24 Mai 2025
Le Tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône a prononcé le redressement judiciaire du chantier naval Meta à la suite d’une cessation de paiements constatée en février 2025. La procédure, ouverte lors d’une audience le 3 avril, a permis de geler les dettes de l’entreprise, dont l’activité est actuellement très réduite. La majorité des salariés a été redéployée sur un second site à Villefranche-sur-Saône, loué à la CCI Lyon Métropole, tandis que l’activité sur le site historique de Tarare tourne au ralenti.
À la tête de Meta depuis 2020, Philippe Brabetz attribue les difficultés de son entreprise à une mauvaise évaluation du coût de construction d’un prototype de bateau destiné à l’INRAE. Vendu pour un million d’euros, le navire aurait en réalité coûté 1,3 million à produire. Cette erreur a contribué à déséquilibrer la trésorerie d’une société dont le chiffre d’affaires s’élevait à 1,7 million d’euros en 2024.
Un autre facteur aggravant concerne un marché public remporté pour deux bateaux-bus électriques destinés à un projet fluvial sur la Marne, initié par l’établissement public PEMB. En raison du contexte politique national et du report de certaines délibérations budgétaires, le contrat n’a pas été officiellement notifié. L’appel d’offres a même été relancé, alors que ce contrat de 5 millions d’euros représentait une opportunité de doubler les revenus de Meta.
Dans l’attente d’une issue favorable, plusieurs chantiers en cours ont été suspendus, y compris celui d’un bateau pour un client privé inquiet de la situation. Philippe Brabetz a récemment lancé un appel à investisseurs ou repreneurs, relayé sur les réseaux sociaux. Il affirme avoir reçu des marques d’intérêt, sans pour autant disposer d’engagement ferme à ce jour.
Une audience judiciaire est prévue le 5 juin pour examiner les éventuelles offres, avant une décision finale attendue le 2 juillet, après clôture des propositions. Le futur du chantier naval dépendra largement de ces échéances décisives.
Meta est un chantier mythique dans le monde des bateaux de grand voyage, popularisé par la construction du voilier Joshua de Bernard Moitessier, mais aussi par le chanteur Antoine, qui y fit construire la coque de son voilier, avant de venir l'aménager sur place, de son brevet sur l'aluminium Strongall, des plaques d'aluminium soudées se passant de varangues et de l'architecte naval Michel Joubert...