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La Class40 s'engage dans la transition écologique : un diagnostic carbone pour une course au large plus responsable

L'association Class40, référence dans le monde de la course au large, a dévoilé en mai 2025 les résultats de son premier bilan carbone. En collaboration avec Bpifrance, l’ADEME et le cabinet Climat Mundi, cette étude marque un tournant dans la volonté de décarbonation de cette classe sportive dynamique et accessible.

La Class40 s'engage dans la transition écologique : un diagnostic carbone pour une course au large plus responsable

Engagée dans une démarche environnementale volontariste, Class40 s’est livrée en 2023 à un bilan complet de ses émissions de gaz à effet de serre, dans le cadre du programme Diag Décarbon’action. L’objectif est clair : identifier les principaux postes d’émissions, agir sur les leviers les plus significatifs et tracer une trajectoire de réduction ambitieuse à l’horizon 2026.

Un secteur dynamique, mais fortement émetteur

Comptant environ 180 adhérents, la Class40 permet à des skippers professionnels comme amateurs de participer à un circuit international reconnu, tout en maintenant des coûts raisonnables. Toutefois, comme le montre l’analyse menée, l’impact environnemental de l’ensemble des équipes engagées est loin d’être négligeable.

Sur l’année fiscale 2023, le bilan carbone global de la classe s’élève à 1899 tonnes de CO₂ équivalent. Cette empreinte correspond à celle de 200 Français en une année, ou encore à deux concerts géants de 50 000 personnes. En moyenne, chaque équipe génère 38 tonnes de CO₂e par an.

Les déplacements : principal facteur d’émissions

Le poste le plus émetteur identifié concerne les déplacements, responsables de 40 % des émissions totales. En particulier, les voyages en avion comptent pour 647 tonnes de CO₂e, soit 81 % de ce poste et près d’un tiers du total global. Cette situation est en partie liée à un calendrier 2023 chargé en événements internationaux, mais souligne un levier d'action prioritaire.

En deuxième position viennent les bateaux eux-mêmes, qui représentent 27 % des émissions. Leur empreinte varie selon leur ancienneté : un bateau récent émet environ 16 tonnes de CO₂e par an, contre 4 pour un modèle plus ancien. La classe en comptait alors 31 récents, 5 moyens et 13 anciens.

Le retour cargo des bateaux depuis les courses transatlantiques est un autre poste important, à hauteur de 25 % des émissions. Cette pratique logistique coûteuse et polluante est aujourd’hui remise en question dans le plan de transition de la classe.

Méthodologie : des hypothèses prudentes mais éclairantes

Pour estimer les émissions liées aux bateaux, les experts ont retenu une durée d’amortissement de 10 ans, avec 75 % de l’empreinte répartie sur les 4 premières années. Cette hypothèse se veut conservatrice, ne prenant pas en compte la seconde vie des coques ni les évolutions technologiques récentes.

Des comparaisons avec d’autres études menées dans le secteur de la voile (Route du Rhum, analyses indépendantes) ont permis de positionner l’estimation à 31 tonnes de CO₂e par bateau récent, ce qui reste cohérent avec les données globales.

D’autres facteurs influencent également l’empreinte carbone : un jeu de voiles complet représente entre 12 et 18 tonnes, soit environ 9 tonnes en moyenne par an, tandis qu’un aller-retour en avion pour trois équipiers génère à lui seul 6 tonnes.

Un objectif de réduction ambitieux à l’horizon 2026

Face à ces constats, Class40 s’est fixé une réduction de 27 % de ses émissions relatives d’ici 2026. Pour y parvenir, l’association a établi un plan d’action structuré autour de quatre axes majeurs : les retours transatlantiques, les déplacements, les bateaux neufs et l’exemplarité globale.

Parmi les mesures envisagées figurent :

  • L’interdiction des retours en cargo après les transatlantiques, avec l’imposition d’un matériel éprouvé pour la navigation retour.

  • Une limitation des déplacements de teams lors d’événements intermédiaires comme le Défi Atlantique.

  • La mise en place d’un calculateur d’empreinte carbone pour chaque équipe, afin de les rendre acteurs de leur propre transition.

  • L’obligation d’analyse de cycle de vie pour les chantiers navals sur la coque et les pièces principales.

  • Une trajectoire de réduction obligatoire pour conserver la certification Class40.

  • La généralisation de la sensibilisation à l’échelle de l’écosystème (teams, partenaires, sponsors, prestataires).

  • Un effort de communication pédagogique sur les actions engagées, dans le but de “démystifier” la décarbonation.

Un exemple pour le monde de la voile sportive

Ce diagnostic carbone s’inscrit dans une logique de progrès continu. Il ne s’agit pas d’un exercice ponctuel, mais d’un socle de référence pour affiner les analyses futures et ajuster les pratiques. L’année 2023 a servi de point de départ, avec des efforts ciblés sur 2024 et 2025 pour infléchir la courbe des émissions.

La Class40 veut également se positionner en exemple pour d’autres classes de course au large. Contrairement à des circuits élitistes, son accessibilité et sa structure associative facilitent les changements collectifs. L’implication de ses membres dans ce processus sera donc déterminante.

Une démarche soutenue par les acteurs publics

Ce travail de diagnostic a été mené en partenariat avec Bpifrance et l’ADEME, dans le cadre du programme Diag Décarbon’action, en collaboration avec l’Association Bilan Carbone (ABC). L’accompagnement technique a été assuré par Climat Mundi et Green You Up, deux structures spécialisées dans les stratégies bas carbone pour les organisations sportives.

Ce soutien public permet d’ancrer la démarche de la Class40 dans une logique d’intérêt général, et d’articuler les objectifs sportifs avec les enjeux climatiques, économiques et sociétaux.

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