25 Juin 2024
Un Rustler 36 à quille longue, un des derniers voiliers de série toujours en production avec sa quille longue
La quille longue est une extrapolation de ce qui se faisait de mieux du temps de la marine à voile. Les quilles des chefs d'œuvres que furent les frégates du XVIII, des vaisseaux rapides, tout temps, capables de maintenir des moyennes élevées des semaines durant sont très proches de celles des clippers, les voiliers de transport les pus rapides de tous les temps, qui sillonnaient les mers à la fin du XIXe siècle.
A bord de ces navires très toilés, le ballast (le lest) était constitué de marchandises, ou, en cas de retour à vide, de pierres. Sur ces quilles longues, on retrouve très peu de bras de levier, mais d'importants ballasts.
Dans la plaisance, ce type de quilles se retrouve sur presque tous les voiliers construits jusqu'à la fin des années 1970.
Ainsi Joshua, le voilier de Bernard Moitessier, Suhaili de Robin Knox-Johnston, mais aussi le Rustler 36 à bord duquel Jean-Luc Van Den Heede remporta la Golden Globe Race ou encore l'Endurance 35, sont tous des voiliers à quille longues.
Destinés à naviguer longtemps et loin, presque toujours sous régulateur d'allure, il fallait à ces bateaux une bonne stabilité de route. Une stabilité procurée par l'importante portance offerte par le véritable aileron sous-marin formé par ces quilles. Souvent dotés d'un tableau arrière étroit, ces voiliers tapent moins de l'arrière quand on a les vagues par l'arrière ou les 3/4.
Tous comme sur les voiliers en métal tel Joshua, les quilles des voiliers en polyester faisaient intégrante des coques. Pas d'assemblage ni de faiblesse à redouter !
Celles des voiliers en fibre de verre étaient construites en de fortes épaisseurs, des échantillonnages qui permettaient de ne pas redouter des talonnage peu violents.
Dans le même ordre d'idées, safran et hélice sont protégées par la quille située juste en avant. Leur faible tirant d'eau (Joshua calait 1,60 m) les autorise à se glisser dans d'agréables petits mouillages.
Du côté des inconvénients, ces quilles font souvent des voiliers durs à barrer, marchant très mal en arrière au moteur et incapables de réaliser un près très serré. Lourdes, elles souffrent aussi d'un fort rayon de giration, il leur faut de la place pour évoluer.
Marchant mal en arrière et nécessitant de larges espaces pour manœuvrer, il n'en fallait pas davantage pour condamner la quille longue...