ? Pour ma part, je n'y parviens pas. Je plonge, ou je sollicite l'aide d'un plongeur dans l'équipage, pour m'assurer de plusieurs choses.
Je plongeais toujours, sauf une fois, et depuis cette fois, je plonge vraiment toujours.
Par une après-midi venteuse en baie -sale- de Fort-de-France, la perspective d'un bain revigorant, mais pollué ne me paraissait pas évidente pour un court mouillage de jour. Après avoir mouillé long, je suis parti.
De retour, mes rares cheveux se sont dressés sur mon crâne en retrouvant le bateau, qui avait parcouru 400 mètres et se trouvait de l'autre côté de la baie à deux mètres d'une estacade...
Quand on plonge sur son ancre, on va voir si, oui, on non, l'ancre est enfouie sans le sol.
D'autre part, pour s'assurer que la chaîne est libre d'obstacles (chaîne mère, mouillages abandonnés, rochers, épaves), autant de mauvaises rencontres à éviter et qui vaudront, dans ce cas, au bateau de partir mouiller ailleurs pour éviter les problèmes à l'appareillage.
C'est également l'occasion de vérifier la longueur de chaîne réellement mise en œuvre. Réellement, car sur bien des bateaux, la chaîne n'est pas marquée pas plus qu'il n'y a de compteur de chaîne. Avec un équipier peu expérimenté à l'avant à qui on dit "mouille 20 mètres", on est sur de ne pas tomber juste. Allez estimer une longueur de chaîne tout en la mettant à l'eau quand vous n'êtes pas habitué !
Enfin, en remontant, c'est l'occasion de constater le bon montage de la main de fer et le jeu nécessaire dans la chaîne. Les efforts du mouillage doivent se reporter sur la main de fer, jamais sur le guindeau.