ActuNautique.com

Le Vaurien... le bon élève de la classe ?

Dériveur léger monotype de 4.08m de long, le Vaurien compte parmi les bateaux qui ont accompagné, après-guerre, toute une génération de "terriens" à la pratique de la voile.

Le Vaurien, dans les années 50 et 60 - photos : Patrice - AS Vaurien
Le Vaurien, dans les années 50 et 60 - photos : Patrice - AS Vaurien
Le Vaurien, dans les années 50 et 60 - photos : Patrice - AS Vaurien

Le Vaurien, dans les années 50 et 60 - photos : Patrice - AS Vaurien

Avec l'Optimist, le 420 et le 470, le Vaurien fait partie de l'inconscient collectif des adeptes de la voile, indissociable des classes de mer de deux générations de plaisanciers.

C'est 1951 que Jean-Jacques Herbulot imagine le Vaurien, pour l'Ecole de Voile des Glénans, suite au désir manifesté un an auparavant par le Comité de Coordination des Ecoles de Voile, de disposer d'un voilier d'initiation robuste et bon marché.

La France d'après-guerre redémarre. L'automobile est encore un luxe ; on se déplace alors en train ou en autocar ; la pratique nautique n'en est qu'à ses balbutiements. 

Et pourtant, le formidable essor qu'elle va bientôt connaître est sur le point de germer, qui trouve ses racines dans une volonté tant politique qu'économique, dont les vecteurs seront des bateaux accessibles et simples à utiliser, l'investissement de toute une génération d'amoureux et de praticiens de la mer, et le développement des classes de mer, qui auront poussé des millions de petits citadins à découvrir le nautisme !

Les classes de mer et les petits urbains avides de naviguer seront justement à l'origine du succès des Vauriens.

A la base du développement de la voile

Car tel est le crédo de son créateur, l'architecte naval et navigateur Jean-Jacques Herbulot, qui croit dur comme fer à la démocratisation de la voile.

Le concept de ce petit voilier est simple, qui doit venir remplacer un autre modèle qu'il a imaginé dans les années 40, l'Argonaute, dont le principal défaut est d'être doté d'une quille fixe !

Pour gommer ce défaut, réduire les coûts et faciliter son usage, le Vaurien sera un dériveur, disposera d'un accastillage réduit à sa plus simple expression (le métal est cher et introuvable après guerre), et sera conçu pour être fabriqué à partir d'une seule feuille de contreplaqué !

Autant de caractéristiques révolutionnaires au début des années 50, et qui aboutissent à proposer un voilier... 5 fois moins cher que ses concurrents directs !

Son lancement en 1953 crée un véritable choc culturel dans le milieu de la voile, milieu alors réservé à une élite fortunée, poussant les clubs à s'équiper, et rendant accessible une pratique qui ne l'était pas !

Dès 1953, l'Ecole de Voile des Glénans passe ainsi commande auprès du Chantier Louis Costantini de la Trinité sur Mer de 100 exemplaires, tous aussitôt vendus, un engouement qui pousse l'école à lancer une seconde fabrication identique !

Cette même année voit la création de l'AS Vaurien, à l'initiative des premiers propriétaires de ce modèle, notamment Roland Garros (neveu de l'aviateur) et Jacques Derkenne (journaliste nautique), afin d'organiser la classe.

Un voilier construit en "grande série" concomitamment à la création de sa classe : cette double première constitue peut être en France l'avènement de la plaisance telle qu'on la connaît aujourd'hui...

36 000 unités construites

Car le succès ne se dément pas : entre 1954 et 1955, 900 autres Vauriens seront construits, qui essaiment le long des côtes au sein des Clubs de Voile, en particulier le Touring Club de France, et les Comités d'Entreprises, participant activement à l'essor du nautisme et de la voile. 

Il faut dire que le coût de fabrication d'un Vaurien est étonnament bas, deux fois le prix de celui d'une bicyclette ! Il est alors vendu dans les Grands Magasins, en particulier au Bazar de l'Hotel de Ville, à Paris.

Les chiffres parlent d'eux même, car le Vaurien sera in fine construit à près de 36 000 exemplaires, un chiffre qui fait rêver aujourd'hui, le bateau étant passé, à compter de 1965, au composite, une transition qui se sera faite dans la douleur, les formes du bateau étant peu adaptées à cette technique, déjà utilisée sur le 420 depuis 1958 !

Cette évolution technologique verra donc le bateau modifié, avec l'adoption de caissons latéraux remplaçant les flottaisons en mousse, et le rendant de surcroît redressable !

Concurrencé par les 420 (plus toilé, doté d'une dérive sabre bien pratique et acceptant l'utilisation d'un trapèze), les 470 puis les ZEF, le Vaurien connaîtra au fil des ans un lent déclin, et subira dans les années 80 un coup presque fatal avec l'arrivée de la Planche à Voile, qui, si elle remit la France sur l'eau, n'en constitua pas moins un coup très dur pour la pratique du dériveur.

Le renouveau dans les années 2000

S'il a bien failli disparaître avec les années, le Vaurien a trouvé un nouveau souffle dans les années 2000 avec des constructeurs comme Roga, X Nautica Boats et Marco Faccenda et des Associations Nationales, qui ont oeuvré de concert à moderniser le concept du Vaurien, pour le rendre plus performant

Ainsi, en 2009 est présenté un nouveau Vaurien, qui opte pour un plan de voilure plus grand, avec une grand-voile à corne de 3,8 m2 de plus au portant (+ 24 %) et un safran vertical, et s'allège ,passant à 73 kgs coque nue (contre 95) !! 

Des évolutions qui ne se feront pas sans peine, entre modernistes et classiques, mais qui ont le mérite d'avoir relancé la classe, avec un championnat du monde accueillant désormais près de 60 participants chaque année.

Le Vaurien : le bon élève de la classe ? A n'en pas douter...

=> accéder au site de l'AS Vaurien

Photos - AS Vaurien
Photos - AS Vaurien
Photos - AS Vaurien
Photos - AS Vaurien
Photos - AS Vaurien

Photos - AS Vaurien

Vaurien 2009

Longueur : 4,08m
Largeur : 1,48m
Poids : 73kg (coque seule)
Grand-voile : 7,60m²
Foc : 2,90m²
Spi : 9,40m²

Vaurien Classique

Longueur : 4,08m
Largeur : 1,48m
Poids : 73kg (coque seule)
Grand-voile : 5,60m²
Foc : 2,50m²
Spi : 8,10m²

Vaurien Tradition

Longueur : 4,08m
Largeur : 1,48m
Poids : 95kg (poids total)
Grand-voile : 5,60m²
Foc : 2,50 m²
Spi : 8,10m²

Partager cet article

Repost0