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Pourquoi le Phare de la Coubre va-t-il être détruit, malgré sa récente rénovation ?

Surnommé la ‘‘Sentinelle de la Côte Sauvage’’ et situé près de la Tremblade, sur la pointe de la Coubre d’où il éclaire et sécurise l’estuaire de la Gironde, le phare de la Coubre est le plus haut phare de la côte charentaise. Mais le recul des côtes le rapproche inexorablement du rivage et risque, à terme, d’endommager sa structure.

Pourquoi le Phare de la Coubre va-t-il être détruit, malgré sa récente rénovation ?

Le phare de la Coubre n’a commencé à être construit qu’en 1904, après près d’un siècle d’accidents et de déconvenues, parmi lesquels l’érection d’une tour de pierre qui tiendra 12 ans avant de s’effondrer en 1907. 

En effet, la zone où sera ensuite construit le phare, se situe entre les eaux de l'estuaire de la Gironde au Sud, et l'océan Atlantique au nord qui amène de violentes vagues sur la Côte sauvage et au large sur le banc de la Mauvaise, ainsi nommé pour sa sinistre réputation. La baignade y est dangereuse, et tout au long du XIXe siècle, de nombreux naufrages y ont lieu.

En 1905, quand le phare de la Coubre est mis en service, et contrairement aux phares habituels, il ne possède pas un, mais deux feux. Le feu au sommet, qui porte sur 28 milles (soit 52 km) est l’un des plus efficaces de la région, avec une portée exceptionnelle en raison de la hauteur du phare. Mais le second feu qu’on surnomme ‘‘la barbette’’, éclaire de sa lumière rouge une zone de danger plus proche : les bancs de sables.

Pourquoi le Phare de la Coubre va-t-il être détruit, malgré sa récente rénovation ?

Automatisé et géré depuis La Rochelle par le service des phares et balises, il n'est plus gardienné depuis des années, mais on peut tout de même le visiter. 

En effet, le phare possède son propre musée depuis 2005, qui retrace son histoire et son fonctionnement. Il est ainsi possible de le visiter entre février et novembre (et quelques jours en décembre) en réservant des billets via le site internet du monument.

Que ce soit pour profiter du panorama après avoir gravit les 300 marches qui mènent à son sommet, ou simplement pour poser près de la géante ‘‘Sentinelle’’, de nombreux visiteurs s’y rendent chaque année. Il a même été organisé en 2017 une course ascensionnelle des marches du phares, ‘‘l’Extrême 300’’ dont le record est d’une minute et deux secondes.

Mais il n’y a pas que sa taille, qui rend le phare de la Coubre si célèbre. Tout premier phare français construit intégralement en béton, le plan de son escalier métallique fut réalisé par Gustave Eiffel et s’élève dans un intérieur carrelé de 7 500 carreaux d'opaline bleue.

Pourquoi le Phare de la Coubre va-t-il être détruit, malgré sa récente rénovation ?

A la fin de sa construction, le phare de la Coubre se trouvait à 1,8 km du rivage, afin d’éviter que l’assaut des vagues puissantes sur la côte ne l’endommage. Mais aujourd’hui à marée haute, la mer n’est plus qu’à 150 mètres du phare ; la faute à l’érosion et l’évolution rapide des bancs de sable et des fonds dans l’estuaire qui réduisent les côtes. Et c’est sans même compter l'élévation du niveau de la mer dans les années à venir.

Face à ces inquiétudes, quelques solutions ont été envisagées.

D’abord, pour consolider la structure du phare et le rendre plus étanche, il a été intégralement repeint en 2016. Il aura fallu utiliser une tonne de peinture mélangée à un durcisseur, et trois mois de travaux ont été nécessaires afin de rendre au phare son éclat rouge, et le consolider.

Mais cette optimisation n’était qu’un gain de temps, face à l’avancée imperturbable de l’eau ; et le phare est aujourd’hui menacé d’être démoli, décision de l’Etat, confirmée depuis le 16 janvier 2025.

Aussitôt, les charentais se sont empressés de faire pleuvoir les pétitions pour empêcher ce qu’ils qualifient d’un ‘‘désastre patrimonial’’. Mais pour le moment, aucune des solutions envisagées pour sauver le phare ne semble tenir la route. La construction d’une digue ne ferait que retarder l’inévitable. Et la suggestion faite de ‘‘déplacer intégralement le phare’’ est difficilement concevable.

Tout laisse donc à penser que le phare va bel et bien être démoli sous peu.

Pourtant, il devrait être protégé. Car depuis le 15 avril 2011, il est inscrit au titre des monuments historiques pour son importance, non seulement dans l’histoire de la région mais aussi pour préserver son architecture particulière et conserver la côte éclairée, sous peine de voir arriver à nouveau nombre d’accidents dans l’estuaire.

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