4 Novembre 2025
Quatrième jour en mer pour la flotte du Rallye des Îles du Soleil 2025, et l’Atlantique offre un visage paisible, presque trop. Le vent, toujours timide, oscille entre 8 et 12 nœuds de Nord-Est, avec de longues variations de direction du NNE à l’ENE. Cette instabilité oblige les équipages à redoubler de patience et d’inventivité pour maintenir le cap vers Mindelo, première escale du rallye.
Pour beaucoup, les voiles claquent mollement sous un ciel limpide ; le moteur, tabou pour certains, devient un allié inévitable pour d’autres. Le large, aujourd’hui, se vit sur un rythme lent et contemplatif.
Depuis sa création en 2017, le Rallye des Îles du Soleil, organisé par Grand Pavois Organisation, relie les Canaries à la Guadeloupe via Mindelo, au Cap-Vert. L’événement rassemble des passionnés venus de tous horizons pour une transatlantique conviviale, sans pression de compétition, où la sécurité et la solidarité priment sur la performance.
Soutenu par un collectif solide -Région Guadeloupe, Communauté de Communes de Marie-Galante, Marinas Calero, Département de la Charente-Maritime, Amel, Fountaine Pajot, Dufour Yachts, Bali Catamarans, et des partenaires techniques comme Adrena Software ou Pochon SA- le rallye symbolise une navigation responsable et collective, fidèle à l’esprit de la plaisance hauturière.
La flotte glisse doucement vers le sud-ouest, cap sur le 20e parallèle, au cœur d’un Atlantique d’huile. Sur Jackno, Bruno et Catherine résument la journée : “Temps estival, mer d’huile, chaleur et pétole. Pas un souffle de vent… Seule consolation : la douche est chaude.”
Même ambiance sur Sea Garden, contraint de passer au moteur à 23h : “Rien à dire sur les dernières 24 heures, vent calme et tournant. Nous avons croisé un groupe de globicéphales et une chouette !”. Plus au nord, Rebelote décrit la même situation : “Alternance voile-moteur toute la nuit. Nous avons bien l’impression que le vent est variable… en force et en direction !”.
Les équipages s’adaptent. Diva raconte sa transition : “Long bord sous spi hier, puis baignade dans l’océan avant de mettre le moteur. Poseidón nous a offert une belle prise au lever du jour : une bonite ou un petit thon !”. Liberty B&B, après plusieurs jours d’attente, partage la même joie : “Notre premier poisson ! Une belle bonite, bientôt transformée en sushis. Le moral est bon, même si nous avons dû serrer le parasailor et mettre un peu de moteur… bouhhh !”.
La lenteur du vent a au moins un mérite : elle favorise les échanges et les rencontres. Samaria a retrouvé le voilier Oïkia sur sa route : “Quelques mots à la VHF, des photos, des coucous et un peu de corne de brume pour fêter ça !” raconte la famille Demonchy. Sur Oïkia, la journée a d’ailleurs été studieuse : école à bord le matin, jeux de cartes et Playmobils l’après-midi, puis gâteau au programme du jour. “Le moteur tourne depuis hier soir, mais le moral est excellent”, précisent-ils.
À bord de Maeliz, la pêche reprend le dessus : “Hier midi, menu thon cru à la thaïlandaise. Navigation sous grand-voile et spi, cap 245°”. Même inspiration culinaire sur Samaria, où la pêche a été moins fructueuse, mais la cuisine plus que créative : “Ratatouille maison, tarte aux bananes et omelette aux sels de truffe du Périgord. Le moral est au beau fixe !”.
Les équipages profitent aussi du calme pour réparer et bricoler. Sur M Liberta, les aléas techniques continuent : “Mes lattes sautent toujours, nous avons pris deux ris à la grand-voile. Mais le moral reste bon : baignade, plancha, pâtisseries et séance cinéma sur le pont !”. Sur Littorina, la créativité passe par la cuisine : “Pain, galettes de semoule, houmous de betterave, curry thaï, ceviche de dorade… Littorina se dandine, la GV claque, et l’équipage se console !”.
Si le vent manque, la faune marine se charge du spectacle. Plusieurs équipages ont observé dauphins et baleines tout au long de la journée.
Moira s’enthousiasme : “Baleines croisées hier ! Mer plate, nuit étoilée et un lever de lune splendide. Vent porteur depuis la fin de nuit, génial !”. Jamcat, quant à lui, évoque un cachalot solitaire observé au lever du jour, avant de voir filer le 60 pieds Paprec Arkéa vers l’ouest.
Diaoul a lui aussi vu défiler les solitaires de la Transat Jacques Vabre : “Paprec Arkéa aperçu à 8h, nous sommes à 160 milles de la Mauritanie. Nuit sous moteur, puis spi ce matin sous un ciel bleu, 28°C. Il nous reste 421 milles pour Mindelo.”
Le vent n’a pas encore décidé de revenir, mais la solidarité entre bateaux reste intacte. Les communications VHF se multiplient, les messages s’échangent, et les photos de gâteaux, poissons et baignades s’invitent sur les réseaux du rallye.
Les plus impatients guettent le renforcement du vent annoncé pour mercredi et jeudi, avec un flux de 10 à 13 nœuds de Nord-Est, toujours instable mais suffisant pour relancer la flotte.
En attendant, l’Atlantique offre à chacun un temps suspendu : celui des traversées lentes, du partage, du silence et du ciel immense. Le Rallye des Îles du Soleil 2025 poursuit son chemin vers le Cap-Vert, avec la promesse d’un souffle nouveau à l’horizon.