30 Janvier 2019
Pour atteindre le Cap de Bonne-Espérance, le skipper Yann Guichard et ses 11 hommes d’équipage ont dû contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène pour toucher les vents portants des mers australes, soit 700 milles de plus sur l’eau.
Le premier des trois caps symboliques du Trophée Jules-Verne, le Cap de Bonne-Espérance, a été débordé après 12 jours, 13 heures et 8 minutes, soit l’un des meilleurs temps de cette course hors-normes créée en 1993.
Mais c’est au Cap des Aiguilles, à plusieurs dizaines de milles au Sud-Est, que le temps de référence prend toute son importance, car cette pointe africaine marque géographiquement le passage dans l’Océan Indien.
Or pour y arriver, le maxi-trimaran a dû faire le tour de l’anticyclone de Sainte-Hélène, traverser une dorsale avant de pouvoir enfin virer à gauche et viser le Cap des Aiguilles.
Malgré ce détour important, Spindrift 2 garde une marge d’avance de 6 heures et 43 minutes (soit environ 300 milles) sur le record de Francis Joyon.
Le trimaran a mis ainsi 12 jours, 14 heures et 58 minutes pour atteindre le Cap des Aiguilles depuis Ouessant, et 7 jours et 17 heures pour déborder cette même pointe depuis l’équateur.
« On a dû faire un grand détour pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène : il a fallu attendre le 40° Sud avant de commencer à tourner à gauche ! C’était assez extrême, mais nous n’avions aucune possibilité de « couper le fromage » : il a fallu prendre notre mal en patience surtout que nous avons eu un vent de travers avec une mer de face pas facile à négocier… Depuis trois jours, on allonge la foulée dans la bonne direction et cela fait du bien au moral : on vient de passer le cap de Bonne-Espérance et on reste dans les objectifs que nous nous étions fixés. » raconte Yann Guichard après avoir passé le cap des Aiguilles.
Forts de ce temps de référence à l’entrée de l’Océan Indien, qui reste le troisième meilleur chrono du Trophée Jules-Verne, le skipper, son équipage et leur routeur à terre, Jean-Yves Bernot, sont plutôt confiants pour la suite puisque l’anticyclone des Mascareignes (Sud de Madagascar) est bien installé sur l’île Crozet et se déplacera les jours prochains au Nord de l’archipel des Kerguelen, poussé par une dépression australe.
Déjà à une vitesse moyenne de plus de 35 nœuds depuis trois jours, le trimaran noir et or pourra ainsi maintenir ce rythme soutenu sur une mer relativement maniable en passant au Sud des Kerguelen !
« Il fait jour depuis deux heures et on sent bien qu’on est dans l’océan Indien ! On va bientôt passer le 50° Sud et il fait gris avec une mer à 2°C… Mais avec des albatros qui nous accompagnent : c’est magnifique ! On a donc de bonnes conditions pour aller vite vers les Kerguelen qu’on laissera dans notre Nord puisqu’on risque de descendre jusqu’au 53-54° Sud. Mais on va aussi avoir des icebergs devant nous à partir de mercredi : il va falloir veiller au radar et aux lunettes à infra-rouges. Cela s’annonce un peu tendu… On devrait longer l’anticyclone en se faisant propulser par les dépressions australes : c’est plutôt bien jusqu’aux Kerguelen, mais après, on va avoir plusieurs empannages à effectuer ce qui nous ralentira un peu. On devrait toutefois traverser assez vite cet océan Indien sans perdre trop de temps, en espérant ne pas être en retard à l’entrée du Pacifique, au Sud de la Tasmanie. » indique le skipper de Spindrift 2.
Si cette trajectoire au Sud permet de raccourcir la route tout en bénéficiant d’un flux portant soutenu, le fait de descendre jusqu’au 53° Sud pose cependant le problème des glaces dérivantes, dont un certain nombre d’icebergs sont identifiés clairement par les satellites de CLS.
Sur ce tronçon de parcours, le trimaran va devoir être très véloce car Francis Joyon et son équipage avaient effectué une traversée de l’océan Indien extrêmement rapide (ils sont encore détenteurs du record WSSRC (5j 21h 08') !)
Mais les capacités de Spindrift 2 laissent espérer qu’il conservera encore un peu d’avance sur le temps d’IDEC Sport au Sud de la Tasmanie, longitude névralgique entre l’océan Indien et le Pacifique…