1 Février 2021
D’un bleu rougeâtre irisé plus ou moins marqué voire violet, brillant, voire argenté dans certains cas, comme gonflé à l’hélium, quelle est donc cette étrange chose ?
Un physalies ? Une physalies ? Non, des physalies ou Physalia. Le terme désigne un assemblage d’organismes vivant en colonie et formant, ensemble un “super-organisme”. On les confond souvent avec les méduses par leur caractère gélatineux mais la ressemblance s’arrête là.
Assemblage gélatineux et brillant, la Physalie aurait aussi bien sa place dans un film de science-fiction qu’elle ne l’a sur nos plages…
Les organismes qui composent la colonie sont issus de la famille des Siphonophorae. Appartenant au règne du zooplancton, on appelle zoïdes les “individus” qui forment ce tout. Ce sont des centaines de ces zoïdes, de types spécialisés distincts (défense, reproduction, déplacement et nourriture), qui s’assemblent pour former un ensemble spécialisé dont les tentacules peuvent mesurer plus de 50 m !
Les zoïdes spécialisés ne connaissent ni hiérarchie ni privilèges et forment une société simple assez proche de l’idéal communiste, où chacun, incapable de survivre seul, est l’égal de l’autre, sans distinction, et apporte à la société des zoïdes autant qu’il en retire.
On les connaît sous le nom de Galère Portugaise ou vessie de Mer.
D’un aspect gélatineux, contenant 90 % d’eau, les physalies comportent d’une part un “corps”, le pneumatophore, gonflé, contenant, entre autres, du CO2 lui assurant flottaison, et plusieurs tentacules de 10 à 50 m de longueur.
Le pneumatophore joue le rôle du gilet de stabilisation des plongeurs et leur permet de plonger un court moment, pour éventuellement échapper à un prédateur.
Les tentacules ou filaments, très urticants, délivrent un poison destiné à garantir l’approvisionnement en nourriture à la colonie. Ils jouent le rôle de lignes de pêche à la traîne.
Dérivant au gré des courants, les Physalies atterrissent sur les côtes ouest de la France en automne. Le réchauffement climatique a-t-il une part de responsabilité ?
Produits par les nématocystes, un des 4 types de polypes zoïdes spécialisés, ce poison est capable de tuer net de petits poissons qui seront acheminés par un système de cils vers le tube digestif. Ce poison, qui reste actif une fois la physalie “morte” ou depuis un fraction de colonie “détachée” provoque une brûlure plus intense que celle de l’ortie et peut déclencher un choc allergique extrêmement dangereux en baignade ou natation.
Chaque colonie étant capable de donner naissance à une nouvelle autre, les physalies se groupent ainsi en bancs, souvent issus de la même colonie principale. Les bancs comptent plusieurs dizaines de milliers de supra-organismes et parfois même plusieurs millions.
Un petit groupe d’un petit millier de Physalies et ses milliers de tentacules forment autant de lignes capables d'annihiler la production d’un élevage de pisciculture en une ou deux nuits.
Les brûlures se présentent sous forme de brûlures, parfois ouvertes, semblables à celles que créaient les fouets, et ne sont ni causées par une coupure ou un impact mais par la réaction au contact des tentacules urticantes.
En cas de brûlures, le traitement consiste d’abord à se débarrasser des résidus de tentacules accrochés à la plaie. Pour ce faire, les secouristes du bord de mer suggèrent de recouvrir la plaie de mousse à raser, ou, on en a rarement à la plage ou en séance de surf, de sable sec. Puis, à l’aide d’un racloir composé d’une carte bancaire ou d’un carton fort, racler la plaie en remontant vers le haut du membre touché.
L’application d’une solution à base d’acide ascétique (vinaigre) semble atténuer les symptômes.
Quelques gastéropodes marins comme la Gentine ou le Glaucus se délectent de ses tentacules, tout comme certaines tortues marines ou certaines pieuvres.
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