8 Mai 2025
Depuis le 1er avril 2025, seuls les bateaux électriques, à hydrogène ou propulsés manuellement seront autorisés à circuler dans les canaux du centre historique d’Amsterdam. La décision, annoncée par les autorités municipales, s’inscrit dans une politique de long terme visant à faire de la ville un modèle de mobilité durable.
Cette interdiction s’applique à l’ensemble des embarcations de plaisance motorisées, qu’elles soient privées ou commerciales. Les moteurs thermiques à essence ou diesel ne seront plus tolérés dans la zone concernée. L’objectif affiché est double : améliorer la qualité de l’air pour les habitants et réduire les nuisances sonores dans les quartiers traversés par les voies d’eau.
La zone à émissions nulles couvre les canaux à l’intérieur du Singelgracht, englobant une grande partie du centre historique. Elle marque une étape supplémentaire dans la transition écologique de la ville, qui a déjà imposé depuis janvier 2025 des règles similaires aux bateaux de transport de marchandises. Les compagnies touristiques, comme celles opérant les bateaux-mouches, doivent également se conformer à cette exigence d’ici la fin 2026, sauf dérogation temporaire.
Les bateaux hybrides sont encore admis, à condition de pouvoir fonctionner en mode entièrement électrique lors de leur passage dans les zones réglementées. Quant aux bateaux habitables, ils ne sont pas concernés par cette réglementation dans l’immédiat, tout comme certains navires historiques inscrits au registre national, autorisés à circuler jusqu’en 2030 sous certaines conditions.
La municipalité a prévu une période de transition pour les détenteurs de permis de mouillage ou de transit. Les bateaux disposant d’un permis de mouillage valide pourront continuer à naviguer jusqu’au 1er janvier 2030, moyennant le paiement de redevances spécifiques. Pour les titulaires d’un permis de passage temporaire, la date butoir est fixée à janvier 2028.
Pour accompagner cette évolution, Amsterdam prévoit de développer de manière significative son infrastructure de recharge pour bateaux électriques. À l’heure actuelle, la ville compte une vingtaine de points de recharge, mais elle ambitionne d’en déployer 2 500 d’ici 2030. Une première phase de 300 bornes supplémentaires est annoncée pour les deux prochaines années.
Cette transformation ne concerne pas uniquement les bateaux de loisir.
Depuis 2020, une majorité des bateaux commerciaux circulant sur les canaux ont déjà adopté une motorisation électrique. Aujourd’hui, environ 500 des 600 navires utilisés à des fins commerciales naviguent sans émissions, ce qui place la ville à l’avant-garde de la décarbonation du transport fluvial urbain.
En toile de fond, la santé publique constitue l’un des moteurs de cette décision. Les autorités soulignent que la pollution de l’air réduit significativement l’espérance de vie des habitants et que l’exposition quotidienne équivaut, pour certains quartiers, à fumer plusieurs cigarettes par jour. Le remplacement des moteurs thermiques par des systèmes propres vise donc également à limiter les risques sanitaires.
Si cette politique bénéficie d’un large soutien auprès des élus locaux et des associations environnementales, elle suscite aussi des inquiétudes parmi certains propriétaires de bateaux, notamment en ce qui concerne le coût de la conversion et la disponibilité des équipements nécessaires. La ville affirme vouloir accompagner cette transition par des mesures d’incitation, des aides à l’équipement et une extension progressive des dispositifs.
Au-delà de son impact immédiat, cette mesure pourrait servir d’exemple pour d’autres villes européennes dotées de réseaux fluviaux ou de canaux urbains. La réduction des émissions liées à la navigation intérieure devient en effet un enjeu croissant pour les métropoles confrontées à des défis de pollution et de réchauffement climatique.
Avec cette interdiction, Amsterdam confirme son orientation vers une mobilité plus propre, dans un espace urbain où le vélo, les transports en commun et désormais la navigation électrique se partagent l’objectif d’une ville plus respirable.