16 Juin 2021
Dans Open Space, il y a d’abord Open : Sur le Bali 4.8,ce mot prend pleinement son sens.
Il fut un temps ou la nacelle était un lieu étouffant ou qui séparait les équipages du contact avec la mer.
Il n’en est plus rien sur ce Bali 4.8 ou elle peut offrir deux visages diamétralement opposés.
Il fait bon, on a besoin d’ombre ?
Qu’à cela ne tienne, on ouvre tout ! A la manière d’un coupé cabriolet, c’est toute la cloison arrière de la cabine de la nacelle qui bascule et s'efface, sur toute sa largeur, au plafond, à la manière d'une porte de garage. Les vitrages latéraux de l’arrière du carré s'ouvrent aussi,libérant des surfaces de près d’un mètre tandis que, à l'avant, la baie de la table à carte et la porte d'accès au cockpit avant permettent une aération optimale.
Cette cloison arrière basculante n’est pas juste un gadget : solidement réalisée avec un moteur hydraulique, elle fonctionne parfaitement et transforme littéralement le bateau. Seul son système de verrouillage central mériterait un patin élargi pour répartir l'effort en position ouverte.
Cette configuration open très ventilée se transforme en un tournemain en un carré fermé, offrant un abri parfait en cas d’intempéries tout en proposant toutes les combinaisons intermédiaires possibles. Le mouillage fait éviter le bateau face à l'est ? Basculez la cloison arrière et profitez d’un apéritif face au soleil couchant, tout près de l’eau mais isolé du vent…
Le carré transformable, version ouverte
Saviez-vous que ce grand catamaran à flying bridge et salon de pont avant développe une surface habitable de près de 129m2 ?
Les critiques s’en donnèrent à cœur joie lors du lancement de ce bateau à propos du salon de pont avant qui, supposément, fait enfourner le bateau en alourdissant d'avant, mais, sérieusement, qui sort par très gros temps avec un bateau pareil ?
A l’usage on s’attache à ce salon avant qui combine une table et ses banquettes pour les déjeuner au soleil, avec un bain de soleil-tatami-pour-enfants de plus de 6 m de largeur, saisissant ! Et quel spot confortable pour observer, la nuit tombée, les étoiles dans le ciel !
A chaque repas, le choix entre déjeuner à l'ombre (dans le carré) ou au soleil (dans le salon de pont avant) s’impose. En option, le flying bridge de ce BAli 4.8 peut être équipé d’une 3e table.
Le salon de pont avant
La cuisine, en L sur tribord, comporte un évier, deux bacs, trois feux au gaz, un four et une quantité de rangements. Un immense réfrigérateur-congélateur-distributeur de glaçons (615 L) américain complète l'équipement. Nous avons pu y stocker l’ensemble des courses fraîches nécessaires à l'avitaillement de deux familles de 4 personnes.
La cuisine et le carré
Une coursive dessert la cabine avant et sa salle d’eau avec WC séparé et douche très confortable ainsi qu'une petite cabine double à lits superposés qui convient parfaitement à des enfants et sa salle d’eau. Ainsi, impossible aux petits de sortir directement à l’extérieur du bateau.
Les Cabines arrières de chaque coque étant accessibles, quant à elles, depuis le cockpit arrière. Ces dernières comportent un grand lit double et une salle d’eau plus conventionnelle sur les voiliers.
Dans toutes les cabines, que l'on soit couché ou debout, impossible de manquer les vues sur la mer au travers des omniprésents hublots de coque.
Un bémol sur les cabines qui pourraient disposer de davantage de rangements. Le bateau pouvant être réalisé de 3 à 6 cabines, les versions plus “propriétaire” disposent de davantage d’espace de stockage.
Les trois cabines de chaque coque (celle comportant les lits superposés se trouve au milieu)
En comptant le flying bridge, ce sont trois espaces communs qui sont à disposition des passagers, permettant de s’isoler de temps en temps en évitant la promiscuité.
Enfin, l’espace, c’est aussi de la hauteur sous-barrots. Je mesure 1,92 m et je passe partout sans effort dans ce bateau sauf sous la casquette qui surplombe la porte d’accès au cockpit avant. Un mot sur les douches des cabines avant qui n’ont presque plus rien à envier à celles que l’on rencontre à terre. Aérées, spacieuses et hautes, un vrai plaisir !
Pour terminer avec l’espace, cette notion comprend aussi le volume de stockage qui ne manque pas sur ce grand catamaran. Coffres non étanches pour le matériel de mouillage, gaffes, tuyau d’arrosage et pare-battages différents coffres étanches (cockpits avant et arrière), d’accueillants fonds de nacelle et de profondes pointes avant offrent quantité de possibilité de rangement.
Le premier soir, au mouillage, en consultant la consommation instantanée de courant, j’eus un choc ! 32 A (ampères) ! Que se passe-t-il ? Les pompes de cales sont-elles en train de tourner ? Passé cette surprise, force fut de constater qu’il s’agissait simplement de la consommation électrique “au repos” de l’engin… Le frigo y comptait pour beaucoup.
Le lendemain matin, les pack de batterie de service montre encore 12,4 V soit plus de 60% capacité résiduelle des 780 Ah de batteries au gel.
Un parc de batterie absolument énorme !
Encore faut-il pouvoir le recharger facilement et rapidement. Avec deux alternateurs de 100 A montés sur les puissants Yanmar de 57 HP sur Saildrive, une heure de moteur et l’aide de 500 W de panneaux photovoltaïques suffisent à recharger les batteries déchargées à 40 %.
Vous préférez rester au mouillage plusieurs jours ? Qu'à cela ne tienne, un groupe Onan de 11 kV (+-11 kWh) permet d’actionner un puissant dessalinisateur capable de délivrer 300 L d’eau douce par heure tout en rechargeant les batteries en passant par le chargeur de quai délivrant 80 A.
L’ensemble des équipements de transformation de courant (convertisseur-chargeur et convertisseur) proviennent de chez Victron, un gage de sérieux.
Ajoutez à cela 1000 L de gasoil et 2 x 1000 L d’eau douce et vous obtenez un bateau capable de tenir des mois entiers en croisière sur un réservoir de gasoil sans devoir toucher un port pour d’autres raisons que l’avitaillement. Jamais nous n’avons commencé à manquer de courant ou d’eau. La solution, certes puissante, est efficace et éprouvée.
Si le bruit des moteurs reste perceptible, ces derniers, rejetés à l’arrière des coques bénéficient d’une bonne insonorisation et d’une cale spacieuse permettant d’y réaliser relativement confortablement, les opérations de maintenance d’usage.
Le système hydraulique de direction reste également facilement accessible et visible.
Le bateau est réalisé en infusion vinylester (résine étanche) et les coques sont faites en trois parties : deux demi-coques et la nacelle. Les liaisons entre demi-coques et les cloisons sont toutes stratifiées entre-elles, gage de sérieux et surtout, de rigidité et de solidité.
L'installation électrique est nette, étiquetée et, pour ce que nous en avons vérifié, conforme aux plans fournis.
Les pompes de cale (4, deux dans les fonds de coursives et deux dans les cales moteur) sont facilement accessibles.
Côté fluides, comptez pas moins de six circuits d’eau de mer (refroidissement moteur, groupe, clim, rejet clim, eau de mer cuisine et dessalinisateur).
Ajoutez à ceci deux circuits d’eau douce et six WC et toilettes et vous obtenez le total astronomique de 68 passes-coques…
Au moteur, notre Bali 4.8 marche très bien avec une vitesse de près de 8 nœuds à 2200 RPM. A cette allure la consommation s’établit à 10 L par heure ce qui laisse une autonomie de 100 heures soit 800 NM ! Pas mal pour 2x57 HP.
Au port, ce gros bébé se manœuvre comme un kart. Il vire sur place au droit de son emplanture de mât, casse facilement son erre et sait faire demi-tour dans des pannes qui feraient dresser d’effroi les cheveux d’un skipper de monocoque monomoteur...
Sous voiles, on se demande ce que ce gros catamaran, qui devait peser, pleins et avitaillement faits dans les 19 tonnes avec ses passagers, peut bien avoir sous le pied.
Nous n’avons pu le juger que par petit temps.
Jouant à cache-cache avec la brise thermique nous profitons d’un bord de travers en passant devant les Sanguinaires dans la Baie d’Ajaccio.
Au travers, à 90-100° d’un vent de 8 nœuds, le bateau avance à 6 nœuds.
Le foc auto-vireur (49m2) ne l’avantage pas particulièrement à cette allure.
La surface de la grand-voile semi-lattée, 83 m2, l’aide, en revanche, beaucoup.
Quand il s’agit d’affaler, il est fortement recommandé de mollir fortement le lazy-jack.
Si on y accroche une latte ou un œillet, l’intervention pourra s’avérer acrobatique.
Pour atteindre la bôme, qui trône à près de 6 m de la surface de l'eau, on monte sur le toit du bimini et on circule sur une planchette de 15 cm de large de part et d’autre de l’espar qui dépasse de deux bons mètres de l’arrière du bimini… Allez étouffer seul une voile de 83m2 sur une bôme qui vous arrive à hauteur d’épaule…
Sans possibilité sérieuse de se sangler, monter là-haut pour décoincer le 3e ris, au-delà de 35 nœuds établis, ça peut se faire, mais c’est une opération à prendre très au sérieux...
La bôme est très haut placée et son dernier tiers inacessible.
Le poste de pilotage, très haut perché sur le flying bridge, rappelle l'impression que l’on peut avoir à la dunette d’un navire de travail. On domine les environs et le pont de haut.
Il comporte un gros winch électrique et un second, dédié au génois. Deux pianos permettent d’avoir sous la main les deux écoutes, les six commandes de ris ainsi que la drisse de grand-voile.
Visibilité parfaite
La visibilité est parfaite et la protection du soleil est telle qu’on en vient parfois à regretter qu’il y ait tant d’ombre la haut ! Heureusement, on peut tenir compte des échelles d’accès à la bôme, au soleil.
Un grand écran Raymarine, une commande de pilote et une commande hifi déportée complètent le tableau.
Côté pilotage, il n’aura manqué qu’un tout petit détail à notre bateau, une télécommande de pilote ou un répétiteur au niveau de la table à cartes.
Côté sensations, le système de barre hydraulique, s’il offre toute la démultiplication souhaitée, n’offre absolument aucun retour. La barre pourrait aussi être équipée d’un frein pour la bloquer lors des manœuvres de port.
Avantages
Concept Open Space parfaitement abouti
Trois vrais espaces communs distincts offrant des possibilité d'intimité
Homogénéité des systèmes procurant une belle autonomie
Inconvénients
Grand-voile difficilement accessible
Groupes d’eau bruyants car situés dans la coursives
Peu de rangements pour les vêtements