18 Janvier 2019
La fonte annuelle des glaces de l’Antarctique n’a jamais été aussi rapide : environ six fois plus qu’il y a quarante ans.
Cette accélération inédite entraîne une hausse accrue du niveau des océans, selon les résultats d’une étude scientifique parue le lundi 14 janvier.
D’après un compte-rendu de l’Académie américaine des sciences (PNAS), la fonte des glaces du continent polaire est responsable au total d’une hausse de 1,4 centimètres du niveau des océans entre 1979 et 2017.
Une élévation inquiétante, que l’accélération récente de la fonte des glaces de l’Antarctique va accentuer dans les années à venir.
« Avec la calotte antarctique qui continue de fondre, nous prévoyons une hausse du niveau des océans de plusieurs mètres à cause de l'Antarctique dans les prochains siècles », relève Eric Rignot, le président de la chaire de système scientifique de la Terre à l'Université de Californie (Irvine).
Des prévisions alarmantes, d’autant plus qu’une hausse de seulement 1,8 mètres d’ici à 2100 provoquerait l’inondation de nombreuses villes côtières dans le monde, ce qui aurait un impact sur des millions de personnes, comme l’ont déjà démontré plusieurs études.
Les chercheurs de l’Académie américaine des sciences ont mené pour cette étude parue lundi la plus longue évaluation de la masse des glaces dans 18 régions de l’Antarctique.
Ils se sont appuyés pour cela sur des données issues de photographies aériennes de haute résolution prises par des avions de la NASA et sur des images satellites provenant de plusieurs agences spatiales.
Ces images ont permis de déterminer qu’entre 1979 et 1990, le continent avait perdu 40 milliards de tonnes de masse glaciaire par an. Un chiffre passé depuis 2009 et jusqu’en 2017 à 252 milliards de tonnes par an.
Les scientifiques ont également repéré des zones à risques à l’Est du continent, une zone qui était autrefois considérée comme « à l’abri du changement ».
« Cette région est probablement beaucoup plus sensible au climat que ce qui était traditionnellement présumé, et c'est important de le savoir parce qu'elle a davantage de glace que l'Antarctique de l'Ouest et la péninsule Antarctique réunies », explique Eric Rignot.
L’Antarctique renferme aujourd’hui suffisamment de glace pour entraîner une élévation de 57 mètres du niveau des océans ; la grande majorité de cette glace est concentrée à l’Est du continent et représente presque la moitié des réserves d’eau douce de la planète.
Le rapport de l’Académie américaine des sciences souligne que les recherches récentes devraient porter une attention accrue à la fonte des glaces dans cette région, car cette seule zone à l’Est du continent pourrait ainsi faire monter de 52 mètres le niveau des mers.
Un étude publiée en septembre 2018 dans la revue Nature révélait les résultats d’analyses de sédiments du plancher océanique déposés lors de la dernière fonte du bassin sous-glaciaire de Wilkes, dans cette région, il y a 125 000 ans.
Ces résultats ont montré que ce bassin immense recommencerait à fondre si la température augmentait de 2 °C, limite haute fixée par l’Accord de Paris contre le réchauffement climatique.
D’après les scientifiques, le réchauffement des océans accélérera encore davantage la fonte des glaces et le niveau des mers continuera à s’élever pendant plusieurs siècles, quels que soient les efforts réalisés actuellement pour combattre le réchauffement climatique.