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Monter au mât d'un voilier (1/4) - Préparation-Sécurité

Une drisse coincée, un réa défectueux, des rivets à refaire, une girouette coincée, autant de situations qui nécessitent un accès sécurisé à la tête de mât.
Comment préparer son ascension et quel matériel utiliser ?

Monter au mât d'un voilier (1/4) - Préparation-Sécurité

Se retrouver suspendu à une drisse, à une vingtaine de mètres du pont, pour réaliser pour la première fois, une opération ou une réparation, au port, ou pire encore, en marche, ressemble un peu à un cauchemar…

Pourtant, les marins montent aux mâts ou descendent le long des coques en chaise de calfat depuis qu’existe la marine à voile ! La fameuse chaise en question tire son nom du “calfat”, artisan spécialiste au chantier ou marin désigné à l’escale, qui descend calfater -forcer des fibres naturelles entre les bordés pour en assurer l’étanchéité- les coques en bois.
Mais monter au mât n’est pas sans risque et des précautions s’imposent.

Protection

Les mâts recèlent de rivets, d’échelons, de réas, d’emplantures de barres de flèches, qui forment autant d’objets contondants et potentiellement coupants. Le port d’un pantalon s’impose tout comme celui de gants adaptés. Les gants anti-coupures représentent un bon compromis à avoir à bord. Fins, ils autorisent une excellente préhension tout en offrant une protection de premier ordre. Ces gants sont utilisés en métallerie, charpente, ou menuiserie. Peu onéreux, résistants à la coupure et la perforation, solides, ils sont indispensables à bord.

On est habitué à porter des chaussures à bord, pas question de monter au mat pieds nus.
Enfin, pas un équipier de course à la voile ou de superyacht ne monte au mât sans casque. Autant préciser qu’il ne s’agit pas de coquetterie, mais un coup de roulis, même amarré, peut vous projeter à plusieurs mètres de votre position initiale et alors, gare au choc retour avec le mât, l’étai ou une barre de flèche…

Préparation

La préparation du bateau
Quelques paires d’échelons de mât judicieusement placés (2 paires au pied de mât et une paire à hauteur de travail en tête de mât) permettent de se hisser au dessus de la bôme puis, une fois l’ascension terminée, de se tenir sur la zone de travail la plus fréquente, pratique.

La mise en place d’une drisse de sécurité

Notez la drisse de sécurité et sa sangle courte

Que l’on se trouve au port, ou, plus acrobatique, en route, quelques opérations revêtent une importance considérable avant de monter. Si nous avons vu que la protection s’imposait, la mise en place d’une sécurité redondante s’impose.
On utilise en général une drisse de grand’voile ou de spi pour monter et, quel que soit le dispositif d’ascension choisi (nous les détaillerons dans notre série d’articles), l’utilisation d’une seconde drisse s’impose. Une casse peut se produire et si on peut tomber à l’eau sans toucher le pont, rien ne garantit qu’on y tombe conscient…
Pour cela, il est d’usage d’utiliser une drisse qui ne servira pas à monter en tête de mât, de la fixer au pont sur un taquet avec un nœud idoine, puis de la raidir sans excès. Ensuite, avec un bout assez court, la longe, de moins de 2m de longueur suivant les morphologies, qui sera fixée sur la drisse de secours, nous retiendra en cas de rupture de la drisse d’ascension.
On utilise un nœud bien connu des alpinistes ou des arboriculteurs, le nœud de Prusik qu’il est utile de connaître. Celui-ci offre un pouvoir de friction énorme, un frein simple et parfait. Il ne reste qu'à relier la longe au baudrier ou la chaise choisie pour l'ascension.

Le contrôle de la drisse de montée
Examiner la longueur de la drisse qui va vous hisser en fixant un bout à son extrémité montante. Hisser la drisse et l'examiner au pied du mat. Puis hâler sur le bout fixé à l'extrémité pour récupérer cette dernière en bas. La drisse ne doit présenter aucun accroc ou signe d’usure.

La préparation des outils et autres consommables utiles en haut
Selon que vous vous trouviez seul ou bénéficiez d’aide pour la manœuvre, deux façons de faire s’offrent à vous.

  • Vous avez de l’aide

Il est agréable et confortable d’assujettir un bout de faible section et d’une longueur égale à la hauteur du mât à votre baudrier. Une fois fixé, lovez le bout et rangez-le pour ne pas l’avoir dans les pattes à la montée.
Ce bout vous permettra de hisser les outils et consommables utiles un à un ou dans un seau, ou mieux, dans un sac, depuis votre position de travail.

  • Vous êtes seul

Dans ce cas, vous devez vous munir d’un contenant adapté, les poches à magnésie des grimpeurs sont parfaites pour cet usage, ou utiliser la méthode de la cordelette pour hisser vers vous un sac depuis le pont. Cette deuxième méthode peut s’avérer problématique et il peut se bloquer à un obstacle (NDLR Dans un échelon de mât repliable, par exemple, comme il est arrivé à l’auteur, l'obligeant à descendre…).

Dans tous les cas, assurez les outils et gardez à l’esprit qu’une pince à riveter qui tombe de 15m sur quelqu’un déclenche un grave accident, à coup sûr, et que la même pince fracassera probablement un panneau plexiglas.

Enfin, la place d’un couteau capable de venir à bout d’une drisse se trouve obligatoirement auprès du grimpeur et non pas avec un seau d’outils sur le pont. Il faut pouvoir se libérer quoi qu’il arrive. Ledit couteau sera obligeamment muni d'une garcette permettant de l’assujettir au poignet.

Une fois ces précautions d’usage prises, c’est le moment de monter.
Quelle méthode choisir ? La suite dans notre article suivant.

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