12 Décembre 2017
Images du San Juan / L'Atlantis, à l'origine de la découverte d'un "objet" à 1000 mètres de profondeur
L'objet en question a été détecté par le navire océanographique américain Atlantis, muni d'équipements à la pointe de la technologie. L'ARA San Juan (S-42) est toujours introuvable, malgré près d'un mois de recherches intenses et la participation d'une quinzaine de pays (4000 personnes mobilisées fin novembre). Un objet avait déjà été détecté la semaine dernière à 940 mètres de profondeur, mais il s'était avéré être une fausse piste.
Les réserves d'oxygène du San Juan ne permettant pas aux sous-mariniers de tenir plus d'une semaine, les autorités argentines cherchent aujourd'hui à comprendre les circonstances précises de l'accident. Un sous-marin russe capable de mener des recherches à 6000 mètres de profondeur participe également aux recherches.
Le sous-marin avait signalé une panne de batteries avant sa disparition, alors qu'il rentrait d'Ushaïa pour son port d'attache de Mar del Plata, à 400 kilomètres de Buenos Aires. Peu après ce dernier contact, un organisme international avait signalé une explosion sous-marine sur le trajet de retour du San Juan.
L'enquête continue en Argentine sur les causes du naufrage. Deux entreprises allemandes seraient notamment impliquées dans des dysfonctionnements sur les batteries de l'appareil.
Le seul indice tangible dont disposent pour l'instant les enquêteurs est cette explosion sous-marine, relevée le 15 novembre, et qui aurait eu lieu à 380 mètres de profondeur, pour une puissance de 5700 kg d'équivalent TNT (Office of Naval Intelligence).
Pedro Martín Fernández, le capitaine du San Juan, avait signalé une avarie au niveau des batteries, qui pourraient avoir causées l'explosion suite à un court-circuit. Une communication du sous-marin avait de plus été révélée par la chaîne argentine A24 : « L’entrée d’eau de mer par le système de ventilation vers le réservoir de batteries numéro 3 a provoqué un court-circuit et un début d’incendie. Batteries de proue hors service ». Ce court texte avait orienté les enquêteurs vers la possibilité d'une entrée d'eau par le snorkel.
D'après un reportage de la radio allemande Bayerischer Rundfunk, la justice argentine est actuellement en train d'enquêter sur deux entreprises allemandes responsables de l'entretien des batteries du sous-marin.
Les 964 batteries concernées n'auraient été remplacées que de manière partielle, et avec du matériel en mauvais état. Les deux entreprises mises en cause sont Ferrostaal, spécialisée dans les services liés à l'industrie et la fourniture de machines, et EnerSys-Hawker, le fournisseur des batteries.
« Nous avons des doutes sur des possibles faits de corruption lors de la réparation et sur les deux entreprises allemandes qui pourraient être impliquées dans l’affaire », affirme Cornelia Schmidt-Liermann, présidente de la Commission argentine des relations extérieures de la Chambre des députés, citée par Bayerischer Rundfunk.
Elle souligne notamment que les réparations effectuées sur le sous-marin n’ont pas été répertoriées de manière détaillée. « Nous ne connaissons pas non plus leur provenance, si elles venaient d’Allemagne ou d’un autre pays. C’est pour cela que nous souhaitons savoir quels techniciens étaient présents lors de leur entretien et qui a signé l’accord de réparation. » a-t-elle expliqué.
Oscar Aguad, le ministre de la Défense argentin, a également fait mention de ces soupçons de corruption : « Il y a des indices de corruption. Et il y a également des témoignages qui confirment que le matériel utilisé était de qualité inférieure. » Ferrostaal a d'ores et déjà nié toute implication dans l'affaire, arguant avoir fait appel à des intermédiaires pour réaliser ces travaux.
L'entreprise allemande n'en serait pas à ses premiers faits de corruption : en 2010, Der Spiegel révélait que la société avait payé pour au moins 200 000 euros de pots-de-vin pour pouvoir vendre ses bateaux au Chili. Le contrat de réparation des batteries sur le San Juan totalise quant à lui un montant total de tout de même 5 millions d'euros (contrat réalisé entre des hommes politiques argentins et l'entreprise).