19 Janvier 2021
L’Andromède, un chasseur de mines de la Marine nationale, a été équipée d’une hélice réalisée en « fabrication additive » ou impression 3D, une première mondiale pour un navire militaire. Elle a été installée sur le chasseur de mines pendant son arrêt technique à Brest ; des premiers tests ont été menés avec succès fin décembre.
Cette pièce en alliage de cuivre et d’aluminium est constituée de 5 pales de 200 kg chacune, pour une envergure de 2,5 mètres.
Cette hélice a été construite sur le site de production de Naval Group de Nantes-Indret, et vise à devenir le point de départ d'une nouvelle méthode de production afin d’ améliorer les performances des navires, les rendre plus furtifs et accélérer la maintenance.
Cette hélice imprimée en 3D est le fruit de trois ans de R & D avec l'Ecole centrale de Nantes, dans le cadre du LabCom Joint Laboratory of Maritime Technology.
Plus légère que les hélices traditionnelles, avec une réduction de masse de 50 % sur les pales, elle permet aussi une meilleure discrétion acoustique, avec un temps de fabrication divisé par 10. Une centaine d’heures a été nécessaire pour sortir cette nouvelle hélice de l’usine, contre un an pour une hélice classique, entre la commande et la livraison.
Comme les autres hélices, elle répond à toutes les conditions d’utilisation des navires (corrosion, résistance aux chocs, fatigue…) et a été certifiée par le bureau Véritas.
Cette nouvelle technique de construction devrait permettre de faciliter les opérations de maintenance, assure Naval Group, d’immobiliser un navire de guerre moins longtemps, et donc d’économiser les coûts.
« Le montage de cette hélice est une grande promesse pour l’avenir. Cette nouvelle technologie nous permettra de limiter considérablement les contraintes techniques et donc de proposer des solutions nouvelles pour la fabrication de composants de géométrie complexe inaccessible par des procédés conventionnels », explique Eric Balufin, le directeur du site Naval Group de Brest.
La fabrication additive est de plus en plus présente dans la construction navale : l’industriel Naval Group devrait investir 7 millions d’euros par an dans ce domaine, contre 3 à 4 millions d’euros auparavant.
L’objectif pour Naval Group est d’étendre l’impression 3D aux pièces détachées des navires, avec la possibilité d’équiper toutes sortes de navires, jusqu’aux derniers sous-marins d’attaque Barracuda ou le futur porte-avions de nouvelle génération (PANG), confirmé par Emmanuel Macron en décembre dernier.
Ce n'est pas la première fois qu'une hélice à propulsion est imprimée en 3D : en 2017, le port de Rotterdam, en collaboration avec Autodesk, a utilisé l'impression 3D pour mettre au point l’hélice WAAMpeller, pour un remorqueur Stan Tug 1606 du constructeur néerlandais Damen.