18 Mai 2025
En 1884, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée, Benjamin Bénéteau, charpentier de marine, établit son premier chantier naval. Bien que sujet au mal de mer, il se passionne pour la construction de bateaux. Il ambitionne dès le départ de concevoir des navires rapides, convaincu que, pour les pêcheurs, rentrer au port parmi les premiers est un atout commercial décisif.
Dès les années 1920, l’innovation devient une constante de l’entreprise. Benjamin Bénéteau construit le Vainqueur des jaloux, premier sardinier motorisé du chantier, défiant les traditions de la voile pure. Le bruit du moteur suscite alors méfiance, mais il devient un gage d’efficacité.
En 1928, après la mort de Benjamin, son fils André Bénéteau prend la direction du chantier. Père de cinq enfants, il implique toute sa famille dans l’entreprise. Avant chaque nouvelle construction, ils choisissent ensemble le bois dans la forêt voisine, et chaque bateau est réalisé avec soin et précision.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise bénéficie de la nécessité de renouveler la flotte de pêche. Cette période marque une reprise d’activité soutenue, permettant d’envisager des perspectives de croissance à long terme.
Les années 1960 représentent un tournant. La pêche décline, et les commandes se raréfient. André et ses enfants doivent repenser l’avenir de l’entreprise. Le polyester, nouveau matériau, permet d’innover dans la conception des coques. André et sa sœur Annette, rejoints par leur frère Yvon, saisissent l’opportunité pour se tourner vers la plaisance. En 1965, leur présence au salon nautique de Paris, avec une offre différente de celle des autres exposants, suscite la curiosité.
La décennie suivante voit la naissance de modèles emblématiques comme le First. Bénéteau devient acteur du marché de la voile de plaisance. L’arrivée de François Chalain et de Jean-Bernard Boulay en renforce l’équipe. Le First 30, lancé en 1977, incarne cette nouvelle orientation. Il s’impose rapidement, soutenu par la victoire de Michel Malinovski à la course de l’Aurore.
En 1981, la direction générale est confiée à Xavier Fontanet. Sous son impulsion, l’entreprise développe une stratégie d’industrialisation, rendant ses bateaux plus accessibles que ceux de la concurrence. L’objectif est clair : démocratiser l’offre nautique. Bénéteau ouvre de nouveaux sites en Vendée et amorce son internationalisation. L’implantation américaine débute dans les années 1980, avec un premier site à Marion, en Caroline du Sud, en 1986. Cette période marque aussi le lancement de la gamme Océanis, axée sur le confort et la sécurité.
En 1984, l’entreprise célèbre son centenaire, entre en bourse et étend sa présence en Asie avec une concession à Hong Kong et une filiale en Australie. Ces développements s’accompagnent d’une diversification des produits, avec notamment l’apparition de modèles à moteur.
Le décès de Louis-Claude Roux en 1994 amène son épouse, Annette Roux, à prendre la direction de l’entreprise. Elle est ensuite relayée par Bruno Cathelinais. Sous leur conduite, Bénéteau devient un groupe structuré, diversifiant ses gammes et procédant à des acquisitions pour élargir son offre : voiliers (First, Oceanis, Figaro, Sense), vedettes (Flyer, Antares, Swift Trawler, Barracuda). Ces marques couvrent différents segments du marché, de la régate à la croisière hauturière.
Au début des années 2000, Annette Roux installe le siège du groupe dans l’ancien restaurant Les Embruns, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, lieu où André Bénéteau emmenait ses enfants voir les mises à l’eau. Ce choix marque la volonté de maintenir un lien avec l’histoire de l’entreprise.
En 2013, le siège de la marque Bénéteau s’installe à Givrand, commune voisine. Le groupe, désormais appelé Groupe Bénéteau, reste un acteur majeur du nautisme mondial, tout en revendiquant un ancrage local fort. L’histoire familiale perdure dans la culture d’entreprise, bien que le rayonnement soit désormais international.
Bénéteau met en avant un positionnement axé sur la qualité et la capacité à s’adapter. La devise actuelle, « Designed to be remarkable », reflète cette ambition. Si le groupe s’est éloigné de ses origines artisanales, il continue de faire valoir une proximité avec les clients et un esprit d’innovation. Chaque navire est encore envisagé comme le fruit d’un savoir-faire partagé entre concepteurs et utilisateurs, dans une logique de durabilité et de performance.