5 Mai 2025
Le MIT Museum présente jusqu’en janvier 2026 une exposition inédite intitulée « Monsters of the Deep: Between Imagination and Science » (Monstres des profondeurs : entre imagination et science), consacrée à l’évolution des représentations des baleines dans l’Europe moderne. En s’appuyant sur une riche collection de gravures anciennes, cette exposition invite à un fascinant voyage entre fictions maritimes et observations scientifiques.
De la terreur mythique à l’analyse zoologique
L’exposition s’appuie sur les gravures issues de la collection Allan Forbes, propriété du MIT Museum, pour illustrer la manière dont les Européens, entre les XVIe et XIXe siècles, ont tenté de comprendre les baleines – ces géants insaisissables des océans. Longtemps difficiles à observer, ces animaux ont d’abord été imaginés comme d’effrayantes créatures marines, ornées de crocs, de griffes ou de jets spectaculaires. Ces visions, largement véhiculées par des cartes et des récits imprimés, traduisent autant la fascination que l’incompréhension suscitée par ces êtres.
À mesure que les connaissances scientifiques progressaient, notamment grâce aux échouages et à l’essor de la chasse à la baleine, ces représentations ont évolué. L’exposition retrace ce glissement progressif : des monstres fabuleux aux mammifères marins identifiés et classifiés.
Des gravures exceptionnelles du XVIe au XIXe siècle
« Monstres des profondeurs » rassemble une sélection d’œuvres allant des années 1540 aux années 1860 : cartes illustrées, estampes de luxe, pages de récits de voyages, ouvrages populaires, extraits de traités scientifiques, et feuilles volantes. Ces documents témoignent de l’ampleur des savoirs disponibles à l’époque, mais aussi de la façon dont naturalistes et artistes mêlaient connaissances et interprétations pour représenter ces créatures.
Cette pluralité de sources souligne combien les baleines étaient omniprésentes dans l’imaginaire collectif européen. Qu’il s’agisse d’un animal spectaculaire échoué sur une plage ou d’une silhouette mythique naviguant aux confins d’une carte, la baleine était un objet d’intrigue, voire d’inquiétude
Trois temps forts de l’exposition
L’exposition s’articule autour de trois grandes séquences :
Une exposition sur la quête de sens
Si certaines gravures paraissent aujourd’hui fantaisistes, leur intérêt dépasse la simple curiosité visuelle. Comme l’explique Florencia Pierri, co-commissaire de l’exposition, « cette exposition interroge la manière dont les humains cherchent à comprendre l’inconnu. Même si ces représentations sont anciennes, elles sont animées du même esprit que la science contemporaine ». Autrement dit, cette démarche de compréhension, mêlant hypothèses, observations et interprétations, reste au cœur du processus scientifique.
Face aux instruments modernes exposés dans les galeries voisines du musée, les gravures anciennes offrent un contraste frappant, mais soulignent une continuité essentielle : la curiosité humaine comme moteur du savoir.
Une collection précieuse et méconnue
La majorité des œuvres exposées proviennent de la collection Allan Forbes, un fonds de plus de 2 000 estampes européennes et japonaises réunies au début du XXe siècle par Allan Forbes, ancien président de la State Street Bank. Ce dernier les a offertes en 1940 au Hart Nautical Museum du MIT. L’exposition actuelle inclut également des prêts des MIT Libraries Distinctive Collections et du Harvard Museum of Comparative Zoology.
Outre l’exposition physique, une version numérique de certaines œuvres est disponible en ligne, permettant au public d’explorer ces représentations anciennes depuis chez lui.