Certains bateaux mettent tout le monde d'accord. Le Viking 90 est de ceux-là. 90 pieds, quatre ponts, 5270 HP c'est le sportfishing de la démesure !

Mais c'est aussi une espèce en voie de disparition, un grand yacht dépourvu de tout système de dépollution, bénéficiant d'une exemption tout à fait significative de la position dans laquelle se trouve le nautisme par rapport à l'automobile...

Pourquoi nous faisons-vous découvrir un tel engin ? Avec 27 mètres de longueur, 7,05 mètres de largeur, 92 tonnes, 14.288 L de gazole et 5270 HP, est-ce encore un navire de plaisance ou plutôt un superyacht ?

C'est un peu des deux parce que ce Viking 90 reste un navire de plaisance et sur la plupart de ces bateaux, pas de cabine skipper, c'est le propriétaire qui est à la barre et aussi à la pêche.

La seconde raison, c'est que ce navire de moins de moins de 500 GT bénéficie pleinement d'un exemption à la réglementation qui touche ces grands navires en terme d'émissions : il n'est pas touché par le fameux IMO Tier III, une réglementation anti-pollution qui s'applique aux navires de moins de 24 mètres à la flottaison... Cette règle contraint les grands bateaux à s'équipper de moteurs et de générateurs émettant 70% moins de NOx, condition nécessaire pour accéder légalement aux principaux bassins de navigation mondiaux. 

Or si le Viking 90 mesure 27,41 mètres hors tout, sa longueur à la flottaison s'établit juste sous les 24 mètres, au point que ce Viking 90 est le remplacant en titre du plus long Viking 92... Eco-downsizing !

Cette exemption a d'ailleurs donné naissance à une segment de Superyachts, les mini, segment auquel appartient ce bateau.

Viking 90, un vrai Sportfishing

Avec sa tour d'observation qui monte un poste de pilotage (le quatrième), un vivier à vifs de 800 L, des coffres à prises réfrigérés de 500 L et pas moins de trois sièges de combats dans le cockpit, aucun doute, le Viking 90 est un vrai Sportfishing...

C'est un bateau destiné à raffler tous les prix du circuit US de pêche au gros.

Le Viking 90 comporte cinq cabines pour le propriétaire et ses hôtes, avec leur sept salles d'eau réparties sur le pont inférieur, de plein pied avec le cockpit. Deux cabines, similaires en taille et en aménagements aux cabines invités sont réservées à l'équipage (un chef et un steward).

Le pont principal comporte les espaces sociaux, salon, salle à manger ainsi que la cuisine et une des cabines équipage. Un des atouts de ce bateau, ce sont ses pare-brises cintrés d'une seule pièce, des baies XXXXL. Il y en a deux, un à ce niveau et un autre sur ce que l'on peut appeler la passerelle.

Ce niveau comporte, en plus d'un poste de pilotage de porte-avion, un petit salon intérieur intime et un autre, extérieur, avec vue sur la zone de pêche. Mais on ne voit pas bien ce qui se passe lors de la pêche et du combat depuis la passerelle. Aussi, un troisième poste de pilotage est installé, regardant vers l'arrière pour aider le pêcheur dans sa capture.

Ce n'est pas tout, les sportfishing sont souvent équipés d'une tour, permettant de repérer, de très loin les chasses des grands poissons carnassiers qui font les joies des pêcheurs sportifs.

Un quatrième poste de commande est installé là-haut, il peut être ouvert -et climatisé- ou fermé.

Du côté des systèmes, c'est du très lourd.

2 moteurs turbo-diesel MTU Series 2000 / V16 M96L de 2635 HP chacun procurent une vitesse de pointe de 43,5 nœuds à ce monstre. Un monstre qui embarque 2 m3 d'eau douce et une capacité de dessalinisation horaire similaire !

A bord prend place un Seakeeper 35, un engin de 2 tonnes et 300.000 USD, et deux générateurs de 40 kWh chacun.

Sur cette taille de bateau, impossible de se passer des générateurs tant la consommation des services est énorme, elle représente 5 kWh rien pour le Seakeeper !

Nous n'avons pas obtenu de données sur la climatisation mais il y a fort à parier qu'elle compte pour beaucoup dans les 80 kWh de puissance électrique délivrée par les générateurs, probablement plus de 500.000 BTU.

Une espèce en voie de disparition

Le Viking 90 a échappé à la contraignante réglementation IMO relative à la pollution suite à une exemption - provisoire, trois ans seulement - pour cette catégorie de yachts qui peuvent se passer de SCR, Selective Catalytic Reduction, des dispositifs qui réduisent considérablement leurs émissions de polluants.

C'est donc une espèce en voie de disparition, dénuée de tout système de dépollution (tout comme nos navires de plaisance NDLR) qui a vu le jour. C'est cette exemption qui touche les superyachts de moins de 500 GT qui avait fait grincer des dents en Europe à sa mise en application.

Mais ce ne sont que trois ans, et parions qu'à l'issue, de nombreuses zones réglementées auront vu le jour et que le regard du public, même américain, aura changé envers ces engins démesurés...

Viking 90, 14 M USD.