3 Novembre 2025
Troisième jour de mer pour la flotte du Rallye des Îles du Soleil 2025, et les alizés se font désirer. Le vent, attendu plus soutenu, a finalement molli au fil de la nuit, oscillant entre 8 et 12 nœuds de Nord-Est, avec de longues variations de direction entre le NNE et l’ENE. Un scénario délicat pour les équipages, contraints de multiplier empannages et ajustements de voiles pour conserver un cap optimal vers Mindelo, première escale de la traversée.
Malgré ces conditions changeantes, l’ambiance reste sereine à bord des voiliers : les équipages s’adaptent, bricolent, pêchent, lisent, cuisinent… et savourent ces heures suspendues, entre patience et horizon infini.
Lancé en 2017 par Grand Pavois Organisation, le Rallye des Îles du Soleil est aujourd’hui l’un des grands rendez-vous de la navigation hauturière en équipage. Cette traversée relie les Canaries à la Guadeloupe en passant par Mindelo, au Cap-Vert, sur près de 3 000 milles nautiques.
Plus qu’une simple régate, le rallye cultive un esprit d’entraide et de partage, réunissant chaque année des navigateurs venus d’horizons variés -familles, couples ou équipages d’amis- autour d’une même passion : celle du grand large.
Soutenu par un collectif de partenaires fidèles, parmi lesquels la Région Guadeloupe, la Communauté de Communes de Marie-Galante, les Marinas Calero, la Charente-Maritime, mais aussi des chantiers et équipementiers comme Amel, Dufour, Bali Catamarans, Fountaine Pajot, Pochon SA ou Garmin, l’événement conjugue aventure humaine, engagement territorial et promotion d’une navigation responsable.
La journée du 3 novembre s’annonce sous le signe de la légèreté : vent faible, mer belle et ciel voilé.
À bord de Samaria, Michel et son équipage ont connu une nuit “tranquille mais lente”, avec un vent autour de 11 nœuds. “Nous nous écartons légèrement de la zone pour chercher un peu plus de pression”, précise-t-il, cap au 226°.
Même constat sur Piment Rouge, où le spi asymétrique et la grand-voile pleine continuent de porter le bateau malgré un vent mollissant à 10 nœuds : “nous avons parcouru 498 milles en 72 heures, arrivée prévue jeudi si le vent ne baisse pas trop”.
Le calme impose souvent de la ressource : sur N’Team, Bernard raconte une nuit animée, marquée par un vent tournant qui les a fait “danser le manège” ; plusieurs 360° consécutifs avant de retrouver un flux stable. “Et pour corser le tout, nos deux lignes de pêche se sont emmêlées sous le bateau ! Une première baignade en vue pour vérifier tout ça.” Malgré la fatigue, l’équipage garde le moral : “les siestes seront bienvenues aujourd’hui.”
Pour Diaoul, la journée d’hier a été placée sous le signe de la réparation. “Anne-Laure est montée deux fois au mât pour sécuriser les drisses. Nuit sous spi, vitesse entre 5 et 7 nœuds. Nous avons vu une dizaine de dauphins en chasse ; spectaculaires.”
Même ambiance à bord de Littorina, où l’équipage a dû manœuvrer sans relâche pour suivre les variations de vent avant de recourir aux moteurs. Petite frayeur dans la nuit : “la visite inopinée d’une pirogue”, qui les a poussés à s’éloigner de la zone. “Le code D n’est pas réparable à bord, on attendra Mindelo !”.
D’autres bateaux profitent de ces conditions apaisées pour entretenir ou… célébrer. Sur Ozami, le calme plat a offert une parenthèse joyeuse : “fête d’anniversaire d’une équipière, petits plats, champagne et gâteaux maison”. L’équipe compte réparer la drisse usée du Code D avant la reprise du vent prévue mercredi.
Sur Liberty B&B, le moral reste excellent malgré une nuit difficile : “le parasailor a dû être affalé, le vent tourbillonnait entre NNE et NNW”, expliquent-ils. “Mais on savoure nos apéros au coucher du soleil en attendant de pêcher nos premiers sushis.” Même ton détendu chez Rebelote, qui plaisante : “pour le poisson, il faudra voir chez le poissonnier !”.
À bord d’Oïkia, la famille Demonchy s’est pleinement mise au rythme de la traversée : “le vent trop calme a rendu l’école difficile ce matin, mais les cookies d’hier ont été un succès !”.
Les journées s’enchaînent entre jeux de cartes, observation de dauphins et bricolages marins : “le grincement de la barre a été traité au WD-40, la nuit fut calme. Le rythme des quarts est enfin trouvé.” Ce matin, un ballet de poissons volants et un petit calamar ont accompagné le réveil de l’équipage.
Même sérénité sur Jackno, où la navigation “100 % voile depuis le départ” se poursuit sans encombre. “Hier, un grand banc de dauphins a dansé autour du bateau. Mer calme, tout va bien.”
La journée du 3 novembre restera sans doute celle de la “pétole”, ce calme plat redouté des marins. Plusieurs équipages, comme M Liberta, avouent “résister encore à la tentation du moteur” : “le vent trop instable rend la configuration papillon difficile. Pour passer le temps, on se lance dans la pâtisserie, inspirés par les copains !”.
Sur Moira, même constat : “la bonite est plus rapide à pêcher qu’à préparer ! Pétole en vue cet après-midi, baignade programmée.”
Les équipages gardent le cap, malgré les kilomètres qui s’étirent : pour Diaoul, il reste “539 milles avant Mindelo” ; pour Sea Garden, la route se poursuit plein ouest, “GV deux ris et Oxley déployé, cap 255°, vitesse 5 nœuds”.
D’ici mercredi 5 novembre, les prévisions annoncent un retour progressif du vent de Nord-Est entre 10 et 15 nœuds, toujours instable en direction. En attendant, la flotte savoure cette parenthèse atlantique faite de calme, de rires et de patience.
La mer s’apaise, les voiles claquent doucement, et les quarts s’enchaînent dans la lumière voilée du large : c’est la vie du Rallye des Îles du Soleil, entre lenteur et émerveillement, cap sur le Cap-Vert.