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UNOC3 - L’Appel de Nice, vers une alliance mondiale contre la marée plastique

À l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC-3) qui se tient à Nice, 95 pays ont signé une déclaration commune appelant à un traité international ambitieux contre la pollution plastique. Une mobilisation diplomatique sans précédent pour faire barrage à un fléau qui menace les écosystèmes, la santé humaine et l’équilibre climatique.

photo - AS Rochard Carey

photo - AS Rochard Carey

Sous le soleil azuréen, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan a pris un tournant décisif. Ce 10 juin 2025, à Nice, 95 nations ont fait front commun pour affirmer leur volonté de mettre fin à l’invasion plastique. Face à une pollution qui transforme les mers en décharges à ciel ouvert, l’« Appel de Nice » entend poser les jalons d’un accord mondial contraignant. Une réponse à la hauteur de l’urgence écologique et sanitaire, mais aussi à l’exigence de la société civile et des chercheurs.

Chaque année, ce sont quelque 460 millions de tonnes de plastiques qui sortent des usines. Et selon les projections, ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est entrepris. L’océan — premier régulateur du climat, refuge d’une biodiversité immense — devient la première victime de cette dérive. L’appel lancé à Nice par les signataires résonne donc comme un signal d’alerte, mais aussi comme un engagement déterminé à changer de cap.

Cette déclaration collective, inscrite dans le sillage de la résolution 5/14 adoptée par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, s’appuie sur cinq piliers structurants. Le premier fixe un objectif global de réduction de la production et de la consommation de plastiques vierges. Ensuite, elle exige l’interdiction progressive des produits plastiques jugés problématiques ainsi que des substances chimiques nocives, soutenue par l’élaboration d’une liste mondiale de référence. Vient ensuite la refonte de la conception des produits plastiques, pour les rendre plus sûrs et plus durables. Un mécanisme de financement solide est également préconisé, pour garantir l’effectivité du futur traité. Enfin, les signataires défendent une architecture juridique évolutive, capable de s’adapter à l’évolution des connaissances scientifiques.

« Nous devons agir à la racine du problème », martèle Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique. À ses côtés, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, insiste sur l’urgence à préserver les mers. « La Méditerranée suffoque sous les déchets plastiques. Il faut une réponse globale à la hauteur du péril. L’Appel de Nice traduit cette volonté collective. »

Barbara Pompili, ambassadrice déléguée à l’environnement, souligne l’importance de la dynamique enclenchée. À quelques semaines de la reprise des négociations à Genève, elle voit dans cette déclaration un signal d’espoir. « Nous montrons qu’une réponse internationale est possible, que l’ambition n’est plus l’apanage de quelques-uns, mais le moteur d’un consensus croissant. »

L’élan engagé à Nice s’inscrit dans une série de négociations entamées en 2022. Depuis l’adoption de la résolution fondatrice par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, cinq sessions de discussion ont déjà eu lieu — de Punta del Este à Busan, en passant par Paris et Nairobi. La prochaine étape, la session CIN-5.2, se déroulera à Genève du 5 au 14 août 2025. Elle sera décisive pour l’aboutissement du traité.

La France, hôte de la deuxième session de négociation en 2023, continue de jouer un rôle moteur dans ce processus. Tout comme l’Union européenne, elle milite pour un accord qui couvre l’ensemble du cycle de vie des plastiques : de la conception à l’élimination, en passant par la consommation. Ce principe de circularité, adossé à des mécanismes contraignants, constitue le cœur de la vision défendue par les signataires de l’Appel de Nice.

Loin d’un simple texte d’intention, cette déclaration reflète un basculement. Elle traduit la volonté de s’émanciper d’un modèle de production linéaire, fondé sur le jetable, pour construire un futur résilient. La voix des 95 pays réunis à Nice pourrait bien peser dans la balance lors des négociations de Genève. En attendant, c’est déjà une nouvelle dynamique internationale qui s’est dessinée sur les rives de la Méditerranée.

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