19 Mai 2021
Certains apprécient la voile pour la joie que procure un réglage et un virement en tête en régate, d’autres l’aiment pour le calme et la sensation de proximité avec la nature, les contemplatifs se livrent à leur activité face à la mer, les globe-trotters disposent de leur moyen de transport pour franchir les eaux territoriales tandis que les campeurs plantent leur pioche ou bon leur semble…
Erik Aanderaa, c’est autre chose qui l’anime. Une furieuse volonté de tester son bateau et de le maîtriser par toutes conditions, un violent besoin d’adrénaline et d’aventure, une farouche envie de vivre en somme…
Né à Haugesund, entre Bergen et Stavanger, Erik est 100 % autodidacte en voile.
Tombé dans la marmite grâce à la coupable attention de son père qui lui offrit, à 11 ans, un petit canot à voile, à 15 ans, c’est une chaloupe semi pontée de 4,50 m qui lui ouvrit l'accès du large.
A 18 ans, Erik acquiert son premier habitable, un 6,80 m Maxus 68, et effectue à son bord sa première navigation initiatique, un aller retour Haugesund-Danemark, en solitaire, de près de 300 NM aller-retour. Pas mal pour un jeune !
En 2001, il s’engage comme officier sur un Supply Ship de l’industrie pétrolière et parvient ainsi à acquérir Tessie, son Contessa 35 de 1976. Qui l’emmena en 2006-2007 jusqu’à Malaga ou le Viking eut le mal du pays, de ses mers froides et du climat rude et venté de sa Norvège natale !
De retour en Mer du Nord, c’est le début de son combat avec les limites de son bateau et celles de sa peur. Peur qui s’efface selon lui, par l’expérience et la capacité de rester focalisé, ancré dans l’instant, lorsque les choses se gâtent.
Il ne recherche ni la vitesse, ni la gloire, ni la victoire. Non, il veut passer du temps sur l’eau, à la voile, et maîtriser son voilier et sa zone de navigation, quelles que soient les conditions et, accessoirement, partager cette passion en image et vidéo avec le plus grand nombre sur sa chaine youtube, sur instagram et facebook.
Pour cela, il a équipé son bateau de caméras gopro, se déplace avec un drône et nous livre des films d’une qualité stupéfiante qui mixent des moments incroyables de navigation avec des paysages nordiques, déserts et minéraux, absolument magnifiques.
On est très loin du sempiternel blog de voile mal réalisé ou de celui, encore plus insupportable, réduisant la voile à des plages de sable blanc, des cocktails et des bikinis. Avec Erik Aanderaa, on ne plaisante pas ! Son logo “NBJS” signifie ainsi “No Bullshit, Just Sailing”, tout un programme…
En tout premier, il ne faut pas surestimer son niveau, son expérience ni son endurance.
A ce sujet, pour être en mesure de manœuvrer son bateau, il faut en avoir l’énergie. Conserver le skipper, hydraté, nourri, au sec et non refroidi figurent en tête de ses conseils. Si le mauvais temps s’annonce, il faut toujours envisager le repli.
Il le met en pratique et fait demi-tour sur plusieurs de ses films youtube (il a plus de 141.000 followers sur cette plateforme).
Concernant le bateau, il ne le freine jamais, le mythe des aussières à la traîne et autres drogues gear, en prend un coup. Rester rapide et manœuvrer.
Impossible de sortir longtemps, et tout particulièrement dans le mauvais temps, sans disposer d’un système fiable de pilotage automatique ou d’un régulateur d'allure.
Côté réglage, il aplatit sa grand-voile au maximum en souquant drisse, bordure, Cunningham et la pataras.
Au près, il roule son génois dès que le vent se rafraîchit au profit d’un petit foc sur bas étai.
Il conserve son grand génois de 50m2 aux allures portantes jusqu’à 30 nœuds de vent.
Erik travaille dans l’industrie pétrolière offshore norvégienne, par shifts de quinze jours, ce qui lui laisse un temps libre abondant pour naviguer.
ll prend le large une ou deux fois chaque année, le tour de la mer du nord (2400 NM) ou le Groenland via les Féroé (1000 NM), ou la grande Bretagne, Scilly incluses.
Curieusement, son expérience de mauvais temps la plus désagréable se déroula là-bas dans un coup de vent de 8 Beaufort. En panne de pilote automatique, il est resté plus de 48 h à la barre, sans dormir ni manger…
Son pire cauchemar ?
Perdre son bateau ! Une nuit, tout près de Haugesund, ou il réside, après des heures de près dans les embruns, il s’est refroidi, tout particulièrement aux mains. Descendu se réchauffer, le pilote automatique perdit alors sa consigne et le skipper, sonné par le froid ne s’en rendit pas compte avant que le bateau ne talonne dans des eaux familières...