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CNTL-Marseille : sain et sauf, Laurent Camprubi témoigne après son chavirage

Mardi 2 août aux environs de 18h30, Laurent Camprubi perd la quille de son Class40 Jeanne – Glaces Romane (ex Groupe Berkem) alors qu’il navigue au près dans 30 nœuds de vent au large des côtes espagnoles pendant sa qualification pour la Route du Rhum. Le skipper, membre du pôle course du CNTL, revient sur son chavirage, ses réflexes de survie qui ont permis son sauvetage, 18 heures plus tard, et ses objectifs à date.

CNTL-Marseille : sain et sauf, Laurent Camprubi témoigne après son chavirage

15 secondes, entre la performance... et la survie !

« J’étais en mode course, avec une balise qui donnait ma position à l’organisation toutes les 15 minutes. J’étais vraiment content, le bateau marchait super bien, et d’après mes calculs, il me restait 7 à 8 heures difficiles avant que tout se calme de manière significative. Je n’avais pas beaucoup dormi depuis deux jours, et j’étais dans mon pouf dans le cockpit en phase de repos » détaille le skipper sur ActuNautique.

« En fait, quand le bateau se retourne, ça va à une vitesse incroyable. Tout je suite, je comprends que j’ai perdu la quille. Je n’ai pas du tout le temps de choquer la grand-voile que le mât est déjà dans l’eau. Il chavire en 10 à 15 seconds. Je suis à l’envers, retourné, avec l’eau qui rentre. J’essaye de fermer la porte, mais avec la puissance de l’eau, c’est juste impossible. Et puis voilà, l’histoire part de là. Je me retrouve comme ça et je me dis : mais non, je n’y crois pas, je rêve, c’est un cauchemar…On se s’attend pas ça quoi.»

Les difficultés s’accumulent

« Avant l’accident, la mer était tellement forte que mon réservoir de carburant avait cassé, et j’avais du gasoil à l’arrière du bateau. J’étais un peu nauséeux à cause de ça dès que j’entrais dans le bateau pour faire ma navigation ou analyser les fichier, il y avait une odeur terrible et du coup je n’avais pas bu ni mangé depuis 12 heures. »

Une situation que le retournement va empirer. Alors que le skipper arrive à récupérer et enfiler sa combinaison de survie dans l’eau qui a envahi l’habitacle retourné, puis a percuter ses balises de détresse – beaucoup de stress sans lunettes - l’eau est polluée par le gasoil et les émanations des batteries retournées. Il trouve refuge au niveau de la descente, cramponné à une poignée de ballast

« C’est difficile de se rendre compte de ce que j’ai vécu à l’intérieur avec la force infernale du ressac. Au bout d’une heure, tout était arraché à l’intérieur : l’électronique, même ce qui était stratifié et pas assez solide. Tout se transforme en objets dangereux qui venaient sur moi avec force. »

Matériel de survie, VHF de secours, nourriture et eau : tous ces éléments flottants autour du skipper au moment du chavirage vont disparaître, faute de pouvoir les attacher où que ce soit, entrainant notamment une diète hydrique de plus de 16 heures.

Mes sauveteurs m’ont dit : « On a compris pourquoi tu étais vivant »

Mercredi, 12h30 : les plongeurs de la Salvamento Marítimo espagnole - qui a dépêché tous ses moyens sur zone dès le déclenchement du signal de détresse - arrivent sous le bateau qu’ils ont sécurisé à l’aide de ballons flottants. 18h00 après le chavirage, dans des conditions météo toujours difficiles, ils réussissent à localiser et accompagner le navigateur jusqu’à la surface, avant qu’il ne soit hélitreuillé et amené à l’hôpital de La Corogne pour hypothermie (température corporelle à 34°) et déshydratation.

« C’est fou ce que ça fait faire l’adrénaline. Les derniers mètres, je ne suis pas prêt de les oublier ! » avoue le navigateur pourvu une solide expérience de plongée et d’apnée qu’il pratique depuis des années en chasseur sous-marin « Quand j’ai débriefé avec mes sauveteurs - qui sont devenus mes amis - je leur ai dit que je m’attendais à ce qu’ils me donnent de l’air. Mais en fait, quand on m’a tiré la botte, j’ai mis toutes mes forces pour plonger dans l’eau malgré ma combinaison de survie qui a une forte flottabilité, et – à leur grande surprise - ils m’ont vu apparaitre sous l’eau hirsute, le poing en forme de victoire ! Donner un embout à ce moment-là est effectivement hyper risqué parce que si je le rate, je peux me noyer. Ils m’ont donc rattrapé, et m’ont mis la main sur le nez et la bouche pour éviter que j’ai un mauvais réflexe jusqu’à la surface de l’eau. »

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