21 Avril 2018
C'est un véritable séisme qui vient de secouer le monde du nautisme et de la plaisance, secteur dont l'activité a redémarré il y a deux ans, et qui connaît une embellie économique que l'on n'avait plus vu depuis 2008.
Vendredi le chantier allemand Bavaria a déclaré au tribunal de commerce de Würzburg, être en situation de cessation de paiement, demandant à être placé en redressement judiciaire, comme l'a indiqué une porte-parole de l'entreprise à l'agence de presse allemande DPA.
Cette décision pourrait intervenir dès lundi selon nos informations.
Alors que le marché nautique mondial traverse une période faste, Bavaria, qui a entamé le renouvellement de sa gamme de voiliers et de bateaux à moteur par une montée en gamme sans précédent et s'est diversifié dans les catamarans de plaisance - un marché en plein boum - avec le rachat du chantier français Nautitech basé à Rochefort, est littéralement lesté par le poids d'une dette insupportable, hérité de deux LBO et d'un rachat initial à son fondateur pour un montant de 1.4 milliard d'euros intervenu juste avant un retournement de cycle.
Actuellement contrôlé par les fonds d'investissement Oaktree et Anchorage, la cessation de paiements de Bavaria Yachtbau viendrait de l'arrêt de son financement pas ses deux actionnaires.
Des signes avant-coureurs
Si l'annonce de la cessation de paiements de Bavaria a fait l'effet d'une bombe, des signes avant-coureurs démontraient ces derniers mois que la situation du chantier était difficile, malgré une présence record sur le dernier Boot du Düsseldorf, le premier salon nautique mondial.
Ainsi, il y a un an, la société de droit allemand avait-elle opté pour le Luxembourg, sa situation financière n'étant plus compatible avec la réglementation allemande, avec près de 89 millions de fonds propres négatifs.
Il y a 10 jours ensuite, le tribunal de commerce de La Rochelle avait notifié le nantissement des titres du chantier français Nautitech, racheté par le groupe allemand il y a 3 ans, du fait du non règlement d'une dette.
Cette semaine enfin, sur le salon International du Multicoque, la conférence de presse prévue de longue date avait été annulée sine die, sans explication aucune, engendrant de sérieuses interrogations.
Quelle suite pour le chantier allemand ?
Le retrait du soutien des deux fonds d'investissement qui ont porté Bavaria ces dernières années signifie-t-il leur retrait définitif ?
Rien n'est moins sûr, car le redressement judiciaire pourrait de fait être utilisé comme un acte de gestion, permettant au chantier de se défaire de la majorité de sa dette, au détriment de certains de ses fournisseurs mais surtout de son pool bancaire.
Une partie de cette dette pourrait de fait être convertie en actions.
Si tel n'était pas le cas, les candidats au rachat de Bavaria ne sont pas légion sur le marché, dans un contexte ou le secteur est en pleine recomposition, avec le rapprochement actuel entre Fountaine-Pajot et Dufour, qui donnera naissance à un nouveau géant français, et alors que l'américain Brunswicjk éprouve les plus grandes difficultés à se défaire de Sea Ray, difficilement vendable puisque réalisant près de 80% de ses ventes... avec un seul distributeur !
Le chantier Nautitech non concerné par le redressement judiciaire
Selon nos informations, le placement en redressement judiciaire de Bavaria ne concernerait pas sa filiale française Nautitech, en pleine forme, qui surfe sur la forte demande mondiale de catamarans de plaisance.
Nous ne manquerons pas de revenir sur cette information dans nos prochaines éditions.