12 Juin 2024
Avec ses 16 mètres de long pour plus de 8 mètres de large, l'Aura 51 est un grand bateau. La version cinq cabines, que nous avons essayée, comporte, à bâbord, une très grande cabine arrière dotée d'un fauteuil et d'un large dressing, sa salle d'eau à WC séparés et une cabine avant tout à fait acceptable et dotée d'un lit island et d'une salle d'eau.
La coque tribord comporte trois cabines. Deux sont accessibles depuis la nacelle et sont chacune dotée d'un lit island et d'une salle d'eau tandis que la dernière est dotée d'un accès séparé par le cockpit arrière.
La nacelle est occupée par une vaste cuisine et son îlot central à babord et un salon avec table basse à tribord. Plus de table à carte, mais deux écrans de navigation, un dans la nacelle et un au flyingbridge.
Le cockpit arrière reçoit une vaste table, éventuellement dépliable, deux convives supplémentaires s'asseyant alors sur la banquette arrière du cockpit. De part et d'autre de la table, deux méridiennes plutôt convoitées pour la sieste.
A l'arrière un très pratique Tenderlift permet la mise à l'eau ultra facile de l'annexe sérieuse qui est fournie avec le bateau. La remontée de l'annexer se fait en un tournemain.
Une fois aux commandes, on constate avec joie que la bôme se trouve toujours à une hauteur accessible depuis le flyingbridge. Avec une grand-voile de 95m2, il est bon de pouvoir agir directement dessus lors d'une prise de ris ou de l'affalage, le tout depuis le flyingbridge.
La grand-voile à corne et le très beau génois (59m2) assorti délivrent une puissance certaine sous voiles à ce bateau qui atteint les 10 nœuds sans aucun effort dans 20 nœuds de vent. pas mal pour un voilier de 25 tonnes chargé ! les deux winches électriques sont bienvenus pour aider à la manœuvre tout comme l'est la présence d'un équipier costaud pour aider, depuis le pied de mât, au hissage des voiles.
Le bateau est doté de trois ris, dont le premier est automatique, et toutes les commandes reviennent devant le barreur et passant sur les panneaux photovoltaiques souples qui recouvrent le roof.
A la barre, si les sensations de barre ne sont pas au rendez-vous, la sensation de puissance est bien là, tout particulièrement dans le clapot ou l'engin taille sa route souverainement.
Le roof proprement dit accueille un grand salon de flybridge en U ou chacun peut trouver sa place.
Les moteurs diesel de 75 HP du modèle de base et son groupe électrogène de 11 kW ont été remplacés, sur ce bateau, par deux ensembles de propulsion électriques 400 V composés chacun d'un moteur sur pod extérieur (26 kW), d'une batterie au lithium LFP et d'un ensemble d'électronique de puissance. Ces deux systèmes sont indépendants, comme sur un catamaran classique et le bateau peut compter sur l'un, si l'autre ne fonctionnait pas.
Au port, les batteries de ces deux ensembles (2x27 kWh) pourront tirer leur énergie des chargeurs de quai qui permettent le rechargement dans la nuit. En navigation à la voile, les moteurs électriques arrêtés sont entrainés par l'eau et, mis en mouvement, ils produisent du courant. Cette hydro génération, perfectible, délivre environ 1 kWh par heure de voile. Quand le bateau hydro génère, il produit un bruit perceptible mais qui reste supportable car on sait qu'on l'endure pour la bone cause, pour faire du courant...
Le moyen de chargement le plus puissant présent à bord est un groupe électrogène de 32 kW, dont le démarrage est automatique quand le SOC (state of charge) des batteries descend sous les 80% et qui est capable de recharger les batteries en quelques heures. Plus important, ce générateur est capable d'assurer la marche du voilier à une vitesse comprise entre 6 et 7 nœuds même si ses batteries sont vides et ce, jusqu'à épuisement des réservoirs (1000 L) de gazole.
Quand le bateau fonctionne sur batteries pleines, il bénéficie d'une autonomie de trois à quatre heures à environ cinq nœuds. Face au vent et aux vagues, la puissance nécessaire pour maintenir la vitesse au moteur augmente tandis que diminue l'autonomie.
Au moteur électrique seul, un léger bruit reste perceptible mais un bruit qui n'a rien à voir avec le boucan orchestré par deux diesels en marche. C'est tout particulièrement sensible à l'intérieur dans les cabines arrières.
Quand le générateur démarre, celui-ci, doté d'un cocon isolant et placé dans une cale insonorisée se fait remarquablement discret. Il ne fait pas plus de bruit qu'un plus petit générateur auquel on est habitué.
La gestion et la compréhension des affichages, à quelques bugs d'affichage et de conversion près, fonctionne bien et permet de comprendre facilement le fonctionnement énergétique du voilier.
Les batteries des ensembles de propulsion peuvent être mises en commun avec le (trop) petit parc de servitude pour le recharger, ce qui garantit d'aborder la nuit avec les batteries de servitude pleines.
Enfin côté consommation de carburant, le remplacement des deux moteurs de propulsion diesel et du générateur des services par un seul puissant générateur fait drastiquement chuter la consommation de carburant de plus de 50%. A l'échelle d'une croisière, ce sont 100 à 200 L de gazole d'épargnés et autant d'émissions et de particules en moins. A l'échelle de la vie du bateau, ce sont plusieurs dizaines de milliers de litres de gazole qui ne seront pas consommés.
=> Un rapport technique détaillé de 8 pages, consécutif à l'essai de l'Aura 51 Smart Electric, sera disponible dans le cadre de la mise à jour annuelle de l'étude "Les Motorisations Electriques & Hybrides des voiliers de plaisance" des Cahiers Techniques du Nautisme d'ActuNautique