12 Novembre 2019
La drogue arrive « au gré des marées » sur la façade atlantique. Depuis plusieurs semaines, la police et les douanes enquêtent sur ces paquets contenant de la drogue, plus d’une tonne au total (1010 kg), dont de la cocaïne.
Le phénomène concerne toute la côte atlantique, des Landes au Finistère. « Le spectre géographique tend à s’étendre, des Landes à la pointe bretonnes », a annoncé Philippe Astruc, le procureur de Rennes, suite à la découverte aujourd’hui d’un paquet de 5 kilogrammes à Camaret-sur-Mer, dans le Finistère. Ces ballots de drogue sont observés « depuis la mi-octobre, avec une intensification depuis le 4 novembre », ajoute-t-il. Le premier paquet a été trouvé le 4 novembre à Saint-Jean-de-Monts, en Vendée.
« Il ressort que ces emballages échoués sont en réalité des ballots contenant des produits stupéfiants, et notamment de la cocaïne présentant un degré de pureté important », et « de ce fait particulièrement dangereuse ». Il s’agit de « ballots de cocaïne “base”, pure à 83 % » et ils « s’échouent sur la façade atlantique », précise le procureur.
« Des surveillances intensives ont été mises en place par les différents services notamment les douanes tout le long du littoral français », souligne Philippe Astruc. « A ce jour, une quantité très significative de stupéfiants a ainsi pu être récupérée » et « au vu du nombre important de points de découverte », la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes a été saisie. Elle sera chargée de « centraliser les recherches initialement diligentées localement par les parquets de Saint-Nazaire, Bordeaux ou Dax ».
En Gironde, des promeneurs ont découvert depuis jeudi ces paquets de cocaïne sur les plages de La Teste et Arcachon. Le parquet de Bordeaux évoque des « quantités importantes » retrouvées. Les briques comportent toutes une étiquette sur laquelle est écrit « Brillante » ou « Diamante ». Des termes qui pourraient indiquer la qualité de la marchandise. Des paquets étiquetés de manière semblable avaient déjà été retrouvés sur des plages de Foride, de l’autre côté de l’Atlantique, suite au passage de l’ouragan Dorian.
Une source a décrit à l’AFP des paquets échoués « de manière éparse » depuis un mois tout au long du littoral atlantique, de la Loire-Atlantique jusqu’au Pays Basque, en passant par la Gironde ou la Vendée, qui arrivent « au gré des marées ».
Plus de 30 kilos de cocaïne ont été retrouvés par les douaniers autour de Bayonne, avant d’être hélitreuillés vers La Rochelle. 73 kilos ont été retrouvés dans le secteur de Biscarrosse – Cap Ferret. 5 kilos auraient été retrouvés à Biarritz, ainsi que 6 kilos à la Tremblade, en Charente-Maritime.
La gendarmerie a lancé « un message de vigilance aux particuliers qui découvriraient de tels ballots sur le littoral », et les a incités à appeler immédiatement le 17 sans y toucher. « Le contenu et le contenant peuvent s’avérer dangereux pour la santé », expliquent les gendarmes. Ces paquets peuvent présenter un risque « au toucher » et/ou provoquer des « émanations ».
La préfecture de Bordeaux a annoncé que 5 communes avaient déjà fermé leurs plages en Gironde (Lège-Cap-Ferret, Naujac, Lacanau, Le Porge, Hourtin), et que d’autres pourraient suivre.
Le parquet de Rennes a annoncé que « toute découverte doit être immédiatement portée à la connaissance des services de police ou de gendarmerie sans aucune manipulation », et que transporter ces produits est un délit passible de 10 ans de prison ferme.
Le parquet de Bordeaux a annoncé qu’un jeune de 17 ans avait été interpellé lundi par les gendarmes, en possession de 5 kg de cocaïne ramassés sur la plage de Lacanau, interdite au public.
La tâche s’annonce difficile pour les enquêteurs chargés de déterminer l’origine de ces arrivages de drogue : « Plusieurs hypothèses sont envisageables, mais nous privilégions à cette heure un délestage à la suite d’une avarie ou d’une tempête », a déclaré Philippe Astruc.
L’enquête a été confiée par le parquet de Rennes à la section de recherches de la gendarmerie maritime, au groupement de gendarmerie de la région Pays de la Loire et à l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Octris) « travaillant de concert », précise le parquet. « Une coopération policière à l’échelle européenne a été mise en place ainsi qu’avec les autorités américaines (DEA) ».