9 Mai 2016
En septembre 2013, quand les CMN de Cherbourg annoncent la signature d'un contrat de près de 200 millions d'euros avec le Mozambique pour la livraison de 24 bateaux de pêche et trois patrouilleurs hauturiers, on est loin d'imaginer le scandale que provoquera ce marché, 3 ans plus tard, qui aura participé à la suspension de l'aide internationale au pays, désormais pointé du doigt par la communauté internationale.
Car à la mi-avril, la communauté financière internationale a eu la mauvaise surprise de découvrir une dette internationale de près de 1.4 milliard de dollars, dissimulée au FMI par les autorités mozambicaines, contractée en toute opacité par des entreprises publiques, pour acquérir des embarcations militaires et du matériel de défense, au travers de 3 marchés, notamment confiés à la France.
En pleine récession économique, cette nouvelle a refroidi les bailleurs de fonds du pays, longtemps félicité par ses performances économiques, dopées par la découverte en 2010 d'importantes réserves gazières au large de ses côtes. En 2013, la croissance économique du Mozambique frôle les 7% et le pays se transforme, au gré des investissements internationaux dopés par les futures exportations gazières.
Las, le contrechoc pétrolier passe par là, et l'économie du pays s'effondre, quand éclate en 2013 le scandale Ematum, du nom de la Compagnie mozambicaine du Thon, compagnie inconnue au bataillon, qui passe pourtant commande de 24 bateaux de pêche aux chantiers français CMN, après avoir levé 850 millions de dollars sur le marché des euro-obligations, avec la garantie de l'Etat !!
Cette annonce fait grand bruit au Mozambique, où ce marché n'a pas fait l'objet d'un appel d'offres, comme le dénonce l'opposition. A force de creuser, il s'avère alors que ce marché principalement militaire, n'est que la partie émergée d'un iceberg de dettes, qui comprend également deux autres emprunts de 525 et 622 millions de dollars, tous relatifs à des commandes d'armement, et notamment de navires militaires !!
Une dette cachée de 2.2 milliards de dollars, contractée pour des dépenses militaires dans l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, voilà qui a de quoi irriter les bailleurs de fonds, qui se sentent trahis et viennent de couper les robinets de l'aide internationale au développement, de gros soupçons de corruption planant derrière ces différents contrats.
Un défaut de paiement relatif aux engagements financiers internationaux du Mozambique serait désormais à craindre, dans un contexte ou la rebellion militaire a repris les armes en 2013 pour contester la mainmise du parti au pouvoir, une première depuis la fin de la guerre civile signée en 1992.