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Pourquoi la Marine Nationale réclame-t-elle un nouveau porte-avions ?

A l'échéance des élections présidentielles, la Marine Nationale a demandé aux candidats de s'engager pour le second porte-avions français, une demande souvent effectuée au cours de la décennie passée…

Pourquoi la Marine Nationale réclame-t-elle un nouveau porte-avions ?

Un second porte-avions de 60 000 tonnes pour 300 mètres de long représenterait un investissement estimé à 4,5 milliards d'euros.

Alors que la France a longtemps tergiversé et toujours remis à plus tard le projet, les Etats-Unis ont lancé le 8 avril le nouveau fleuron de leur flotte, le porte-avions USS Gerald R. Ford, de 337 m. de long. Ils envisagent également de renouveler leurs onze autres porte-avions. 

Le seul porte-avions français à l'heure actuelle est le Charles de Gaulle, mis en service en 2001 ; il a parcouru plus d'un million de kilomètres autour du globe et effectué plus de 40 000 catapultages. Il s'est notamment déployé dans le cadre de diverses missions au large de plusieurs pays en guerre, comme l'Afghanistan, la Libye, le Liban, la Syrie et l'Irak… 

Et il est en ce moment en cale sèche à Toulon pour un chantier de remise à niveau, chantier qui ne durera pas moins de… 18 mois, dans l'objectif de le faire durer jusqu'en 2041. Cette indisponibilité de plus d'un an s'ajoute aux 18 mois d'un autre Arrêt Technique Majeur (ATM), survenu en 2007, et aux huit mois d'IEI (Entretien Intermédiaire) en 2013… 

Le Charles de Gaulle a ainsi été indisponible pendant 3 ans et demi, sur les 16 années de service. Ce qui représente pour la France 3 années sans les « 42 000 tonnes de diplomatie » du seul groupe aéronaval de la Marine Nationale.

Il est vrai que l'idée d'un second porte-avions dans une période de coupes budgétaires peut à première vue paraître absurde, car il faut tout de même considérer les besoins des trois armées dans leur globalité : équipement de base du fantassin, fusils, etc.

Mais un second porte-avions pourrait se révéler utile, et même indispensable dans le contexte actuel, avec un terrorisme qui s'est mondialisé, des conflits régionaux qui surgissent régulièrement et les tensions internationales dans le Pacifique.

« La question du porte-avions est ravivée par l'affirmation de puissances émergentes ou ré-émergentes dans la sphère navale », analyse Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l'Institut Thomas More, dans une note sur la question publiée le vendredi 14 avril. 

Un porte-avions permet, atout non négligeable, de s'affranchir des accords internationaux pour l'utilisation de bases au sol. La Russie a par exemple utilisé son porte-avions Amiral Kuznetsov en Méditerranée pour ses opérations en Syrie, et envisage un deuxième porte-avions de 100.000 tonnes, soit plus de deux fois la taille du Charles de Gaulle

Un deuxième porte-avions permettrait surtout d'assurer, même si l'un des deux bâtiments était en maintenance, la présence continuelle de la Marine française et ses capacités de projection sur toutes les mers du globe. A titre d'exemple, le Charles de Gaulle n'est aujourd'hui disponible que 60 % du temps. 

La France semble être plus frileuse (en raison du coût?) que d'autres pays, comme les Etats-Unis, qui posséderont bientôt 12 porte-avions, dont le dernier-né peut embarquer 80 avions (40 pour le Charles de Gaulle) ; l'Inde et le Royaume-Uni auront chacun 3 porte-avions à l'horizon 2018, et la Chine 4 en 2025.

Le coût d'un programme de porte-avions est toutefois à relativiser. Jean-Sylvestre Mongrenier, de l'institut Thomas More, l'estime à un chiffre allant de 3 à 4,5 milliards d'euros, à étaler sur dix ans, soit « 1,5% du budget de défense et 0,02% du PIB », une somme acceptable si l'on tient compte de l'augmentation prévue par la plupart des candidats à l'élection présidentielle du budget de défense à 2 % du PIB. 

Les véritables avantages de la Marine Nationale aujourd'hui sont ses sous-marins nucléaires, les trois Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC), porte-hélicoptères de dernière génération, et ses nouvelles frégates FREMM et frégates antiaériennes Chevalier Paul et Forbin.  

A noter que les deux candidats qualifiés pour le second tour sont favorables à la construction d'un tel navire ; Emmanuel Macron souhaite lancer le plus rapidement possible les études préalables à la construction du navire, décision que défendaient également François Fillon et Benoît Hamon. 

Marine Le Pen désire même, dans un entretien accordé à la revue DSI, « lancer immédiatement la construction d'un second porte-avions »,  une promesse difficile à tenir pour la candidate d'extrême-droite, car développer un tel programme ne peux pas se faire sans effectuer en amont des études de construction…

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