31 Mai 2019
Pas simple cette année de pronostiquer quoi que ce soit sur cette cinquantième édition, sur ces quatre étapes très variées et sur un support que toutes et tous découvrent. Quelques éléments permettent tout de même de faire un premier décantage.
Il y a de tout dans cette escarcelle : des sages au palmarès long comme un jour sans vent, des pratiquants assidus de cette épreuve sans équivalent au monde, des nouveaux venus spécialistes de la Mini-Transat ou de la voile olympique, des professionnels du nautisme et des amateurs éclairés, des carriéristes et des espoirs, des ingénieurs et des préparateurs…
Clairement, le nombre de paramètres à prendre en compte est tel que même un algorithme sophistiqué se perdait dans les méandres de l’incertitude.
Car en lisant bien les curriculums vitae des 47 prétendants, force est de constater la disruption de tous les schémas classiques : trois triples vainqueurs (Michel Desjoyeaux, Jérémie Béyou, Yann Éliès), un double vainqueur (Armel Le Cléac’h), deux vainqueurs (Alain Gautier, Yoann Richomme). Sans compter les vainqueurs d’étape : Yann Éliès (10), Alain Gautier (9), Jérémie Béyou (8), Michel Desjoyeaux (7), Armel Le Cléac’h (6), Gildas Morvan (6), Adrien Hardy (4), Anthony Marchand (2), Loïck Peyron (1), Corentin Douguet (1), Fabien Delahaye (1), Morgan Lagravière (1), Alexis Loison (1), Gildas Mahé (1), Yoann Richomme (1).
Un plateau très varié pour un parcours ouvert
Mais si ce panel est révélateur de la diversité des pratiques de la voile, des capacités de certains à multiplier les expériences et pour d’autres de scorer dans un secteur, tous ces « fruits de la mer » ont des atouts à mettre sur le tapis bleu. Bigorneaux intrépides (première expérience), bulots accrocheurs (spécialistes de La Solitaire), lobsters agressifs (étrangers remontés), langoustes à l’armoricaine (sages de la voile), crabes tambour (habitués des coups d’éclat)… le plateau est riche de saveurs iodées.
Il y a aussi un paramètre non négligeable à relever : le score à l’arrivée de Kinsale, la plus prisée des escales avec dix-neuf participations en cinquante ans ! Adrien Hardy (2010), Alain Gautier (1997 et 1988), Loïck Peyron (1986) sont les seuls à s’être imposés sur cette étape irlandaise… Or tous ces éléments contribuent à masquer l’essentiel : qui sera apte dès les premiers milles à trouver le bon rythme pour une étape costaude de 553 milles puisqu’après le départ devant Pornichet, dans un flux d’Ouest à Sud-Ouest d’une dizaine de nœuds (favorisant les régatiers sur ce prologue de 11 milles), il va falloir plonger vers la bouée de Port Bourgenay en laissant Noirmoutier à bâbord (soit 57 milles) dans un flux tournant à l’Ouest avec des molles.
À suivre, 435 milles pour rallier le phare irlandais du Fastnet, probablement en passant par le raz de Sein : les plus pointus en météorologie vont pouvoir s’exprimer dans ce flux de secteur Ouest assez irrégulier. Puis lundi soir, le vent semble s’orienter au secteur Sud-Ouest d’une douzaine de nœuds incitant à viser les Scilly. Mais il y aura encore la mer Celtique à traverser avant de contourner le célèbre amer et 50 milles le long des côtes irlandaises avec 89 de coefficient de marée et une brise revenue au secteur Nord à Nord-Ouest ! Encore un paramètre important pour départager les coureurs cramés des skippers prévoyants…
Des premiers de cordée qui en veulent !
Car cette première étape est très importante pour le classement final au scratch, mais aussi pour le classement « bizuth » et le Trophée Vivi qui récompensera le premier étranger, nouveau classement révélateur de l’engouement croissant des autres pays pour cette course unique au monde : 53 étrangers se sont succédés depuis 1970 et pour cette cinquantième édition, ils sont sept. Une Suisse (Justine Mettraux), deux Irlandais (Joan Mulloy et Tom Dolan), deux Anglais (Will Harris et Alan Roberts), un Italien (Alberto Bona) et un néo-Zélandais (Conrad Colman) forment cette année la légion étrangère ! Avec des arguments dans la besace…
Tout comme pour les novices avec cette douzaine de nouveaux talents qui n’ont pas les blocages de certains habitués. Alors le score à Kinsale et surtout les écarts entre les solitaires, va être primordial pour visualiser réellement le potentiel des uns et des autres. Surtout que sur une telle étape de large, les deltas peuvent être conséquents non seulement avec les choix tactiques, mais aussi au passage des marques (Port Bourgenay et Fastnet) et des îles (Sein, Ouessant, Scilly) avec des coefficients de marée supérieurs à 80.
Programme de la journée du samedi 1 Juin