29 Août 2013
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Une histoire incroyable qui démontre toute l'absurdité de la technocratie française !
A la base, l'histoire pourrait être assez extraordinaire : un bureau d'étude français, Ecocéane, créé en 2004, qui après 5 ans de R&D, lance les premiers navires de dépollution, capables de récupérer du pétrole en mer, lors des marées noires. Des navires construits en France, par des chantiers tels Piriou ou Socarenam.
Un concept révolutionnaire, unique en son genre, plébiscité dans le monde entier.
En bref, un leader mondial, un Apple français, mais dans l'industrie navale, riche de brevets et d'un vrai savoir faire.
Un savoir-faire utile car actuellement, lors de marées noires, il est quasiment impossible de récupérer du pétrole à la surface de la mer, les technologies existant consistant soit à en briser les molécules pour le faire couler, quand il s'agit de brut léger, soit de le récupérer souillé à terre ou sous forme de "mayonnaise", technique coûteuse nécessitant un chauffage, lente et particulièrement onéreuse.
Ecocéane, c'est aussi une réussite commerciale partout dans le monde, avec près de 80 navires vendus.
Partout, sauf en France, comme si Apple, né en Californie, n'avait pas bénéficié de son marché national pour se développer ! Et c'est là que le bât blesse.
Depuis 2009, les deux autorités françaises en charge de délivrer l'homologation des navires anti-pollution du chantier Ecocéane, le Ceppol et le Cedre (Brest), refusent de le faire, parce que le bassin de test est... trop petit, ces bateaux ne pouvant donc être testés que lors d'une véritable marée noire !! Du Courteline...
Privé de ces homologations, le chantier français se voit donc rejetté des appels d'offres français et européens, la structure européenne en charge de le lutte contre la pollution marine, l'EMSA, se basant sur les sociétés dûment homologuées dans leurs pays respectifs !
Cette situation est d'autant plus ubuesque qu'en Octobre dernier, lors d'un appel d'offre lancé par Taïwan pour l'acquisition de navires de lutte contre le marées noires, un représentant du Cedre est intervenu lors d'une conférence, pour indiquer que la société Ecocéane n'était pas homologuée en France. Cette intervention malheureuse qui consiste pour un organisme français à torpiller une société nationale, caricaturale, n'a toutefois pas suscité le moindre doute auprès des autorités taïwanaises, qui ont passé commande auprès d'Ecocéane...
Soutenu par Oseo, Ubi France et Total Développement, Ecocéane a su démontrer son savoir faire technique et commercial. Aujourd'hui, la société pourrait, selon son dirigeant, employer près de 2500 salariés si l'administration française ne l'avait pas bloqué de la sorte.
Dans ce contexte, son président, Eric vial, menace de délocaliser toute la production de la France vers les Etats-Unis ou la Russie, si le problème d'homologation de ses navires subsiste. De quoi créer des emplois industriel qualifiés, mais pas chez nous !!
La rédaction d'ActuNautique a cherché ce jour à contacter la direction du Cedre, sans succès. Il nous a été répondu au téléphone qu'elle était en vacances, et que l'on ne savait pas nous dire, quand elle reviendrait.
Pendant ce temps là, Ecocéane a vendu un navire à Gazprom, pour ses campagnes en Arctique, et vient de signer des Joint Ventures au Brésil et aux Etats-Unis...
A méditer...