François-Médard Racine, né le 9 juin 1774 à Notre-Dame-d'Allonne, est une figure emblématique de la marine française du début du XIXᵉ siècle. Corsaire audacieux et entrepreneur visionnaire, il est notamment reconnu pour avoir fondé le port qui porte désormais son nom, Port Racine, considéré comme l'un des plus petits ports de France.

La jeunesse de François-Médard Racine et ses débuts en mer

Issu d'une famille modeste, François-Médard Racine est le cinquième enfant de Jeanne Françoise Racine, veuve de Louis Lecroisey. Dès l'âge de 15 ans, il s'engage en tant que mousse sur le sloop La Vaillante-Hirondelle, appareillant de Cherbourg en 1789. Cette première expérience le conduit à travers diverses escales, notamment Camaret, Marennes et Dunkerque, avant un retour à Cherbourg. En mai 1790, il embarque sur La Souveraine-Volante à destination de la Martinique, ne regagnant la France qu'en juin 1791. Son parcours le mène ensuite à Saint-Domingue en 1792, où il sert comme matelot sur le vaisseau L'Éole pendant 15 mois.

Ascension professionnelle et engagements militaires de François-Médard Racine

De retour en France en 1804, Racine occupe le poste de maître de timonerie sur le vaisseau Le Brave. Il s'établit à Camaret-sur-Mer, en Bretagne, où il épouse Marie-Louise Philippe. En octobre de la même année, il prend le commandement de la péniche n° 367, reliant Brest à Boulogne, mission qu'il assure pendant deux ans. En mai 1807, il retourne à Brest en tant que chef de timonerie.

La période suivante est marquée par des engagements sur des navires de commerce, notamment La Peggy et La Nouvelle-Union. Cependant, en janvier 1810, il est capturé par les Anglais. Après une évasion audacieuse en décembre 1810, il rejoint Fécamp, puis Brest, où il embarque en mars 1811 sur le brick L'Achille. Malheureusement, il est de nouveau fait prisonnier et conduit à Guernesey, d'où il s'évade une seconde fois à bord d'un canot.

La carrière de corsaire de François-Médard Racine, et la création de Port Racine

En mai 1812, François-Médard Racine se voit confier le commandement de L'Anarcharsis, puis en février 1813, celui du lougre L'Embuscade (34 pieds, soit 11m de long, pour 7 tonneaux de jauge), avec pour mission de mener des actions de course contre les navires ennemis. Cherchant un abri stratégique pour ses opérations, il jette son dévolu sur l'anse Saint-Martin, située à Saint-Germain-des-Vaux, dans la Hague. Il y fait construire une jetée en pierres sèches pour protéger son navire, jetée qui deviendra plus tard Port Racine. Il s'installe dans une cabane à proximité, à l'emplacement approximatif de l'actuel hôtel L'Erguillère.

Ce port, avec une superficie d'environ 800 m² et une ouverture entre les deux jetées de 11 mètres, est réputé pour être l'un des plus petits de France. Il accueille aujourd'hui une vingtaine d'embarcations, principalement des barques de pêcheurs plaisanciers et de vacanciers. Les canots, aux multiples couleurs, sont amarrés à des cordages courant d'une jetée à l'autre, offrant un spectacle pittoresque aux visiteurs.

Quel héritage nous laisse François-Médard Racine ? 

Après le désarmement de L'Embuscade en août 1813 à Cherbourg, Racine poursuit sa carrière en acquérant successivement L'Aimable Annette et La Bonne Annette. Il commande également plusieurs navires, dont L'Hirondelle en 1816, Le Voyageur, L'Actif et Les Trois Amis, opérant principalement dans le cabotage. Malheureusement, en juin 1817, il trouve la mort lors du naufrage de La Petite Catherine, en route pour Guernesey.

François-Médard Racine est entré dans l'histoire non seulement pour ses exploits en tant que corsaire, mais aussi pour sa contribution durable au patrimoine maritime de la Normandie. La création de Port Racine témoigne de son ingéniosité et de son attachement à la région. Aujourd'hui, ce port pittoresque est une attraction prisée, symbolisant le riche héritage maritime du Cotentin et rappelant la vie aventureuse de celui qui lui a donné son nom.