29 Août 2022
Quatre-vingt-dix jours dans un bac à ordures, coincé dans des montagnes russes... Voilà le programme auquel s'attend Andrew Bedwell, un skipper professionnel britannique, pour la traversée qui va le mener de St-Johns, Terre-Neuve, Labrador, au Cap Lizard, 1900 NM plus à l'est.
Depuis toujours, la Grande-Bretagne produit des individus originaux et un passage devant un speaker corner à Hyde Park ou à Kensington Park, à Londres, est de nature à mettre fin aux doutes des plus septiques de nos lecteurs...
Mais il y a un monde entre se vêtir à la manière d'un Lord du XVIIe et appeler à la révolution et au retour au féodalisme et mettre sa vie et sa santé en jeu dans une traversée qui parait suicidaire...
Si chacun peut disposer librement de sa peau, tirons un coup de chapeau à Bedwell, 48 ans, qui voit probablement magnifiquement aboutir sa crise de la cinquantaine qui, surtout, ne manque pas de culot !
L'engin en question mesure 1 petit mètre de longueur. C'est un quillard en fibre de verre, à double safran, grée de deux voiles d'avant sur enrouleurs, dotées chacune d'une bôme tangon. L'embarcation est ainsi capable de marcher aux allures débridées, et tout particukièrement au vent arrière, à la manière des Ketch Amel équipés d'une trinquette, qui l'envoyaient, en plus du génois, en ciseaux, sur deux tangons. Ses bômes tangons lui permettent aussi, en n'envoyant qu'une de ces voiles, de faire route aux allures remontantes, comme en témoigne la phopto ci-dessous, porises lors des tests de cette OFNI.
L'objet est muni de deux flotteurs latéraux, étanches, partie d'une série de compartiments (12 en tout) étanches assurant une flottabilité en toutes(?) circonstances. Une bulle permet de voir à l'extérieur et d'assurer la veille et deux safrans commandent la machine.
À l'intérieur, deux batteries, un générateur manuel, un AIS, un petit traceur GPS, une VHF et un dessalinisateur, le matériel de sécurité et c'est absolument tout.
Sur le pont, les deux enrouleurs, le compas, monté fixe face au pilote et deux panneaux solaires derrière lui. Ah, la nourriture ? Des sachets contenant une pâte prête à l'emploi sont fixés à l'intérieur, sur la coque. Pour imaginer l'agrément de son périple, imaginez qu'il lui est impossible de se tenir couché à bord. Il se tiendra assi, la tête sans sa bulle, sanglé dans un harnais en cas de chavirage. Il lui appartiendra de se lever de temps en temps pour dérouiller ses jambes, l'occasion de se soulager, par tous les temps, par-dessus bord.