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Yachting Gallery - Eric Tabarly, une icône française

S’il existait un panthéon réservé aux marins, nul doute qu’Eric Tabarly y occuperait une place de droit. Peu de marins laissèrent un tel héritage de performance, de compétence et d’humanité tout en faisant aussi considérablement évoluer leur sport.

Engagé volontaire dans la marine nationale, l’officier de marine Tabarly effectue son début de carrière dans l'aéronavale en Indochine.

Doté par la nature de qualité physiques de premier plan et considéré comme une “forte tête” par sa hiérarchie, c’est à ses talents de régatier qu’il doit son détachement à temps plein de la Marine nationale, quelques années à peine après sa sortie de l’Ecole Navale pour courir la transat anglaise de 1964.

C’est qu’au début des années 1960, les courses sont dominées par des hommes plus âgés, souvent vétérans de la seconde guerre mondiale et Tabarly représente une génération nouvelle ainsi qu’une conception iconoclaste de la course au large.

Tirant avantage de sa condition physique, il se rends compte, lors de sa préparation à l’OSTAR 1964, qu’il est capable de mener un voilier bien plus puissant que prévu et décide alors de faire construire un ketch de 13,60 m, Pen Duick II avec lequel il remportera cette course. Par comparaison, Jester, le folk-boat de Herbert Hassler faisait 7m et Gipsy Moth III, était considéré par son propriétaire Francis Chichester comme trop grand avec ses 12 m.

Ovationné par le public français lors d’une délirante descente des Champs-Elysées, Eric Tabarly est décoré de la Légion d’Honneur des mains mêmes du Général de Gaulle !

En 1967, il lance Pen Duick III, tout alu, une goélette très élancée de 17,45 m et remporte toutes les courses du RORC britannique parmi lesquelles la Fastet, la Channel Race et la redoutable Sydney Hobart.

A l’Ostar 1968, il engage Pen Duick IV, un trimaran en aluminium révolutionnaire mais sera contraint à l’abandon, mai 68 n’ayant pas facilité sa préparation.

Suivent Pen Duick V, premier voilier open à ballasts qui remporte la transpacifique de 1969 et, surtout, Pen Duick VI, ketch de 22 m, conçu pour un équipage de six hommes et qu’Eric Tabarly mena seul à la victoire de l’OSTAR 1976. Enfin, Paul Ricard, un trimaran à foils de 16,50 m pour 7 tonnes avec lequel il remporta le record de vitesse de la traversée transatlantique.

Ses courses en équipage attirèrent autour de lui la nouvelle génération de passionnés de course au large. Poupon, Peron, Kersauzon, Lamazou, Le Cam, Parlier, Desjoyeaux, Jourdain, Colas ou Pajot, parmi beaucoup d’autres, sont tous passés sur les Pen Duick.

Écrivain prolixe, auteur de quatorze ouvrages vendus à des centaines de milliers d’exemplaires, Tabarly est admis à l’Académie de Marine en 1990. Il se noie en mer d’Irlande, dans la nuit du 12 au 13 Juin 1998, projeté à l’eau par le pic de son cher Pen Duick I. Il laisse derrière lui son épouse Jacqueline et sa fille Marie.

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