29 Décembre 2012
Spécialisé dans le convoyage et la prise en main de bateaux, Romain Gindre, co-directeur de Globe Skipper, a pu constater que les manœuvres de port se font souvent dans la tension et la précipitation.
Il nous livre, selon lui, les clés d'une manœuvre de port réussie, pour accoster sereinement et sans dommages, même dans un port que l'on ne connait pas.
ActuNautique : Romain Gindre, l'entrée dans un port, surtout quand on ne le connaît pas, est forcément stressante, non ?
Romain Gindre - Globe Skipper : Il est vrai qu’en arrivant dans un port on se rapproche de potentiels obstacles (la côte, un espace de manœuvre plus restreint, des cailloux, des pontons, d’autres bateaux…) mais cela ne doit pas pour autant devenir stressant ! Je dirais plutôt que ces moments demandent un peu plus d’attention, de concentration et surtout une bonne organisation. Un équipage qui anticipe son arrivée est beaucoup plus serein, et il évite des erreurs qu’il pourrait plus facilement commettre dans la précipitation.
Quelles seraient donc vos recommandations ?
Pour moi, la préparation est capitale. En y consacrant un moment avant son arrivée, on gagne en sérénité et on évite 75% des problèmes ! Voici, de façon générale, les conseils que je donne à mes clients :
Avant d'arriver :
En entrant dans le port :
Tout ce qui a été dit jusque là est ce que j’appelle la préparation, cela a permis de mettre le bateau et l’équipage dans de bonne dispositions pour entrer dans sa place. La manœuvre en elle-même sera toujours différente en fonction du bateau, de l’équipage, des conditions météo et il n’existe pas de solution miracle, mais à ce stade on a toute les clés en main et une grande partie du boulot est fait.
Une fois à son emplacement :
On voit très souvent des skippers qui, à peine rentrés dans leur emplacement, coupent le moteur ! Or, le garder JUSQU'AU BOUT, permet de réagir beaucoup plus vite et peut sauver bien des situations !
Et si on n'y arrive pas ?
Un vrac peut toujours arriver. Mais s’il est bien géré et avec calme, dans la plupart des cas ça se terminera sans dommages. Ca sera juste une manœuvre ratée. Il faut garder à l’esprit qu’il est souvent préférable d’aller s’appuyer tranquillement sur un autre bateau avec des pare-battages bien placés pour réfléchir au meilleur moyen de s’en sortir, plutôt que de vouloir absolument se dégager rapidement avec le risque de frotter ou taper plus fort contre un autre bateaux, un quai ou même qu’un équipier se blesse. Petite vitesse petit dégât, grande vitesse gros dégât.
Par ailleurs, il ne faut vraiment pas hésiter à refaire une manœuvre autant de fois qu'il le faut. Et si l'on n'est pas à l'aise avec un emplacement, on peut tout simplement en demander un autre ou l’assistance du port ! Enfin, si c’est trop compliqué et qu’on ne le sent pas du tout, de temps en temps, un bon mouillage vaut mieux qu’un gros vrac…
Cette partie de préparation, d’approche et de manœuvre de port est un point que nous travaillons beaucoup avec nos clients lors des mises en main ou avec leurs équipages lors des formations. Cela permet de la démystifier et de leur apporter une grande sérénité.
C. Rebours