Alors que l'édition 2018 du Yachting Festival bat son plein, le chantier finlandais se distingue sur le marché des bateaux à moteur de 23 à 46 pieds comme étant le seul à proposer une personnalisation semi-custom de ses unités. Sébastien Seydoux, président de Snip Yachting, importateur français du chantier, nous explique cette démarche sur ActuNautique. 

Sébastien Seydoux, avant de nous expliquer la stratégie semi-custom de Targa, pouvez-vous nous présenter le chantier ?

Sébastien Seydoux - Les bateaux Targa sont construits en Finlande, chez Botnia Marin, un chantier familial. C’est une niche de par le nombre d'unités qui sont disponibles sur le marché mondial (100 – 120 bateaux dans le monde par an), sachant que le chantier dispose de 2 sites de production sur le Golfe de Botnie et emploie 250 employés.

Quel est l'ADN d'un Targa, Sébastien Seydoux ? 

Sébastien Seydoux - L'ADN des Targa est très particulier. Ce sont des bateaux atypiques aussi bien en terme de design qu’en terme de prestation à bord, de performances. Les Targa ressemblent à très peu d’autres bateaux ; Il s'agit d'unités robustes, quasi-indestructibles, pérennes, presque écologiques puisqu’un Targa ne se remplace pas mais s’entretient, à tel titre d'ailleurs que certains Targa importés en 1988 naviguent encore aujourd’hui ! 

L’ADN Targa se forge vraiment à partir du Targa 25, le deuxième bateau lancé par Botnia Marin (après le 23, plutôt éloigné du design actuel de la gamme). Le Targa 25, avec son design assez seventies, innovait déjà à l’époque sur la coque, qui était semi-planante et moussée à la demande, ce qui la rendait insubmersible. Avec les premiers moteurs Volvo Z Drive et sa coque à semi-déplacement, le Targa 25 glissait sur l’eau comme un hors-bord, avec une timonerie très agréable car elle protégeait énormément les utilisateurs dans toutes les conditions, qu’elles soient musclées, trop froides ou trop chaudes.

Dès le début avec le Targa 25, le chantier a misé sur un très vaste programme de personnalisation, avec une cabine allongée ou plus courte, pour favoriser soit son habitabilité, soit le volume de son cockpit. Cette volonté d'adapter les Targa aux programmes de navigation des propriétaires en changeant des éléments importants du bateau, ont dès le départ consisté dans du semi-custom. De fil en aiguille, les bateaux ont évolué et presque 40 ans après, Targa propose une quinzaine de coques différentes, pour un nombre infini d'adaptations possibles ! 

Dans l'ADN des Targa, il y a aussi les capacités marines...

Sébastien Seydoux -  Les capacités marines de ces bateaux ont tout de suite été reconnues par les professionnels, d’où la signature de marque de 4 x 4 des mers qui s'est vite imposée. De fait, ces qualités marines sont devenue une référence, une façon de naviguer, aussi bien pour les professionnels que pour les particuliers qui aiment partir en croisière hauturière, se sentir en sécurité, aller vite ou prendre le temps, et surtout pouvoir aller partout !

La sécurité inhérente aux Targa vient de la conception walkaround des bateaux, où l’on tourne autour de la pilot-house (timonerie), implantée au centre du bateau. On est entouré de rambardes, de franc-bord, de portes ; on ne craint jamais de tomber à l’eau, même dans les conditions les plus musclées… 

Piloter un Targa, c’est aussi très plaisant car ce sont des bateaux agréables, doux, silencieux, avec des moteurs hors-bord ou Z Drive qui sont à l’arrière, dans une cale dédiée ; on parle à tout l’équipage dans un confort absolu, on est vraiment à l’abri. La plupart des Targa sont classés en catégorie B (4 mètres de creux), insubmersibles car les coques de nos bateaux sont moussées à 80 %, ce qui améliore en plus la qualité phonique et thermique du bateau. 

C’est un produit en dehors du temps, réservé à des clients qui sont des amateurs de voyage, de liberté et qui aiment se faire plaisir en mer pour quelque activité que ce soit : nous avons déjà vendu des bateaux au Groenland pour faire du transport de personnes, ou encore en configuration pêche/promenade à l’île Maurice (un Targa 32), nous pouvons faire des études pour des services professionnels de plongeurs, nous en avons aussi sur le lac de Genève en bateaux de garde… 

Les Targa sont vraiment des bateaux « multi-purpose », ultra-polyvalents, des couteaux-suisses qui peuvent tout faire, parce que ce sont des bateaux totalement personnalisables au travers d’un programme semi-custom.

Justement, du semi-custom de 23 à 46 pieds sur des bateaux à moteur, avec un process industriel, ce n'est pas fréquent...

Sébastien Seydoux - C'est même quasiment unique sur cette taille de bateaux, puisque le concept de semi-custom s'applique généralement sur des yachts de plus de 60 pieds !

Aujourd'hui, il est difficile de visiter deux Targa identiques, car chaque lancement de nouveaux modèles s'accompagne de nouvelles possibilités de customisation, qui généralement se déclinent à posteriori sur le reste de la gamme !

Comment gérez-vous le projet de chaque nouveau propriétaire ?

Sébastien Seydoux - Snip Yachting est le trait d'union entre le futur propriétaire d'un Targa et le chantier. Nous agissons comme un chef de projet afin d'imaginer le Targa qui répondra le mieux à ses attentes, ce qui nécessite de bien écouter les besoins exprimés, de partager les expériences vécues par d'autres propriétaires, et de puiser dans les vaste catalogue des différentes customisations possibles pour chaque modèle.

Pour ce faire, nous disposons d'un salon d'accueil spécifique à Ouistreham, confortable, surplombant le showroom dans lequel nous exposons nos Targa, dans lequel nous pouvons prendre le temps de présenter les différents modules de customisation - sur le 32, il y en a près de 20 ! - ainsi que les matériaux pour les vaigrages, qu'il s'agisse de cuirs, d'alcantara, de tissus, de bois...

Il est très important de savoir prendre le temps d'échanger et de partager, afin d'aboutir au meilleur résultat possible.

Etes vous déjà allé... au delà de ce qui est proposé par le chantier ?

Sébastien Seydoux - Dans certains cas, le besoin exprimé par le client n'existait pas encore, ce qui nous a conduit à soumettre l'idée au chantier et plusieurs innovations imaginées à la Snip ont été intégrées chez Targa, en Finlande, comme le black-mask ou la version hors-bord !

Si l'on s'intéresse maintenant à la customisation, comment cela se présente-t-elle dans la pratique ?

Sébastien Seydoux - Il y a en fait 2 niveaux de customisation des Targa, le premier concernant la structure du bateau, et le second sa personnalisation intérieure.

Le premier niveau concerne les portes (latérale, arrière, baie vitrée coulissante...), le type de fly ou de casquette de roof, la taille du carré, le volume extérieur de la cabine avant... Il est très axé sur les besoins du client, notamment en terme de programme de navigation. 

Le second s'applique au choix des matériaux, des couleurs, de l’équipement électronique… Dans ce domaine, nous pouvons nous adapter à toutes les préférences du client en terme de finitions intérieures, que ce soit de l’alcantara, du cuir, du teck, des ouvertures supplémentaires, des rideaux, des stores, des stores en teck, des luminaires, des feux de pont pour travailler la nuit… 

Il y a peu de limites à la personnalisation, et nous nous faisons un point d'honneur à être des moteurs d’idées ; pour des clients qui n’ont peut-être pas d’idées précises, nous organisons des tours avec des modèles de démonstration qui nous permettent de montrer les différentes possibilités existant. 

Quelles sont les tendances d'aménagements intérieurs plébiscitées par vos clients ?

Sébastien Seydoux - C'est très difficile de tirer des généralités, tant nos clients sont différents... Un fait est certain, est que l'intérieur d'un Targa est un vrai cocon dans lequel on se sent bien... avec ce teck huilé et le très haut niveau de finition.

Certains de nos clients vont imaginer un intérieur se rapprochant de l'intérieur de leur voiture, avec des sièges en cuit épais sombres ou au contraire havane et des vaigrages en alcantara clair ; d'autres préféreront un univers plus nautique, avec des assises en alcantara clair rehaussées d'un beau passepoil  bleu assorti aux rideaux... 

Sébastien Seydoux, combien de temps faut-il pour élaborer son Targa ?

Sébastien Seydoux - Cela dépend du client, mais généralement, ils veulent aller assez vite et comme nous sommes une équipe de passionnés, nous savons nous adapter à leur vitesse, le délai final dépendant surtout des disponibilités de coques, car avec un bateau de niche comme le Targa qui rencontre du succès, nous devons anticiper les réservations de slots… 

Votre démarche semi-custom s'arrête t-elle à la livraison du bateau ?

Sébastien Seydoux - La relation avec nos clients débute au contraire à ce moment là !! Un Targa bien entretenu peut tenir 20 à 30 ans en mer sans nécessiter de réparations, car c’est un bateau rare, exclusif et presque indestructible !

Nous faisons donc tout pour que la relation avec le client soit honnête, claire et précise, parce qu’un bateau est un bel objet, très compliqué techniquement parlant, qu’il faut tout créer à bord et que les petits soucis existent car le milieu marin est très rude. 

Même si le bateau est à 1000 ou 10 000 km de chez nous, nos clients sont en relation directe avec notre chef de chantier à Ouistreham, comme c’est le cas pour le Targa 32 de l’île Maurice... 

Nous pouvons envoyer un colis avec des pièces en donnant des conseils au client ou au technicien qui s’occupe de son bateau sur place. Nous nous battons pour être toujours à leurs côtés. Nous pouvons les aider par téléphone ou, si le problème est plus rare ou grave, nous déplacer si cela peut faire avancer la situation. 

Nous pouvons aussi nous appuyer sur un motoriste, si le client attend une pièce… Nous voulons vraiment suivre tous nos clients pour pouvoir les dépanner, même s’ils l’achètent à l’étranger ou d’occasion.

Notre intérêt est vraiment que tous les Targa naviguent, qu’ils soient les plus beaux et que tout se passe le mieux possible !