18 Février 2023
L'exception confirme la règle et bien que le Bering 65 appartienne à une catégorie de taille (20 mètres) et de prix (4,5 M€) éloignée du monde de la plaisance, cet étonnant bateau mérite qu'on s'y arrête, pour deux raisons principales.
C'est tout d'abord un véritable mini-explorer, un trawler solide et passe-partout capable d'aller frayer aussi bien avec les eaux chaudes qu'avec fjords du Groenland, de l'Alaska ou des mers australes.
Construit en acier et en aluminium, c'est d'ailleurs ce en quoi consiste la seconde raison de notre intérêt pour lui, il dispose de deux moteurs Cummins QSL 9, entraînant chacun une hélice de grande taille ? Il faut bien cela pour pousser cet engin de 100 tonnes.
Peut-être vous dites vous qu'il doit compter sur des milliers de chevaux et qu'il doit consommer des centaines à l'heure... Bien que doté d'un réservoir de 16.800 L de gazole, ses moteurs de 285 HP chacun, n'en brûlent que 30 L par heure à sa vitesse de croisière, 8 nœuds. À 10 nœuds, il consomme 95 L à l'heure.
Ces chiffres de consommation lui apportent une autonomie de 4000 NM au moins, une allonge capable de l'emmener presque partout.
A l'intérieur, très luxueux, trois ponts. Le pont inférieur est destiné aux cabines, trois, qui accueillent six passagers. Le pont principal accueille le salon, le carré, la cuisine et la timonerie est installée un demi-niveau plus haut.
Mais comment le chantier parvient-il à assembler des tôles d'acier sur une ossature aluminium ?
Avec des rivets, comme dans le temps ? Non, ces assemblages de métaux de nature différente souffraient rapidement de corrosion électrolytique. Alors comment bénéficier de la solidité d'une coque acier et de la légereté d'une ossature aluminium ?
En utilisant des tôles d'acier high-tech, des tôles sandwich qui combinent une peau extérieure épaisse en acier avec une autre, plus fine, en aluminium.
Les deux peaux étant assemblées par un procédé dont même le nom est étonnant : L'explosive bonding, ou soudage par explosion...
Le soudage par explosion consiste à fracasser, à vitesse et angle soigneusement contrôlés, deux métaux avec une telle énergie qu'ils vont fusionner et se mêler intimement lors de l'impact, formant une sorte de panneau sandwich.
Le procédé est réalisé dans des mines, ou plus rarement en carrières, à l'air libre et met en œuvre rien de moins que de la dynamite ! C'est d'ailleurs la société Nobel Clad, une société issue de Dynamit Nobel, le groupe fondé en 1865 par Alfred Nobel, l'inventeur de la dynamite et le créateur du prix qui porte désormais son nom.
Une fois le métal composite réalisé, on dispose, pour le cas qui nous intéresse, d'une face externe en acier, très solide, mais sujette à la corrosion dans les fonds et une face interne, en aluminium, peu sujette à la corrosion et apte à être soudée sur des membrures faites du même métal.