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Météo et nautisme - Les cyclones tropicaux

Cyclone, typhon, ouragan, qu'ont de commun ces phénomènes météorologiques ?

Comment naissent de tels épisodes et qu'est-ce qui les compose ?

Embarquez pour l'œil du cyclone et pour nous accompagner, emportons quelques extraits d'un vieil ouvrage de Joseph Conrad.

L'auteur, capitaine au long cours dans la marine à voile de la fin du XIXe siècle a décrit de manière terrifiante une rencontre avec un cyclone dans "Typhon" ou le sale temps court ainsi de par le monde et la seule chose à faire est de l'affronter...

Météo et nautisme - Les cyclones tropicaux

Qu'est-ce qu'un cyclone ?

Un cyclone tropical désigne une dépression tropicale ayant dépassé le stade de la tempête tropicale, localisé entre les tropiques du capricorne et celui du cancer, dans lequel des masses d'air s'enroulent autour d'un centre de basse pression.

On l'appelle cyclone dans les eaux tropicales, mais aussi ouragan (hurricane en anglais) en Atlantique et dans l'est du pacifique nord ou typhon dans l'ouest du pacifique nord et la mer de Chine.

Les cyclones génèrent de fortes précipitations, et des vents dont les vitesses dépassent souvent les 100 nœuds, et même 180 nœuds comme lors du super-typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines en 2013.

Suivant leur localisation, ils lèvent une mer énorme à même de générer des vagues scélérates lorsque sa houle se combine à celle d'autres systèmes. Leurs effets sont qualifiés par l'échelle de Saffir-Simpson, qui fait l'objet d'un autre article.

Extrait de Typhon : 

Comment peut-on savoir de quoi est faite une tempête avant de l’avoir sur le dos ?

Météo et nautisme - Les cyclones tropicaux

Les conditions de formation

Une condition thermique 

Une couche d'eau de mer réchauffée, de 50 mètres de hauteur, portée à une température de 26°. Cette condition thermique favorise l'évaporation et la création des nuages dépressionnaires.

Une condition géopraphique

Pour entrer en rotation et initier le système de pompe que nous allons décrire plus bas, la dépression s'appuie sur la force de Coriolis, une force née du mouvement de roptation de la terre.

Celle-ci étant nulle à l'équateur, il faut au moins 5° de lattitude (550 km)nord ou sud pour initier les mouvements de rotation des masses d'air.

Les signes annonciateurs

L'observation satellite et radar des précipitations permet de détecter, n'importe où sur la planète, la formation de systèmes dépressionnaires cycloniques. Les services de météorologie nationaux sont capables d'émettre des alertes cycloniques dans des délais permettant aux populations de se mettre à l'abri.

Toutefois, pour l'observateur, plusieurs signes avant-coureurs sont décelables.

Plusieurs jours avant l'arrivée du cyclone, et quand le temps est encore beau, sa houle parvient à la côte. Il est alors fréquent d'observer une houle importante sans vent particulier...

A terre, les fourmis côtières s'agitent et déplacent leur nid, en prévision de l'arrivée de la tempête.

En mer, à l'approche du cyclone, les malheureux marins peuvent observer leur approche du mur de l'œil comme Conrad ici :

Extrait de Typhon :  

En se couchant, le soleil au diamètre rétréci n'avait plus qu'un restant d'éclat roussâtre et sans rayonnement, comme si des millions de siècles écoulés depuis le matin eussent épuisé sa réserve de vie. Un épais bandeau de nuages apparut du côté du nord ; sa teinte olivâtre était sinistre; cela gisait tout au ras de la mer; le navire en continuant de s'avancer allait sûrement buter contre. Le Nan-shan avançait pesamment comme une bête épuisée qu'on pousse à la mort.

 

L'œil du cyclone

Au centre, l'œil du cyclone est formé de masses d'air descendantes et connaît des pressions très basses, de l'ordre de 900 à 950 Hpa (pression atmosphérique normale 1013 Hpa).

L'œil, dont le diamètre dépasse fréquemment les 60 km est une zone ou le vent tombe, une zone de calme, parcourue par des vagues nées de l'activité du cyclone.

Extrait de Typhon : 

"La quiétude de l'air était déconcertante ; il la sentait tendue et fragile comme un cheveu qui retiendrait une épée suspendue au-dessus de sa tête."

 

 

Le mur de l'œil

L'œil du cyclone est circonscrit par le mur de l'œil, un mur de cumulo-nimbus orageux portés par des masses d'air en ascension rapide.

L'œil agit ainsi comme une pompe qui aspire l'air en surface et le refoule en altitude.

La rotation terrestre et la force de Coriolis qui en résulte fait le reste et imprime au système sa rotation.

Ce mouvement ascensionnel (ci-contre, une modélisation des courants ascensionnels) se retrouve dans le mur orageux qui donne naissance aux pluies diluviennes, fortes rafales de vent et parfois à des tornades qui s'en détachent.

Les plus violents de ces phénomènes se rencontrent dans le mur proprement dit, sur un diamètre de 150 à 300 km pour ensuite s'amenuiser en produisant des effets moins dévastateurs dans une zone de 600 à 800 km de diamètre.

Extrait de Typhon : 

Mais la mer, dans les ténèbres, semblait faire assaut de toutes parts pour le retenir et le perdre. Il y avait de la haine dans cette façon de le malmener, de la férocité dans les coups qui tombaient sur lui. Le navire était comme une créature vivante, livrée à la rage d'une populace : bousculé, frappé, soulevé, culbuté, écrasé.

En vol dans l'œil de l'ouragan Katrina ! Notez le mur de l'œil.

En vol dans l'œil de l'ouragan Katrina ! Notez le mur de l'œil.

Trajectoire des cyclones

La trajectoire des cyclones est principalement due à la force de Coriolis. Ils se déplacent à une vitesse comprise entre 20 et 40 km/h.

Dans l'hémisphère nord, ils se déplacent principalement nord-ouest et sud-ouest dans l'hémisphère sud pour s'infléchir à l'approche des côtes.

Les terres et relief peuvent conduire à des déplacements difficiles à prévoir comme lors du cyclone Mitch en 1998.

Déclin et fin du cyclone

Un cyclone s'affaiblit dès qu'une de ses sources d'alimentation en énergie disparaît ou s'atténue. C'est ainsi notamment le cas lorsqu'il atterrit.

Passant sur les Caraïbes se retrouve privé de « carburant » et sort de ces îles souvent très affaibli. S'il atterrit sur un continent, comme les États-Unis, il va se dissiper en vingt-quatre heures.

Certains phénomènes des plus puissants peuvent conserver une énergie suffisante pour « traverser » l'étendue terrestre et se développer à nouveau au contact d'un océan, si les conditions nécessaires à leur renforcement sont présentes.


Un cyclone s'affaiblit aussi quand il arrive sur des eaux de surface aux températures moins chaudes ou lorsque sa trajectoire se rapproche de l'Équateur et que diminue la force de Coriolis. Pour la joie des marins éreintés !

Extrait de Typhon :

Il avait cet air las et épuisé des navires qui s'en reviennent du bout du monde, et non sans cause, car dans son court voyage il avait été très loin, jusqu'à entrevoir même les côtes de l'Au-delà, de ce grand inconnu d'où jamais navire ne revint pour rendre à la poussière du continent les marins de son équipage.

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