25 Mars 2021
Le but de cette station scientifique flottante sera de collecter des données, très attendues car inédites dans une région méconnue où les courants sont extrêmement forts (cinquantièmes hurlants).
Le projet Polar Pod a été lancé il y a plus de 10 ans par Jean-Louis Etienne, afin de concevoir un bateau capable de naviguer dans de bonnes conditions de confort et de sécurité malgré le climat extrême de l’Océan Austral.
Le projet mobilise des équipes scientifiques, des ingénieurs et des architectes navals, et associe le CNRS, le CNES, l’Ifremer et plusieurs partenaires privés. Le design du navire s’inspire notamment du FLIP (Floating Instrument.
La structure en elle-même fera en tout 100 mètres de haut, dont 80 mètres de tirant d’eau, avec un lest de 150 tonnes pour assurer sa stabilité dans le gros temps, avec des voiles pour lui permettre d’éviter de potentiels icebergs.
« Cette stabilité lui donne une capacité à faire des mesures d’échange entre l’atmosphère et l’océan, c’est à dire, entre le CO2 et l’océan avec une grande précision », explique Jean-Louis Etienne, l’inventeur de cette plate-forme océanographique.
Polar Pod a été pensé comme un navire écologique entièrement autonome, avec six éoliennes qui fourniront de l’électricité. Sans moteur intégré, il devra être amené sur place par un autre bateau, en étant tracté à l’horizontale. Une fois arrivé, il sera « mis debout » par ballastage.
A partir de décembre 2023 et pendant trois ans, ce « navire-bouée » vertical dérivera au gré du courant circumpolaire, autour de l’Antarctique. Il fera deux fois le tour du continent, soit deux tours du monde, à la vitesse moyenne de 1 km/h.
L’équipage de 8 personnes sera constitué de trois marins, quatre scientifiques et un cuisinier qui se relaieront tous les 2 à 3 mois, chargés de faire fonctionner un « arbre de Noël de capteurs » à bord. « Les mesures seront envoyées à terre quasiment en temps réel et seront disponibles pour la communauté scientifique internationale » annonce Jean-Louis Etienne.
Les données recueillies devraient apporter de nombreuses informations sur le climat, la biodiversité et la pollution en Antarctique. « On va faire un inventaire de la faune » précise l’explorateur.
Polar Pod devrait aussi nous en apprendre davantage sur l’impact de l’activité humaine sur la planète : pesticides, plastiques, métaux lourds… « C’est le principal puits de carbone océanique de la planète, à lui seul, l’océan Austral absorbe la moitié du gaz carbonique qui est absorbé par les océans » rappelle Jean-Louis Etienne.
L’explorateur français, qui a notamment participé à la célèbre expédition Transantarctica en 1989-90, devrait se rendre sur le navire « au moins les deux premiers mois […] Ça fait 10 ans que je travaille sur ce projet, 10 ans de persévérance ».