1 Avril 2025
Trois sites sont en cours d’aménagement : Bercy, Grenelle et le très stratégique Bras Marie, un bras secondaire de la Seine aux abords de l’île Saint-Louis. Ce dernier cristallise les tensions. Pourquoi ? Parce que sa fermeture à la navigation – pour éviter que baigneurs et hélices ne cohabitent de trop près – forcerait les bateaux de croisière à se rabattre sur le bras principal. Ce bras, déjà saturé, fonctionne en circulation alternée. Résultat anticipé : embouteillages fluviaux, retards à répétition et pertes sèches pour les opérateurs.
Didier Leandri, président d’Entreprises Fluviales de France, voit déjà la saison estivale virer au casse-tête logistique. Il estime que cette réorganisation forcée des flux entraînerait des ralentissements majeurs, et donc un manque à gagner pour les entreprises de fret comme pour les croisiéristes, qui assurent une activité touristique intense en juillet et août. Même son de cloche du côté d’Olivier Jamey, à la tête de la Communauté portuaire de Paris, qui évoque sans détour le spectre de « pertes financières massives ».
Et pour cause : près de 9 millions de passagers sont transportés chaque année sur la Seine, et la majorité pendant la saison estivale. Toute restriction de navigation est donc perçue comme un sabordage en règle par ceux qui vivent du fleuve. Cerise sur le bateau, ces nouvelles zones de baignade s’invitent sur des espaces aujourd’hui exploités par les professionnels du secteur, sans que des solutions alternatives aient encore été trouvées.
La mairie, elle, tente maladroitement de calmer le jeu.
Des concertations (!) sont en cours pour fixer les horaires d’ouverture des sites. Les opérateurs demandaient une coupure des baignades à midi, la Ville propose 18h. Un compromis, ou un dernier coup de rame pour sauver ce qui peut l’être ? Pendant que les nageurs affûtent leurs crawl, à la recherche de tant convoités Staphylocoques Dorés, les professionnels du fluvial redoutent un été où le plongeon sera surtout économique.