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Bavaria - une piste italienne pour une nécessaire deadline en septembre ?

Le feuilleton de la reprise du chantier allemand Bavaria se poursuit, qui pourrait désormais trouver une issue rapidement, avec une piste italienne en cours de négociation.

Bavaria - une piste italienne pour une nécessaire deadline en septembre ?

Depuis le placement en redressement judiciaire du chantier allemand Bavaria en avril dernier, lors du Salon International du Multicoque de la Grande Motte, les annonces de négociations se sont multipliées, sans déboucher toutefois sur une reprise. Une piste italienne est désormais évoquée pour septembre. Un nouvel échec alors que la nouvelle saison nautique 2018-2019 débute serait de mauvais augure pour la pérennité de la marque.

Le moins que l'on puisse dire est que le feuilleton de la reprise du chantier Bavaria aura rythmé la période estivale et laissé tout le monde sur sa faim, qu'il s'agisse des salariés de l'entreprise allemande, de ses distributeurs, de ses fournisseurs ou de ses potentiels acquéreurs.

Le point sur la procédure

Rappelons tout d'abord que cette procédure de redressement judiciaire ne concerne que la société Bavaria, sa filiale française dédiée à la construction de catamarans, ex-Nautitech, sise à Rochefort (17), poursuivant son activité "as usual".

Placée en période d'observation entre avril et juin avec poursuite d'activité - créances bloquées et salaires pris en charge par l'administration sous la tutelle d'un mandataire judiciaire - Bavaria Yachtbau a construit 120 bateaux sur cette période pour honorer les commandes en cours, avant, fin juin, de poursuivre son activité, sans le secours de l'Etat, en vue d'une cession.

A compter de fin juin, l'entreprise allemande a donc poursuivi son activité, en bénéficiant toutefois du régime du "Kurzarbeit", une sorte de chômage partiel qui permet de compenser une partie de la baisse des salaires des ouvriers par l'Etat, afin de s'adapter à la baisse du plan de charge. 

Depuis la mi-août et la réouverture du chantier suite à sa fermeture estivale, Bavaria Yachtbau continue de prendre des réservations de commandes de la part de ses distributeurs mais plus de commandes fermes, commandes fermes dont bénéficiera directement le repreneur, comme nous l'a précisé le porte parole de Tobias Brinkmann, une décision de cession devant intervenir courant septembre, date limite au vu de la saison nautique qui débute.

La valse hésitation du mandataire, entre vente à la découpe et vente globale

Initialement, les offres des repreneurs étaient attendues fin juin pour des négociations conduites dans la foulée début juillet.

Le mandataire social, Tobias Brinkmann, avait imaginé une vente possible à la découpe, avec d'un côté le chantier allemand Bavaria spécialisé dans la construction de voiliers et de bateaux à moteur monocoques et son site de 600 salariés de Giebelstadt (Bavière), et d'un autre côté Bavaria Catamaran (ex-Nautitech), basé à Rochefort, et qui emploie 200 salariés.

Dans ce cadre, une grosse dizaine d'offres ont été présentées, tant pour l'activité monocoque que pour l'activité catamarans, dont les montants ont toutefois été jugés trop faibles par le pool des créanciers de l'entreprise.

L'activité catamarans, clairement la plus dynamique du groupe qui surfe sur la croissance du marché des multicoques, a suscité l'intérêt de la plupart des acteurs du secteur, qu'il s'agisse de Bénéteau via CNB-Lagoon, leader mondial du secteur, de Catana Group, de Grand Large Yachting ou de Fountaine-Pajot.

Déçu par le montant des offres, Tobias Brinkmann a donc changé son fusil d'épaule et privilégié une reprise globale, à même d'intéresser des fonds d'investissement ou des groupes tels Bénéteau ou Hanse Group. Des offres ont été faites, et le constructeur de camping-cars allemand Hymer est rentré dans la partie, avec une grosse interrogation quant à son intérêt réel pour le nautisme, l'usine de Giebelstadt pouvant tout à fait produire des motorhomes et autres caravanes.

Rebelote : le montant des offres - on parle de 15 à 30 millions d'euros - n'a pas satisfait le pool des créanciers, puis la période estivale semble avoir anesthésié la procédure jusqu'à début août, quand un fonds d'investissement chinois est entré dans la danse... suscitant bien des espoirs... espoirs cependant vite déçus !

Inquiet de la tournure des événements - une absence de repreneurs pour les montants escomptés par les créanciers - les sociétés s'étant déjà manifesté, tant pour des offres partielles que totales ont été recontactées, quand un industriel italien du yachting est - deus ex-machina - entré en piste fin août, avec comme projet... d'élargir sa production vers la grande série. 

Les négociations iraient bon train actuellement, pour une annonce possible en septembre, si le montant satisfait toutefois le pool des créanciers, dont les exigences ne lassent pas d'étonner les observateurs, qui pourraient tout perdre... à force de trop espérer et de faire perdre patience aux entreprises ayant déjà fait des offres !

Un nantissement des titres Nautitech qui grève la vente de la filiale française

Dans le dossier complexe Bavaria, la vente de la filiale française dédiée aux multicoques, qu'elle intervienne dans une vente globale (monocoques et multicoques) ou partielle (que les multicoques), devra intégrer un point bloquant : le nantissement des titres Nautitech pour 760000 euros, Bavaria (ou ses différents véhicules financiers et juridiques...) n'ayant jamais réglé la totalité de la somme due aux anciens propriétaires du chantier rochefortais, à savoir Bruno Voisard et ses associés.

En bref, toute cession de Nautitech devra intégrer, de la part de Tobias Brinkmann, la prise en compte du remboursement des 760.000 euros dus, un élément trop peu souvent abordé en Allemagne, mais qui est toutefois juridiquement bloquant pour tout futur acquéreur.

Une décision rapide sous peine de mettre la marque Bavaria en péril

Alors que la saison nautique débute, et avec elle le bal des grands salons internationaux, il semble désormais plus qu'urgent pour le mandataire judiciaire de trouver rapidement un point d'accord avec un ou des repreneurs, quitte à mécontenter les créanciers, car un statut quo sera rapidement intenable, tant d'un point de vue financier, que concurrentiel.

A trop vouloir gagner, on peut tout perdre, dit le dicton...

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