16 Mai 2017
Le « capitaine couard » avait quitté le navire alors en pleine opération de sauvetage et attendu une heure avant d'appeler les secours, malgré un énorme trou dans la coque.
La Cour de Cassation italienne a confirmé en appel vendredi 12 mai la condamnation (datant de février 2015) de Francesco Schettino à purger 16 ans de prison ferme pour homicides, abandon de navire et naufrage.
Le naufrage du paquebot de croisière Costa Concordia avait fait 32 morts en janvier 2012.
Selon Me Saverio Senese, son avocat, le Napolitain de 56 ans a attendu la décision dans la discrétion et seul, à l'entrée de la prison romaine de Rebbibia : « Il a dit : "Je crois en la justice, les décisions doivent être respectées, je vais me constituer prisonnier". Il y a de l'amertume parce qu'il est le seul à payer. Comme toujours en Italie, il n'y a que les boucs émissaires qui paient », a-t-il ajouté, en n'excluant pas de saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
Le soir du vendredi 13 janvier 2012, le navire de croisière (deux fois plus gros que le Titanic), transportant 4229 passagers et membres d'équipage, avait heurté un récif en navigant trop près des côtes de l'île du Giglio, au large de la Toscane, et avait fini par s'échouer sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île. La catastrophe avait fait 32 morts, dont un qui n'a jamais été retrouvé.
Le commandant italien avait effectué une manœuvre hasardeuse pour « saluer » l'île du Giglio, puis avait attendu une heure avant de lancer l'alerte, et ce malgré l'énorme trou dans la coque du navire.
En plus du fait qu'il n'avait pas alerté les secours à temps, la justice lui reproche notamment son manque criant de professionnalisme dans la gestion de l'accident, et d'avoir pris une chaloupe pour s'enfuir, alors qu'il restait encore 2000 personnes à bord et que la moitié des chaloupes étaient inutilisables à cause de l'inclinaison du navire.
La compagnie Costa a été condamnée à 1 million d'euros d'amendes et cinq employés ont écopé de peines allant de 18 à 34 mois de prison. Le commandant, accablé de plus de 250 parties civiles et clamant avoir été « haché menu » par les médias, a été le seul à être jugé.
Désigné dans la presse italienne comme « l'homme le plus détesté d'Italie », Francesco Schettino a tenté de se défausser d'une partie de ses responsabilités dans l'accident sur l'équipage, qu'il accuse de n'avoir pas été à la hauteur, tout en assurant qu'il n'avait pas pris les décisions seul : il met notamment en cause le timonier indonésien qui n'aurait pas compris ses ordres.
Se posant tantôt en coupable idéal ou en victime expiatoire, il a multiplié depuis 2012 les déclarations maladroites : lors de son procès en première instance, il a affirmé être tombé dans la chaloupe sous le seul effet de la « force de gravité ». Il a également donné en juillet 2014 une conférence sur la « gestion de la panique », arguant de son expérience en la matière…
Après avoir publié en 2015 un livre de 600 pages, Les vérités submergées, le commandant, séparé de son épouse et vivant seul avec son chien, semble s'être fait oublier.
L'immense épave du Costa Concordia a finalement été renflouée au prix de 600 millions d'euros et démantelée en juillet 2014 à Gênes, après être restée deux ans devant l'île du Giglio.