22 Décembre 2017
Photos d'illustration
C'est suite au contrôle d'un navire de pêche au Tréport, le 12 août 2015, par la brigade de surveillance du littoral, que le parquet d'Amiens à initié une enquête préliminaire de grande envergure.
Cette enquête a été réalisée par la section de recherches de la gendarmerie maritime et par le groupe d'intervention régional (GIR) de Picardie, spécialisé dans la lutte contre l'économie souterraine et la saisie des avoirs criminels.
Les enquêteurs ont mis au jour un véritable système de fraude à la réglementation sur la pêche, organisé par un armateur habitant au Crotoy (80), patron d'une société de pêche et propriétaire de 3 navires.
Les fruits de mer pêchés par la flotte de cet armateur (coques, moules, coquilles Saint-Jacques), associés aux achats faits auprès de pêcheurs à pied souvent non licenciés, étaient ensuite vendus à travers un circuit illégal constitué de sociétés de mareyage dans la Manche et le Calvados.
L'armateur et ses associés pêchaient systématiquement en surquota, à la fois lors des sorties déclarées aux affaires maritimes et pendant des sorties non déclarées. Pour les années 2015 et 2016, ce sont ainsi 1000 tonnes de surquota en coquillage qui lui sont imputées.
Les investigations ont également déterminé que les bateaux de pêche dépassaient gravement les capacités d'emport, mettant en danger les équipages. L'armateur est aussi accusé d'abus de bien sociaux et de travail illégal.
En novembre 2016 et le 12 décembre 2017, deux opérations d'interpellation et de perquisition ont eu lieu.
980 000 euros ont été saisis au terme de l'enquête sur les comptes et biens immobiliers de l'armateur, une somme qui correspond aux profits engendrés par ses activités illégales.
C'est après son passage devant le Procureur de la République, le 13 décembre 2017, que le patron de pêche a été poursuivi pour abus de biens sociaux, blanchiment, travail illégal et mise en danger de la vie d'autrui.
Le jugement de l'armateur, son épouse et des deux autres capitaines impliqués se déroulera à partir du 15 mai 2018 au tribunal correctionnel d'Amiens.
« Cette affaire a mis en évidence l’importance de l’économie souterraine créée par des activités portant délibérément atteinte aux ressources halieutiques et à l’environnement. Il montre aussi la volonté commune du parquet d’Amiens et des services de la gendarmerie maritime et du GIR de s’attaquer directement aux flux financiers que génèrent ces activités criminelles, » a déclaré Alexandre de Bosschère, le procureur de la République.