8 Mars 2022
La GGR se distingue des courses au large par la volonté de recourir à une navigation "à l'ancienne", sans assistance électronique. Les skippers suivent leur route en calculant leur position par triangulation, avec un sextant et tous les outils modernes de navigation (pilote automatique, GPS) sont absents de leurs bateaux. Pas tout à fait absents, car une caisse plombée contient deux GPS et ils doivent aussi embarquer des téléphones satellitaires et un Epirb pour garder un contact avec la terre. Safety first !
Les bateaux, de série, doivent avoir été construits avant 1988, en polyester, et appartenir à ces modèles :
Westsail 32 – Tradewind 35 – Saga 34 – Saltram 36 – Vancouver 32 & 34 – OE 32 – Eric (sistership de Suhaili) – Aries 32 – Baba 35 – Biscay 36 – Bowman 36 – Cape Dory 36 – Nicholson 32 MKX-XI – Rustler 36 – Endurance 35 – Gaia 36 – Hans Christian 33T – Tashiba 36 – Cabo Rico 34 – Hinckley Pilot 35 – Lello 34 – Gale Force 34.
Ils partagent les caractéristiques suivantes :
Hanse Christian 33
Peut-être leur allure antique découle-t-elle d'un phénomène de mode ?
Leurs arrières sont nettement moins larges que sur les voiliers actuels et le maître-bau est avancé au milieu du bateau.
Certains bateaux comme le Saga 34, un plan Collin Archer, ou le Saltram 36 disposent même d'un arrière norvégien, semblable à l'avant. Bizarre.
Les cockpits sont profonds, et ressemblent, pour certains comme le Rustler 36 aux si sécurisants cockpits des voiliers Amel.
Ces quilles longues sont intégralement stratifiées à la coque et forment le réceptacle du lest, dans leur fond. Le safran est monté dans leur prolongement et profite de la protection de la quille. Les quilles sont solidement stratifiées à la coque, avec laquelle elles forment un ensemble monobloc, au moyen d'un composite résine fibre de verre d'une épaisseur qui peut atteindre les 30 mm. Ce type de composite, s'il ne comporte pas les raffinements techniques de fabrication actuelle et peut souffrir d'osmose, lorsqu'il est mal entretenu, présente une solidité structurelle très importante. Ces quilles sont réputées pour la stabilité qu'elles procurent aux bateaux qui en sont équipés, mais souffrent d'une mauvaise qualité de marche arrière au moteur.
Sur les bateaux modernes, on trouve des quilles courtes, à bulbes. Leur voile, en fonte, est boulonné sur les varangues. Plus longues, leur centre de gravité est abaissé, une considération utile en régate. En revanche, ces quilles sont fragiles et engendrent d'importantes réparations en cas de talonnage ou d'impact. Plus facile à mettre eu œuvre par les chantiers et offrant une meilleure maniabilité au port, au moteur, ces quilles à bulbe dominent le marché...
C'est paradoxal : des quilles à bulbes, qui sont pensées par la raideur sous toile, mises en œuvre sur des croiseurs familiaux principalement utilisés au moteur !
L'équipement électrique des voiliers de la Golden Globe Race doit être conforme à celui présent à bord de Suhaili en 1968, le bateau de Sir Robin.
GPS, traceurs de cartes, anémomètre électronique, pilotes automatiques électriques, livres de bord électroniques, smartphones, téléphones satellites, appareils photo numériques, ordinateurs, calculatrices de poche, montres électroniques, dessalinisateurs, tous les appareils électroniques sont interdits.
Sextant, montre mécanique, loch, pour la route, baromètre et radio BLU, pour la météo, régulateur d'allure, pour la navigation, bâches pour la récupération d'eau, et calculs logarithmiques avec des tables pour le calcul de la méridienne !
Un réchaud à kérosène et une lampe-tempête complètent les équipements de confort. Ainsi sobrement équipés, ces voiliers consomment très peu de courant, du coup, pas de soucis de rechargement des batteries... Quelques panneaux photovoltaïques et un hydrogénérateur couvrent la poignée d'ampères-heures consommés chaque jour par la radio BLU et le VHF.
A bord de nos modernes, ou les éclairages à led au ras des planchers et les climatiseurs, dessalinisateurs et autres congélateurs ont fait leur apparition la consommation d'énergie des services se joue en centaines d'ampères-heures quotidiens, impliquant le montage de groupes électrogènes sur les gros monocoques et la plupart des catamarans...
La pale aérienne du régulateur d'allure Hydrovane, derrière Jean-Luc Van Den Heede vainqueur GGR 2019
Peu de chose, en réalité. La plaisance s'est à se point développée que les "petits" voiliers des chantiers actuels auraient fait figure de yachts il y a encore trente années.
L'usage aussi a changé, les voiliers d'alors étaient conçus pour des navigations hauturières, ce dont sont toujours capables leurs descendants, mais dont leurs concepteurs optimisent les caractéristiques de confort de vie à bord, dès la planche à dessin.
Là où on pensait cockpits protégés et stabilité en route, on recherche désormais un accès facile à la mer, surfaces de bronzage et manœuvrabilité au moteur !
Les temps changent et apportent leur lot d'innovations souvent intéressantes, mais comment imaginer une liste de voiliers de série des années 2020 capables de concourir au Golden Globe race 2070 ?