22 Juin 2018
Alain Goma, un agent commercial de 54 originaire de Béziers (Hérault), a atteint le port d'Hodeida le 3 juin dernier, à bord de son voilier Jehol 2, « pour se réapprovisionner, notamment en eau », indique le Quai d'Orsay.
« Compte tenu de la situation actuelle dans cette zone, il est depuis lors dans l'impossibilité de quitter ce port », explique-t-on au ministère des Affaires étrangères, « qui agit dans l'objectif de lui permettre de quitter le Yémen ».
Le 13 juin dernier, les forces pro-gouvernementales yéménites, appuyées par la coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite, ont attaqué cette ville portuaire de 600 000 habitants contrôlée par les rebelles Houtis. C'était jusqu'alors le principal point d'entrée de l'aide humanitaire (70 %) au Yémen, un pays en pleine guerre civile depuis 2014. La France devrait participer au déminage du port.
Christine Goma, la sœur d'Alain Goma et administratrice d'une page Facebook portant le nom du voilier Jehol 2, a confirmé à l'AFP que le dernier contact du navigateur avec sa famille remontait au 3 juin : « Alain nous a envoyé un texto le 3 juin, il était alors au Yémen, au port de Hodeida, il a confirmé qu'il venait de recevoir beaucoup d'eau et appris qu'il était dans une zone de guerre. »
Parti en août 2017 de Valras, dans le sud de la France, il devait rejoindre Djibouti après la traversée du canal de Suez avant de poursuivre vers l'Est. « Il n'y avait pas assez de vent et sa capacité d'eau n'était pas suffisante pour les trois derniers jours jusqu'à Djibouti », explique Christine Goma.
« Notre père a contacté le CROSS [Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage, ndlr] Gris-Nez », le correspondant français auprès des centres de recherche et de sauvetage étrangers, a-t-elle ajouté.
« Le 11 juin, le ministère des Affaires étrangères, qui avait été alerté par le CROSS, nous a informés qu'Alain était détenu par les douanes yéménites », précise-t-elle. « On ne sait pas si cela reste une affaire à caractère administratif ou s'il y a plus d'enjeux derrière », note-t-elle en référence à une possible arrestation par les rebelles Houthis, une situation évoquée par certains médias locaux.
La guerre civile yéménite oppose depuis 2014 les forces gouvernementales appuyées par l'Arabie Saoudite aux rebelles Houtis, soutenus par l'Iran. Le conflit a fait au moins 10 000 morts et près de 50 000 blessés, dont de nombreuses victimes civiles. L'ONU l'a qualifié de « pire crise humanitaire du monde », avec des millions de personnes vulnérables à la famine et aux épidémies.