30 Mai 2019
Hier après-midi, les bizuths étaient réunis sur le Maillé-Brézé, l’escorteur de la Marine nationale qui veille sur les 47 Figaro Bénéteau 3, pour un premier briefing sécurité.
Ce matin, les douze bizuths retrouvaient les habitués de la Solitaire du Figaro en séance plénière au Nautilus, sur l’autre rive de la Loire.
« Je ne suis pas surprise par le protocole, car c’est une course de haut niveau, mais c’est vrai que ça fait une masse importante d’informations à ingurgiter » concédait Cassandre Blandin (Klaxoon-C).
Tous les aspects sécuritaires - veille VHF, zones interdites ou d’exclusion, contacts journaliers, situations de détresse, hiérarchie, repérage et performances des quatre balises présentes à bord… - ont ainsi été passés en revue.
« La connaissance du matériel et la révision régulière des procédures est une des clefs de la sécurité », explique Pierre-Antoine Saladay, de la Flottille 24 F. « On sait d’expérience qu’en situation de détresse, un marin perd facilement 50 % de son acuité ».
La direction de course embarque cette année sur le catamaran Etoile en compagnie de Sophie Pourtal, le médecin de la course. Le bateau s’assure par liaison VHF que tous les concurrents répondent à la vacation toutes les 12 heures.
A l’arrière de la flotte, Kriter VIII, skippé par Wilfried Clerton, ferme la marche, le troisième bateau accompagnateur étant le nouveau trimaran à moteur Express, armé par Bob Escoffier. Si ce dernier bateau, plus rapide, évolue en électron libre pour les besoins des médias, il participe aussi au dispositif de sécurité et peut être mobilisé au besoin.
Pour cette 50ème édition, la Préfecture maritime de l’Atlantique, sous l’autorité de laquelle se déroule la course, impose le port du gilet de sauvetage de nuit comme de jour. Une annonce qui n’a pas l’air de gêner les skippers, l’ergonomie de cet équipement ayant bien progressé.
L’homme à la mer reste le risque principal de toute course en solitaire. On se souvient ainsi du sauvetage inespéré d’Alain Gautier par Nicolas Bérenger, en 1996.
La technologie s’est depuis emparée du sujet, avec par exemple la télécommande du pilote NKE, qui agit sur la barre quand le porteur sort d’un rayon de 30 mètres.
Elle s’enrichit cette année d’un nouveau dispositif ; en cas d’alerte, le signalement du skipper est envoyé à tous les autres Figaros, la proximité d’un autre concurrent étant dans ce cas la meilleure sécurité.
Quant aux plongées sous la coque pour retirer les algues, le directeur de course Francis Le Goff a rappelé qu’elles étaient très encadrées : « Le concurrent doit affaler la voile d’avant, prévenir par VHF de sa décision de plonger et a 4 minutes montre en main pour manifester sa remontée à bord. Ceux qui ne respecteront pas cette procédure seront pénalisés ».
La question a son importance car sur le nouveau Figaro Bénéteau 3, le voile de quille vertical rend inopérante la traditionnelle corde à nœuds : « A la Solo Maitre Coq, je l’ai coincé dans la quille et fait toute l’étape comme ça ! Sur une étape de La Solitaire, j’aurais plongé, même si c’est un peu le cauchemar » confie Yoann Richomme (Hellowork Groupe Télégramme).
Cassandre Blandin (Klaxoon-C) :
« C’est une masse d’infos importante à ingurgiter mais on a eu droit à deux briefings, nous les bizuths donc, ça permet de réviser ! Ça s’ajoute à tout l’apprentissage du bateau, de la course, donc c’est vrai que ça fait beaucoup. Je viens de la voile olympique donc je ne suis pas surprise de l’aspect protocolaire. Qui dit haut niveau, dit protocole. Ce que j’appréhende le plus, ce sont les manœuvres de ponton (rires) ! Sérieusement, tout l’aspect pilotage côtier, navigation au ras des cailloux, courants est une découverte pour moi et je ne suis pas encore à l’aise. Mon expérience se résume à deux semaines de J80 et les courses d’avant saison. Le mauvais temps ? Non, on se sent plus en sécurité dans 35 nœuds sur un Figaro que sur un 470 ! »
Loick Peyron (Action enfance) :
« Le gilet, c’est une contrainte, mais on ne peut pas lutter, c’est comme la ceinture dans une voiture. Il faut prendre exemple sur les Anglais et remiser un peu notre esprit gaulois. Par contre, je crois que la multiplication des outils de détection, tous ces boutons de détresse peuvent être utilisés à mauvais escient. Ça change sans doute les comportements et en même temps l’évolution des statistiques d’accidents donne raison. Le principe de précaution est en train de bouffer la responsabilité individuelle mais il a aussi du bon. C’est juste un peu difficile pour ceux qui ont des cheveux blancs ! »