17 Octobre 2025
Depuis sa création en 2019, Ports de Normandie regroupe les ports de Caen-Ouistreham, Cherbourg et Dieppe, avec pour mission de coordonner les politiques portuaires, industrielles et maritimes de toute la façade normande. Il s’est rapidement illustré comme un acteur dynamique dans le développement des énergies marines renouvelables (EMR) et la transition écologique des infrastructures portuaires. Sur son site, l’autorité portuaire affiche déjà plusieurs projets en éolien flottant, hydrolien et smart grids marins ; et revendique près de 1 000 emplois générés autour de ce secteur naissant.
Dans cette perspective, Ports de Normandie vient de franchir une étape diplomatique majeure en organisant, le 16 octobre 2025, une conférence au Parlement européen à Bruxelles, consacrée au rôle des ports territoriaux dans la transition énergétique et à la structuration du financement des infrastructures portuaires au-delà de 2027.
Organisée en partenariat avec les députés européens Stéphanie Yon-Courtin (Renew Europe) et Thomas Pellerin-Carlin (S&D), la conférence a réuni élus européens, représentants de la Commission, gestionnaires portuaires et professionnels du secteur maritime. Soutenu par la Région Normandie, l’événement visait à faire entendre la voix des territoires face aux enjeux réglementaires et budgétaires de la transition.
En ouverture, Hervé Morin, président de la Région et de Ports de Normandie, a insisté sur le rôle stratégique des ports régionaux dans la souveraineté énergétique et industrielle européenne. « Nos ports sont au cœur du renouveau industriel et énergétique français. » a-t-il déclaré, soulignant les réussites normandes à Cherbourg, Caen et Dieppe comme des leviers concrets de redéploiement industriel dans les énergies marines.
La première table ronde a porté sur la décarbonation du secteur maritime et la résilience des ports. Les intervenants ont plaidé pour :
La Commission européenne, quant à elle, a rappelé l’entrée en vigueur de la réglementation FuelEU Maritime (depuis le 1ᵉʳ janvier 2025), qui impose progressivement l’obligation d’alimentation électrique à quai pour les navires dans les ports européens.
La seconde session s’est focalisée sur les aspects financiers. CINEA, l’agence de financement européenne, a présenté le bilan du Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE), qui a soutenu 3,5 milliards d’euros de projets portuaires depuis 2014. Mais faute de ressources, seulement un dossier sur trois soumis est retenu.
Olivier Silla a appelé à une enveloppe dédiée renforcée pour l’électrification et l’accès ferroviaire dans les ports régionaux, tandis que les représentants de la Normandie, d’Irlande et de Chypre ont souligné la nécessité d’un financement stable, accessible et adapté à la taille des ports intermédiaires.
Pour Philippe Deiss, directeur général de Ports de Normandie, « les ports régionaux, outils d’aménagement territorial et de création de valeur, doivent être pleinement intégrés aux priorités du prochain budget européen. La transition énergétique ne se fera pas sans eux. »
Au terme de la conférence, un consensus fort s’est dégagé : souvent moins visibles que les grands hubs portuaires, les ports territoriaux sont pourtant indispensables à la réussite du Green Deal maritime. Leur proximité avec les territoires, leur capacité à porter des projets d’énergies renouvelables et leur rôle industriel local en font des acteurs stratégiques de la souveraineté européenne.
La Normandie, déjà positionnée comme l’un des fers de lance des énergies marines renouvelables, espère voir ses infrastructures portuaires européennes reconnues à leur juste valeur. Ports de Normandie se donne pour mission de porter ce plaidoyer auprès des institutions à Bruxelles et de mobiliser les financements nécessaires pour doter les ports régionaux d’outils verts compétitifs.