ActuNautique.com

Oléron - le chantier Ocqueteau en redressement judiciaire cherche un repreneur

Le 18 septembre dernier, au premier jour du salon nautique du Grand Pavois de La Rochelle, Christian Monier, patron du chantier naval oléronais, déposait la demande de redressement judiciaire d'Ocqueteau, en cessation de paiement, au tribunal de commerce de La Rochelle.

Oléron - le chantier Ocqueteau en redressement judiciaire cherche un repreneur

C'est un véritable coup dur pour la filière nautique de Charente Maritime, que la mise en redressement judiciaire du chantier Ocqueteau.

Basé sur l'Ile d'Oléron et voisin direct du chantier Guymarine-White Shark, Ocqueteau a toujours été un acteur incontournable de la filière, au travers de sa gamme de bateaux dédiés à la pêche-promenade, réputés pour leur robustesse de construction et leurs qualités marines.

Ayant un temps été dans le giron du vendéen Jeanneau, Ocqueteau a pris son indépendance en 1996 avec son rachat par Jean-Pierre Mellier, qui a fait prospérer l'affaire, surfant à l'époque sur l'engouement pour le marché des bateaux de type pêche-promenade, ces timoniers inboard particulièrement bien adaptés à l'Atlantique.

Fortement touché par la crise de 2008, mais ayant évité le pire, le chantier, réorganisé à la taille de son marché, est cédé en 2013 à Christian Monier, un cadre financier du groupe automobile PSA, ayant dirigé sa filiale chilienne, qui souhaite alors insuffler son expérience à une entreprise forte d'une bonne notoriété, mais à l'image vieillissante.

Ocqueteau victime de sa sous-capitalisation

Sous la férule de Christian Monier, le chantier comprend l'évolution du marché de l'inboard au hors-bord, et la nécessité de proposer des coques open.

La gamme de timoniers Ostrea voit son offre hors-bord élargie, et le chantier lance les coques open Abaco, une évolution qui rajeunit l'offre produit d'Ocqueteau, dans un contexte de forte pression concurrentielle, pour un chantier qui construit ses bateaux en France.

De 2013 à 2018, le chiffre d'affaires d'Ocqueteau passe de 1.7 à 4.2 millions d'euros, pour 138 bateaux construits. Le succès des Ostrea et Abaco est au rendez-vous et le mix-produit inboard-hors bord passe de 33% à 25% depuis la reprise, le chantier bénéficiant en outre de bons reports de ventes, depuis l'arrêt des offres inboard par des chantiers comme Jeanneau, Bénéteau et Quicksilver Arvor.

Las, cette croissance met en avant un besoin en fonds de roulement trop faible, le chantier manquant cruellement de capitaux.

La croissance d'activité est de fait très consommatrice de cash dans le nautisme, une consommation exacerbée par la saisonnalité de l'activité, une partie de l'année consistant à produire et l'autre à vendre. In fine, "plus le chantier croît, plus il se fragilise", indique Christian Monier à ActuNautique.

Dans ce contexte, le chantier fait appel l'an dernier à la région pour bénéficier d'un concours financier, auquel la région répond favorablement.

La fin de l'année 2018, entre gilets jaunes et hausse de la CSG, touche cependant une grande partie de la clientèle d'Ocqueteau, les commerçants et retraités intéressés par des bateaux de 5 à 8m. Les ventes du chantier se figent, avant de chuter de 20%, et à fin aout 2019, son chiffre d'affaires s'établit à 3.3 millions d'euros.

En parallèle, l'activité à l'export du chantier, qui représente 20% de son chiffre d'affaires, connaît des difficultés sur ses deux marchés principaux, la Grande-Bretagne et l'Espagne, le premier sans doute du fait du Brexit - qui a congelé les ventes de bateaux neufs - et le second sans doute du fait de la pression concurrentielle.

Ocqueteau à  la recherche d'un repreneur

Si la Grand Pavois de La Rochelle voit les ventes repartir - ventes stocks et bateaux disponibles en cours de fabrication - la faiblesse du niveau des pré-commandes incite Christian Monier à déposer le bilan de l'entreprise mi-septembre, en vue de trouver un repreneur.

"Avec quelques années de recul", déclare t-il à ActuNautique, "je me suis rendu compte que je manquerais de moyens pour investir dans le plan de relance. De fait, j'ai toujours manqué de capitaux, ce qui a freiné la croissance du chantier, malgré un repositionnement de l'offre produit plutôt bien accueillie par le marché. Depuis deux ans, notre projet Ocqueteau RC10, imaginé avec l'ancien directeur du style de Ferrari, est en stand-by pour ces mêmes raisons. Aujourd'hui, je souhaite trouver un repreneur qui puisse apporter 1 million d'euros de cash et 1.5 million d'euros d'activité supplémentaire à l'usine, ou deux millions de cash sans activité supplémentaire. Ocqueteau dispose d'une belle unité de production de 6000m2 à Oléron, dont la holding est propriétaire, et d'une équipe très professionnelle. Le fait de produire en France quand nos compétiteurs produisent majoritairement en Pologne ne constitue pas un obstacle majeur, du fait de la souplesse de notre structure, de notre réactivité et de l'absence de frais de transports et de frais masqués, le différentiel final de coûts étant finalement plus réduit que ce que l'on pourrait penser. Ocqueteau a de très nombreux atouts pour séduire un investisseur conscients des réalités économiques du nautisme, et souhaitant développer une marque forte".

Dans le cadre d'une reprise, Christian Monier précise qu'il serait prêt à accompagner le repreneur sur une période d'au moins un an.

C'est tout ce que l'on souhaite à ce beau chantier, cette belle marque de bateaux familiaux et ses 39 salariés.

Partager cet article

Repost0