14 Février 2025
Si les journées de course n’ont pas été particulièrement marquantes en termes de milles parcourus, les nuits ont été décisives. C’est là qu’il a creusé l’écart, naviguant au mieux malgré des grains violents et des conditions de mer difficiles. 170 milles le séparent du premier équipage en double (Éric Guigné et Tangi Caron sur OSE), et 370 milles du deuxième solitaire, Philippe Benaben (Platypus).
Pour Ozon, cette édition restera mémorable non pas uniquement pour la victoire, mais pour le plaisir pris à naviguer sur une mer particulièrement formée, où il a pu exploiter tout le potentiel de son bateau.
L’une des particularités de cette traversée a été la mer courte et pentue, bien différente des longues houles d’alizés habituelles. Ozon décrit des « vagues pentaculaires » dans lesquelles son Bepox 990 démarrait seul en survitesse, offrant des surfs spectaculaires.
« À un moment, j’avais 20 nœuds de vent, et le bateau a filé en surf à 19,5 nœuds. Le spi à contre, la grand-voile dans l’axe… et ça glissait tout seul ! » raconte-t-il. Malgré ces conditions, le bateau n’a jamais enfourné, ce qui lui a permis de conserver un bon rythme tout en préservant son matériel.
Contrairement à d’autres concurrents affectés par les conditions météorologiques, Ozon a su préserver son bateau et éviter la casse. Vers la fin de la course, il a même levé le pied : « La mer était vraiment trop formée, et j’avais une avance confortable. Forcer n’aurait servi à rien. Mieux valait éviter de casser, car une avarie entraîne souvent d’autres problèmes. »
Cette gestion prudente contraste avec la situation de plusieurs autres concurrents. Henri Laurent (Sailgrib), en lutte pour la deuxième place en solitaire, a signalé que ses deux pilotes automatiques étaient hors service, avec encore 400 milles à parcourir. De nombreux concurrents ont subi des voiles déchirées, des poulies explosées et divers autres incidents techniques.
Avec trois victoires en trois éditions, on pourrait imaginer Ozon tenté par des courses plus médiatisées comme le Figaro Bénéteau ou le Class40. Pourtant, il balaie cette idée d’un revers de main :
« Ça coûte trop cher, et surtout, je n’ai pas le temps ! J’ai ma famille et mon travail, qui me prennent déjà beaucoup. Et je navigue avant tout pour le plaisir. »
Ce choix lui permet de concilier performance et plaisir, sans la pression d’un circuit professionnel.
Alors qu’Ozon savourait sa victoire, les premiers équipages en double étaient attendus dans la nuit de vendredi à samedi, suivis de neuf autres bateaux au cours du week-end. Pour tous, l’arrivée en Martinique marquera la fin d’une transat éprouvante, où les conditions de navigation ont mis les marins et leur matériel à rude épreuve.
Avec cette troisième victoire consécutive, Alexandre Ozon confirme sa maîtrise et son expérience sur ce type de course. Pourtant, pour lui, ce qui compte avant tout, c’est le plaisir de naviguer. Cette Transquadra 2024/2025, qu’il qualifie lui-même de « la plus belle de toutes », restera une expérience marquante, autant par ses performances que par les sensations vécues en mer.