Dossier Spécial Chauffage bateau de plaisance - La plupart des habitables de plaisance ne sortent qu’en été. C’est dommage car l’avant et l’arrière saison, et même l’hiver, recèlent de belles journées propices aux sorties, si, lors des soirées, on parvient à conserver une température clémente à bord. Comment concevoir un système de chauffage efficace à bord ?

Nous ne nous intéresserons pas, dans cet article, aux solutions de chauffage nécessitant une alimentation électrique du quai ni ne passerons en revue celles nécessitant un générateur de forte puissance, solutions s’apparentant, à notre avis, à leurs homologues terrestres.
Tout comme nous ne prendrons pas en compte, pour des raisons de sécurité, les appareils de chauffage au propane. L’installation gaz représente un danger mortel à bord, et envisager de s’en servir pour chauffer implique disposer de grandes quantités de propane, multipliant le risque. Voir notre article “Le risque gaz à bord”.

Isolé ou pas isolé ?

La grande majorité des navires de plaisance sont démunis d’isolation de coque, de roof ou de pont (même si les panneaux sandwich mousse ou balsa qui composent certains ponts, bordés ou roofs possèdent une résistance thermique propre) ce qui ne les empêche nullement de bénéficier des avantages d’un chauffage.
Nul besoin de disposer d’un bateau conçu pour les pôles pour bénéficier d’un chauffage efficace à bord car les systèmes marins sont calculés pour des puissances au m³ ou au m² très supérieures à celles utilisées dans des maisons.

On chauffe une maison “mal isolée” ou une véranda avec 200 W/m².

Un voilier de 35’ présente une surface habitable d’environ 10m², avec une hauteur sous barrots inférieure à celle d’une maison et les “petits” systèmes de chauffage démarrent à 2 kW soient 2000W, soient encore 200 W/m² et montent jusqu’à 15 kW. Donc oui, on peut chauffer efficacement un bateau non isolé même si le confort intérieur sera meilleur avec un bateau isolé.

Les ponts thermiques et la condensation

L’air chaud emporte, en son sein, davantage de vapeur d’eau que l’air froid. C’est la loi de Mollier. Dans un bateau chauffé et, si possible ventilé, moins d’effet “plafond qui goutte” qu’à bord d’un autre non chauffé.
La condensation naît du refroidissement d’un air chaud au contact d’une paroi froide qui fait pont thermique. C’est ici qu’intervient l’isolation qui fait disparaître cet inconvénient. C’est un avantage et non des moindres !
Enfin, même sur une coque isolée, les cadres de hublots métalliques et la surface vitrée des hublots constituent toujours des ponts thermiques générateurs de condensation.

Le diable se cache dans les détails

L’installation d’un système de chauffage nécessite la prise en compte des risques liés à l’émission et l’évacuation des gaz de combustion, l'approvisionnement de l’appareil et sa protection thermique.

Approvisionnement en air frais
Tous les systèmes autonomes de chauffage marins fonctionnent à base de combustion d’un carburant. Pour qu’une combustion ait lieu dans de bonnes conditions, la présence d’un comburant en quantité adaptée est nécessaire. Dans le cas de nos appareils, le comburant c’est l’oxygène de l’air.
Or, une forte baisse de la teneur en oxygène de l’air joue directement sur le métabolisme humain avec des conséquences pouvant aller jusqu’à la perte de conscience.
Même si les navires de plaisance sont loin d'être étanches à l’air, des précautions s’imposent parmi lesquelles l’installation d’une prise d’air destinée à l’appareil de chauffage.
Cette dernière, effectuée directement sur l’air extérieur, vise à ne pas brûler l’oxygène de l’air des quartiers de l’équipage.

Evacuation des gaz brûlés

Suivant les types d’appareils, les gaz brûlés sont expulsés à une température assez faible (petits brûleurs diesel), inférieure à 100°C, tandis que les gaz brûlés évacués par un poêle à bois ou à charbon voient leur température s’élever à plus de 300°C.
L’évacuation complète des gaz brulés via un conduit adapté -sortie directe sur la coque- ou une cheminée étanche et offrant un tirage conséquent compte parmi les points clés d’un système de chauffage sûr et performant.
L’interface entre le conduit d’évacuation des gaz brûlés et la coque ou le roof doivent être tout particulièrement soignés au risque de s’exposer à l’incendie. Ceci à la manière de l’interface entre un conduit de cheminée et une charpente ou un plancher en bois sur une maison.

La protection thermique

La température arrière ou latérale de certains systèmes peut approcher la centaine de degrés Celsius et des dispositions de protection thermique doivent parfois être prises.
Écran pare-chaleur, distances d’éloignement des matériaux inflammables, gardes au feu, autant de sujets à prendre au sérieux dans un espace confiné.

Les contraintes inhérentes à un système de chauffage autonome sont à prendre au sérieux.
Si la mise en œuvre de ces systèmes paraît simple, leur sécurité et efficacité dépend de la qualité des détails d’installation auxquels sont rompus les installateurs !